Ce que je crois

1° décembre 2007

J'ai écrit il y a déjà pas mal d'années que la science, comme toute forme de pensée était

un système organisé de croyances

C'est tellement vrai que ça en devient parfois comique. Prenez la cosmologie qui se se voulait être la reine des science. Pensez-donc. Son but : comprendre l'univers, son présent, son passé, son devenir. Eclaircir même les nuées qui recouvrent, qui sait, sa création ? Je me suis beaucoup intéressé à ce domaine, assez pour percevoir assez rapidement les limites de notre savoir. J'ai appris à manipuler les équations tensorielles qui sont censées être des concentrés de science à l'état pur. J'ai entendu pendant trente années l'inventeur de la poussière d'étoiles, marchand de sable moderne, nous dire qu'on en était à déterminer lequel des trois modèles de Friedman était le bon. L'expansion était-elle indéfinie ? Allait-elle devenir linéaire ? . A moins que l'univers, las de s'étirer, ne se décide à se replier de nouveau sur lui-même. Modèle " elliptique " de Friedman. Tout ceci dépendait de la valeur de la densité moyenne dans l'univers. Vous vous souvenez ?

Non, personne ne ne souvient. La science n'a pas de mémoire

Elle avance, tête baissée. Arthur Koestler avait été le premier à percevoir le caractère erratique de sa démarche, dans son célèbre ouvrage : les somnambules. Eh oui, la science, c'est du somnambulisme. Mais le somnambule-scientifique repète " nous progressons, nous progressons ". Jusqu'à ce qu'il mette son pied dans un sceau empli de colle ou qu'il réalise dans, dans l'obscurité où il progresse il a atterri au fond d'un placard à balais.

Revenons à cette expansion de l'univers. La " densité critique ", personne n'en parle plus. C'était :

10-29 grammes par centimètre cube

Ca traîne dans tous les (vieux) bouquins.

 

geometricon_page63

La dernière page du Geometricon ( 1979 )

 

Si la densité moyenne était plus élevée l'univers était du type " oscillant ". Moins : il était en expansion indéfinie. Quand la valeur était proche de la lumite, on pensait que l'expansion était parabolique. Vous savez bien. Une parabole c'est une ellipse qui n'arrive plus à trouver comment se refermer. Les scientifiques avaient enterré la constante cosmologique, avec fleurs et couronnes. A l'époque on entendait ( prendre l'accent canadien français ) :

- Un large consensus....

Vous connaissez la suite. Un jour des gens effectuent des mesures sur les supernovae distantes, à grands redshift. Et là, horreur, on a constaté que l'expansion s'accélèrait au lieu de se ralentir ! Adieu, veaux, vaches, cosmos, couvée. Voilà nos scientifiques à la recherche d'une nouvelle croyance, d'un nouvel "élément". Est-ce que ça a beaucoup changé par rapport à l'époque " des quatre éléments ? ". Pas vraiment. Vous savez peut être qu'au Moyen-Âge on reliait ces éléments, eau, air ,terre, feu à des ... polyèdres, les polyèdres réguliers de Platon. Voyons. Il y a le tétraèdre, le cube, l'octaèdre. Ca fait trois. Je ne me souviens plus quel était le quatrième, à l'époque. Supposons que ça soit le dodécaèdre ( sinon ça sera l'inverse ). Quatre polyèdres, quatre éléments, pile-poil. Et soudain on en découvre un cinquième :

L'icosaèdre

S'il y avait un cinquième élément, c'est qu'il y avait une cinquième " essence ", outre la terre, l'eau, le feu et l'air. On décida, avant de l'avoir identifiée, d'appelle cette cinquième essence :

La quinte-essence

Est-ce que l'énergie noire n'a pas un certain relent de quintessence ? Après, ça sera quoi ?

La poudre de perlimpinpin ?

Revenons à notre chère cosmologie. Je me souviens d'un collègue de l'observatoire de Marseille. Je n'ai pas envie de le nommer, mais mes autres collègues l'identifieront tout de suite si je dis qu'il a un talent quaisi-professionnel d'imitateur. Un soir je le crois dans la grande bibliothèque de l'observatoire. L'ombre envahissait lentement les travées. Entre chien et loup il me dit soudain :

- Un jour, tu sais, j'ai pris des données correspondant aux vitesses de récession des galaxies et je me suis mis à les classer, selon la ligne de visée. Et j'ai trouvé... des constantes de Hubble différentes.
- Ca veut dire que l'univers n'était pas isotrope ?
- Attention, je n'ai jamais dit ça ! Ne va pas dire aux collègues que je t'ai dit ça en sortant de la bibli !
- Non, non, je te promets, je ne dirai rien, tout cela restera entre nous.
- Bon. Après avoir fait ces classements j'ai mis en évidence des oscillations dans les vitesses de récession
- Ca veut dire que l'univers se détendait comme un accordéon ?
- Comme des wagons de chemin de fer dans une gare de triage. Il y avait des à-coups.
- Et alors ?
- Alors .... j'ai pris tout cela et je l'ai brûlé au plus vite.
- Pourquoi ?
- Parce que l'univers est isotrope et homogène !
- Ca n'est qu'une hypothèse, non ? ......
- Mais oui, c'est l'hypothèse fondamentale de la cosmologie.
- Sinon ?
- Sinon .... ça n'est pas mon problème, mon vieux. Moi j'ai une carrière à faire

Il quitta la bibliothèque en filant comme un voleur.

