TCHERNOBYL 2013

14 février 2013

 

http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/02/13/le-sarcophage-de-tchernobyl-se-serait-en-partie-effondre_1831717_3244.html

Un bâtiment d'appui du sarcophage de Tchernobyl s'est en partie effondré


Le Monde.fr| 13.02.2013 à 10h26•
Mis à jour le 13.02.2013 à 11h48

Par Pierre Le Hir et Cédric Pietralunga

 

Le chantier du sarcophage de Tchernobyl, le 17 septembre 2007. | AFP/GENIA SAVILOV
Une destruction partielle des murs et du toit de l'enceinte de confinement du réacteur4 de Tchernobyl (Ukraine) est survenue mardi 12 février, selon le service de presse de la centrale, cité, mercredi matin, par le journal La Pravda et l'agence de presse Ria Novosti.

Les dégâts, touchant une surface de 600 m2 et provoqués par l'accumulation de neige, ont affecté un bâtiment annexe du réacteur.

Selon le service de presse de la centrale, "les constructions en question ne constituent pas une partie substantielle de l'enceinte de confinement" et "aucun changement de la situation radiologique n'est détecté". L'effondrement n'aurait pas fait de victime.

Contacté par Le Monde, le groupe Bouygues, l'un des actionnaires de Novarka, le consortium européen chargé de construire une nouvelle enceinte de confinement autour du réacteur, reconnaît qu'un "incident" a eu lieu sur le site mardi.

"A peu près dix mètres de toiture d'un bâtiment abritant des turbines de l'ancien réacteur numéro 4 se sont effondrés, apparemment à cause du poids de la neige, explique une porte-parole du constructeur. Mais il s'agit d'un bâtiment conventionnel, qui ne dégage pas de rayonnement en soi." (disent-ils toujours)

 

LES SALARIÉS ÉVACUÉS

Le chantier de la nouvelle arche, situé à seulement 150 mètres de ce bâtiment, a néanmoins été immédiatement arrêté et les salariés présents ont été évacués, une dissémination dans l'atmosphère des poussières radioactives présentes sur ces structures étant toujours possible. "Des mesures de la radioactivité sont en cours et sont pour l'instant rassurantes", assure-t-on chez Bouygues.

Le chantier ne devrait toutefois pas reprendre tout de suite. "Nous attendons que les autorités ukrainiennes nous garantissent que le reste de cette toiture ne risque pas de s'effondrer à son tour", explique le constructeur, qui précise que des ouvriers sont actuellement en train de déblayer la neige présente sur les structures les plus fragiles.

Le bâtiment touché est une annexe sur laquelle s'appuie en partie le sarcophage en béton construit dans les six mois qui ont suivi l'accident de 1986, dans des conditions très difficiles, pour confiner les matières radioactives du réacteur sinistré. Cette enceinte s'est rapidement dégradée.

Dans un rapport de 2011 sur "Tchernobyl, 25 ans après", l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) notait qu'"un écroulement du sarcophage aboutirait à la mise en suspension de poussières radioactives qui pourraient, à nouveau, contaminer le voisinage du site".

A l'intérieur du sarcophage, le cœur fondu est encore radioactif pour des milliers d'années. (Pour ne pas dire des millions)

 

L'ACCIDENT DE 1986

Le 26 avril 1986, à 1 h 24, le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl, en service depuis 1983, explose accidentellement lors de la réalisation d'un essai technique, provoquant la plus grande catastrophe de l'histoire du nucléaire. La déflagration soulève la dalle supérieure du réacteur, d'un poids de 2000 tonnes, laissant la partie supérieure du réacteur à l'air libre. Plusieurs foyers s'allument dans l'installation, qui ne seront éteints définitivement que le 9 mai.

 

L'énergie libérée par l'explosion provoque une projection brutale des produits radioactifs contenus dans le cœur du réacteur, jusqu'à plus de 1 200 mètres de hauteur. Les rejets atmosphériques se poursuivront jusqu'au 5 mai. Au total, ce sont près de 12 milliards de milliards de becquerels qui, en dix jours, sont relâchés dans l'environnement, soit 30 000 fois l'ensemble des rejets radioactifs atmosphériques émis en une année par les installations nucléaires alors en exploitation dans le monde. Une zone de plus de 100 000 km2 sera durablement contaminée.

Près de 600 000 "liquidateurs", civils et militaires, sont intervenus sur le site jusqu'à l'automne 1987 pour éteindre le "feu" nucléaire, sur lequel ont été déversées 5 000 tonnes de matériaux (sable, bore, argile, plomb...). Les années suivantes, ils ont encore été environ 400 000.

Nombre d'entre eux sont morts de maladies liées à la radioactivité et le Centre international de recherche sur le cancer a évalué à 16 000 le nombre de décès par cancer attribuables à l'accident de Tchernobyl. (Le centre international de recherche sur le cancer est probablement un vendu à l’AIEA, tout comme l’OMS : d’après des chercheurs russes et ukrainiens Alexey Yablokov, Vassily Nesterenko, and Alexey Nesterenko, les morts sont d’au moins 1.5 millions)

La centrale nucléaire de Tchernobyl après l'explosion, en avril 1986. | AP/STR

En 1997, un programme a été lancé pour construire une nouvelle enceinte de confinement recouvrant l'ancien sarcophage, avec un financement conjoint de l'Ukraine et d'un fonds international administré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Son coût : 1,5 milliard d'euros.

La construction de la nouvelle arche de béton et de métal, de 250 mètres de portée et de 108 mètres de hauteur, pour un poids de 18 000 tonnes, a commencé au printemps 2012.

Elle est menée par le consortium Novarka réunissant Vinci et Bouygues. Son achèvement est prévu à l'automne 2015.

La nouvelle superstructure est destinée à protéger le réacteur contre les intempéries (on voit…) et à éviter tout rejet radioactif (on voit aussi…) dans l'environnement, mais aussi à permettre, à terme (indéfini…), le démantèlement du premier sarcophage.

Pierre Le Hir et Cédric Pietralunga