Il faut construire les villes dans les déserts
4 mars 2006
Avec mon fidèle assistant, Christophe Tardy, nous avons séjourné aux Emirats Arabes Unis, à Dubaï. Voir deux semaines à Flouzeland. On en parlait ces jours derniers. Ni l'un ni l'autre nous n'avions envie de retourner là-bas. Dubaï c'est l'envers du monde. Les gens qui vivent là-bas tournent résolument le dos à l'avenir et le dos aux problèmes. Les émirs se disent "le pétrole ne durera pas éternellement. Alors il nous faut envisager des sources de revenus pour l'avenir". Et savez-vous avec quel mot ils ont répondu à cette question ?
Le Luxe
J'ai vu un reportage sur Dubaï. Des journalistes s'étaient faits passer pour des clients potentiels, vis à vis d'une agence chargée de vendre des produitrs de luxe. Elle n'avait pas de "suites" à moins de 1000 mètres carrés. Le vendeur faisait l'article :
- De l'eau pourra couler sous les ponts. Il y aura des catastrophes à envisager, des crash boursiers, n'importe quoi. Mais il est une chose qui survivra à toutes ces crises, c'est le luxe. Et savez-vous, mesdames et messieurs, ce qui constitue le luxe véritable ? C'est ce qui est inutile, ce qui ne sert à rien. Ici, dans les logements que nous vous proposons vous trouverez tout ce qu'on trouve dans des logements ordinaires, plus une foule de petites choses luxueusement inutiles. Regardez par exemple cette salle de bains. Vous avez un grand miroir devant les deux lavabos. Eh bien, avec une simple commande vocale vous pouvez faire apparaître derrière le miroir un écran de télévision. Comme ça, vous ne manquerez pas un seul but du match que vous êtes en train de suivre.
- Marvelous....
Nous avons vu tout cela de nos yeux, toute cette fantastique absurdité, cette bêtise vulgaire, étalée. J'emploierais même un mot plus cru, bien pire :
... cette inculture, cette vulgarité
Les gens qui impulsent ces projets sont cousus d'or.
Le Cheik Mohammed, qui règne sur les Emirats Arabes Unis ( il a son site internet personnel )
Dans l'ordre : le bédoin, l'homme d'affaire, le militaire et le sportif
Maître du lieu, l'homme a voulu "le plus grand yacht du monde". Celui-ci possède cinq ou six pistes d'atterrissage pour hélicoptères. Le résultat est que ce yacht est incapable de pénétrer dans la plupart des ports de plaisance. Il a voulu avoir "le plus grand avion privé du monde". Le sien est un ... 747, luxueusement aménagé. Mais l'appareil ne peut se poser que sur les grands aéroports internationaux. Quand il se déplace dans certains endoits il est obligé de relouer une second flotte d'appareils, plus petits. Etc.
Dubaï "se construit" de manière frénétique. Des dizaines de milliers de travailleurs immigrés Indiens, asiatiques, Chinois, traités comme des esclaves construisent des immeubles absurbes qui poussent comme des champignons, sur le front de mer. Chaque semaine un Indien, exploité par ses propres frères ( les émirati sous-traitent l'esclavage ) met fin à ses jours parce que son rêve s'est écroulé. Il n'a même pas les moyens de revenir au pays et s'il le faisait cela serait pour retrouver une famille qui s'est endettée, ou a vendu tous ses biens pour l'envoyer vers cet "eldorado".
Nous somme ici en Absurdistan.
Quand le pétrole manquera, que des tensions se manifesteront dans le monde entier une population de milliardaires, pensent les émirati, pourra profiter de ces refuges dorées. Il y aura toujours du pétrole pour faire fonctionner les ascenseurs, l'air conditionné, désaliniser l'eau de mer et faire rouler les limousines.
On construit des îles artificielles, sur ces fonds sableux dénués du moindre intérêt, sans visibilité. C'est sans importance. A Dubaï on dépense d'abord, on réfléchit ensuite. Des ingénieurs en émotions planchent pour imaginer des fonds sous-marins artificiels qui seront peut être un jour peuplés de poissons télécommandés et visités dans des sous-marins confortables.
Essai de sous-marin de tourisme à Dubaï
Notre monde journalistique corrompu, sans âme couvre des évènements choquants : l'inauguration de la piste de ski de 450 mètres de long installée à Dubaï, sur laquelle les fils de cheiks descendent, en chasse-neige. Certains se font faire des skis sertis de diamants. Pourquoi s'en priver quand on en a les moyens ? On trouvera toujours un imbécile de journaliste pour en parler.
La piste de ski de Dubaï. 62 mètres de dénivelé.
Autour de chaque "palm" le Cheik Mohammed fera jeter chaque jour un lingot d'un kilo d'or. Trois cent soixante cinq kilos d'or jetés à la mer pour inciter les plongeurs milliardaires à explorer les alentours de leur marina. "Bambi", alias Michael Jackson envisage d'acheter une des îles pour pouvoir enfin y abriter ses désordres en tous genres, protégé par des vedettes de la police maritime, conduites par des policiers armés jusqu'aux dents qui patrouilleront jours et nuit.