Il y a quelques mois Marc Lachièze-Rey, porte-parole de la cosmologie française, paraissait à la télévision, sur la deuxième chaîne. Il avait un cliché à la main.

Vous savez à quoi ressemble un univers homogène et isotrope ? Je vais vous le montrer.

 

cmb_sans_contraste

L'univers

 

Pourquoi ce machin elliptique ? Pour une question de cartographie. Vous avez déjà vu cent fois la sphère terrestre présentée de cette façon. Là, c'est la sphère céleste. Bien sûr, on a enlevé tout ce qui était proche : les étoiles, les galaxies, etc. Comment ? En se fondant sur les valeurs des redshifts. On a gardé tout ce qui avait un redshift important, tout ce qui était très très loin, donc très très vieux. Puisque plus c'est loin, plus c'est vieux. Cette ellipse verte c'est le " CMB " le cosmic microwave background ". Effectivement très homogène, à 10-5 près, à un cent millième près. Donc, en gros, l'hypothèse se vérifiait. Mais pour y voir un peu quelque chose les astronomes ont forcé sur le contraste et ça a donné cette image, que vous avez tous vu au moins une fois, révélée par le satellite Cobe :

 

cmb

Le fond du ciel, en forçant un peu sur le contraste. Ca devient gentiment grumeleux

 

Les scientifiques sont éternellement mécontents de ce que leur apportent les observations, parce que souvent, celles-ci ne veulent pas cadrer avec leurs théories, quand ils en ont. On en était donc à couper les quarts de cheveux en huit pour essayer de faire cadrer un modèle avec cette image, quand de nouvelles observations ont déboulé. Et là, ça a été le trou complet, au sens propre et au sens figuré.

Vous savez, au théâtre il arrive que l'acteur ait un trou de mémoire. Il s'approche discrètement de la loge du souffleur.

Il y a aussi des trous de science. Mais alors il n'y a pas de souffleur. Dans ces cas-là on fait appel à Lachièze-Rey, qui est un peu le Poivre d'Arvor de l'astronomie. Ce soir-là, un soir de l'été 2007 il montrait une nouvelle image qui était en quelque sorte " l'arrière plan de l'arrière-plan " , ce qui se profilait "derrière ce qui était déjà très loin". On que voyait-on ?

 

trou_lachieze-Rey

Le Grand Trou. A gauche vous reconnaissez le crayon de Lachièze-Rey

 

Un trou d'un milliard d'années-jumière de diamètre, dans un coin de l'univers, ça fait désordre, non ?Non, il ne s'agit pas d'une mauvaise blague. L'équipe d'astronomes qui se sont enfin décidés à publier ce résultat a effectué maintes et maintes vérifications, maints recoupement. Oui, l'univers a bien un trou. Conséquence immédiate : il n'est évidemment pas homogène, mais il n'est pas non plus isotrope. En un mot comme un seul l'univers se paye notre tête, au point qu'Hubert Reeves, qui est un homme prudent, a préféré se recycler en écolo-climatologie. C'est est au point qu'on est en droit de se demander :

la prochaine fois, ça va être quoi ?

Je faisais juste une digression. La science, c'est bon quand on vulgarise, quand on fait de l'histoire des science. On peut alors produire des tas de choses fort divertissantes. Mais quand on s'avise de vouloir expliquer le monde, ses tenants, ses aboutissants, on prend vraiment un très très gros risque. Pourtant, ce monde, nous sommes dedans. Depuis quelque temps il prend des allures de train express, de voiture-dans-une descente-avec-les-freins-qui-ont-lâché. Pour rêver d'une retour à l'équilibre il faut être animé d'une sacré dose d'optimisme.

Alors, vous savez ce que j'ai envie de faire, tout d'une coup ? De prendre " le point de vue de Sirius". Je crois que c'est Voltaire qui avait un jour introduit ce thème. Il imaginait que les convulsion terrestres étaient observées à distance " par un habitant de Sirius ".

Prenons du recul, beaucoup de recul. regardons la planète Terre avec une longue-vue. Que voyons-nous ?

Des traces de vie. Cette planète abrite la vie. Fantastique constat ! Mais mon habitant de Sirius ne se contente pas de pouvoir observer ce grouillement vital à toutes les échelles, depuis le grouillement des New-Yorkais dans la Cinquième Avenue, un jour de soldes, jusqu'au grouillement des bactéries dans une gouttes d'eau, en passant par les migrations des troupeaux de gnous dans les graindes plaines de Tanzanie. Il possède un magnétoscope qui a enregistré tout ce qui pouvait être observé depuis que la Terre commençait à peine à se refroidir. Et là, second constat, brutal :

La vie se complexifie.....