Michaël Jackson se cherche à Dubaï un "sanctuaire" pour sa vie privée
Pourtant l'or est ailleurs. Il est dans tout ce qui s'offre pour que nous sauvions ce monde en perdition et qui nous crève les yeux. Il dans dans les vents, dans les différences de températures qui règnent dans les océans, dans les lacs. Il dégrigole aussi du ciel et c'est là que cet or-énergie accepte de travailler pour les hommes le plus simplement du monde.
L'insolation crée l'ascendance d'immenses masses d'air. Un ingénieur a eu l'idée toute simple de capter cette énergie. Un immense disque transparent s'étend sur le sol d'un désert, créant une vaste serre plate où la température monte à soixante dix degrés. Au centre du dispositif, une tour de mille mètre de hauteur. A sa partie supérieure : 20°. L'ai monte, mettant en mouvement des turbines. Puissance de telles installations, que les Australiens ont prévu d'installer dans leurs déserts : 200 mégawatts électriques, la puissance d'une centraine nucléaire, moins la pollution, moins les emmerdements, le vieillissement, le retraitement, etc.
L'astuce, c'était l'échelle. Il fallait une tour de cette hauteur. Mais alors, la belle affaire ! Techniquement cela ne pose par l'ombre d'une difficulté. Nous avons déjà des gratte-ciel dont la hauteur dépasse les quatre cent mètres. Les Emirati veulent à leur tour construire un immeuble de ... 700 mètres. Pourquoi faire, pour voir quoi ? Sans importance, la vanité ne se discute pas.
Nous avions pensé, avec Christophe, peupler les déserts de miroirs de Fresnel cylindriques, alimentant des moteurs Stirling. Mais la tour solaire, c'est encore plus simple. Trente deux génératices exploitant des vents soufflant à seulement quinze mètres par seconde.
Visitez ces futures tours solaires en regardant cette animation.
http://www.enviromission.com.au/project/video/video.htm
Plus simple, tu meurs.
Il y a aussi une chose qu'on trouve dans ces dossiers et qui m'avait échappé. Sous ce grand disque collecteur de chaleur, fonctionnant comme une serre, avec un sol noir, absorbant, on peut loger quelque chose qui fonctionne en puits de chaleur, de setait-ce qu'un réservoir d'eau. Alors, sur ces mégawatts d'énergie que déverse le soleil, la moitié peut être employée immédiatement et l'autre stockée, pour le fonctionnement nocturne. La nuit, le puits de chaleur la restitue et de plus la température en haut de la tour baisse, ce qui fait que le rendement de celle-ci s'en trouve accru. En aérologie on appelle cela "la restitution", que les vélivoles connaissent bien.
Alors la tour solaire semble être le système génial pour exploiter l'énergie solaire, puisque le problème du fonctionnement nocturne, ou même du stockage de l'énergie se trouve résolu. Le puits de chaleur permet de moduler la production électrique, de même que la mise en ligne de tout ou partie des génératrices électriques.
Sur le plan de la communication je rêverais d'une sculpture solaire. Imaginez un rond-point, quelque part. Dans la journée la tour ferme ses portes, ou sa porte, à la partie supérieure. Le serre fonctionne et toute l'énergie sert à chauffer une masse d'eau, qui stocke l'énergie. Puis, la nuit, la tour est mise en fonctionnement, la turbine débite de l'électricité qui alimenterait un simple lampadaire. Mais quel symbole ! Une lumière ... gratuite. La lumière du soleil simplement mise en bouteille.
Au delà : des gadgets de petits taille, avec une turbine alimentant une dynamo servant simplement à faire marche une ampoule de lampe de poche.
J'ai appris que la fameuse tour de Dubaï, hyper-lxueuse, Burg-Dubaï était déjà en construction et atteignait 150 mètres. Elle est prévue pour atteindre 880 mètres.
La tour Burg Dubaï, en construction. 880 mètres
Mais c'est un monument dédié au luxe. Avec une infime partie de cet argent les émirati pourraient construire cette tour solaire de 1000 mètres de haut. Mais c'est le cadet de leurs soucis.
A l'inverse, dans une fameuse tour déjà construite en bord de mer où n'existe que des suites hyper-luxueuse, les gens très riche et les émirati parviennent directement aux étages supérieurs par ... hélicoptère, ce qui leur évite de cotoyer "des gens du commun" en franchissant la porte d'entrée.
Je crois que ce monde est devenu complètement fou.....
Signalé par Damien Pougheon un article en anglais dans http://www.visionengineer.com/env/solar_flue.shtml
Là, on est dans le concret. Une telle installation a fonctionné en Espagne, à Manzanares. Hauteur de la tour : 195 mètres.
L'installation de Manzanares, Espagne
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