Eh oui, le Monde du Vivant, avec un M majuscule et un V majuscule obéit au principe jadis énoncé par les Shaddock :

Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ?

Indéniable, phénoménologique. C'est le constat à l'état pur.

Les êtres vivants communiquent entre eux, d'une foule de manière. Nous avons des avions de transport dans lesquels s'enfournent des êtres humains, pour aller vaquer aux quatre coins de la planète. Mais dans les champs, des graines attendent patiemment d'être mangées par des oiseaux migrateurs, pour être transportées à des milliers de kilomètres de là. Digérées en cours de route ? Non, c'est étudié pour. Ces graines là, ces oiseaux-là les avalent, mais de les digèrent pas. Ils leur servent de moyens de transport. Quand ils arrivent sur un autre continent, au lieu de crier " terminus, tout le monde descend !" ils baissent plus prosaïquement culotte. Et si le terrain s'y prête, les graines germent, deviennent des plantes. Et ça va très vite. Quand l'île de Surtsey avait fait surface, en tant que partie sommitale d'un volcan, au voisinage de l'Islande, quelques mois après elle se recouvrait de verdure.

Les mouettes.....

Cette histoire se joue, se répète, à tous les âges. Les insectes apparaissent ... en même temps que les plantes à fleurs. Des fleurs qui sont là pour offrir la semence de la plante, le pollen. Vous avez tous vu des images féériques, où un insecte pénètre dans une orchidée. Celle-ci possède un appeau pour insecte, pour ces insectes là. Les marques colorées figurant sur une feuille font figure de piste d'atterrrissage. Si ça ne suffit pas, la plante émet des phénomones, des molécules odoriférantes, auxquelles l'insecte ne peu pas résister. Et quand l'insecte pénètre dans ce rastaurant, crac, la fleur lui colle sol le dos un paquet à transporter, avec un adhésif.

Tout cela, vous le connaissez, vous l'avez lui, vu et revu.

Pourquoi ?

Ah, je ne m'aventure pas, du moins pas encore, sur ce terrain là. Restons phénomènologiques. Est-ce que je m'avance, est-ce que je prends un risque en disant qu'un des aspects majeurs du monde du vivant est

De s'efforcer d'étendre son champ relationnel en se complexifiant

C'est un simple constat. Aujourd'hui, le maître mot est la mondialisation. Je parlerais plutôt de planétarisation. Le tissu relationnel planétaire est en voie d'achèvement. Bientôt nous mangerons tous les même choses, nous regarderons les mêmes émissions et nous aurons les mêmes maladies. Mais nous, c'est quoi ? Nous, les hommes, les qui-se-croient-assis-en-haut-de-la-pyramide-évolutive.

Vous ne sentez pas qu'on se "planétarise" ? Regardez, aujourd'hui, avec mon téléphone portable, je peux appeler ma copine Michèle, qui vit en Nouvelle Calédonie. Et si je l'appelle et que je lui parle, elle aura la tête en bas, oOu l'inverse. Ca dépend quel point de vue on adopte. Il y a dix ans j'avais un simple fax et je communiquais avec un traducteur Japonais. Lui, il était à quatre vingt dix degrés. Je me disais " comment fait-il pour ne pas glisser ?". Mais Michel, elle a la tête en bas ! J'ose à peine y penser.

Qui parmi ceux qui me lisent, a réellement conscience que la Terre est ronde ?

C'est une idée encore abstraite, qui commence à peine à s'immiscer dans nos encéphales d'ex-préhominiens. Même Hubert Reeves doit avoir du mal. Or c'est une idée que nous devons commencer à faire entrer dans nos misérables boites crâniennes. La Terre est ronde, c'est une sphère, de superficie lilitée. Et, vous voulez que je vous dise ?

La Terre, maintenant, on en a fait le tour

Revenons à ce coup d'oeil sur l'évolution. Reprenons position à côté de notre habitant de " Sirius ". Vous avez probablement lu des tas de livres traitant de la façon dont la Vie ( avec un V majuscule ) aurait pu apparaître sur Terre. Comme les choses se sont enchaînées. Et vous savez aussi bien que moi que tout ceci reste un mystère complet. Sakharov écrit, à la fin de son discours de réception de prix Nobel de la paix, lu par à Stokholm par son épouse Helena Bonaire en 1975.

 

 

Il y a des milliers d'années, les tribus humaines souffraient de grandes privations dans leur lutte pour l'existence.

  Il était alors important, non seulement de manier une matraque, mais de posséder la capacité de penser intelligement, de tenir compte du savoir et de l'expérience engrangés par la tribu et de développer des liens qui établiraient les bases d'une coopération avec d'autres tribus.

  Aujourd'hui la race humaine doit affronter une épreuve analogue. Plusieurs civilisations pourraient exister dans l'espace infini, parmi lesquelles des sociétés qui pourraient être plus sages et plus 'performantes' que la nôtre.

  Je soutiens l'hypothése cosmologique selon laquelle le développement de l'univers se répéte un nombre infini de fois sur les pages 'suivantes' ou 'précédentes' du livre de l'univers.'

  Néanmoins nous ne devons pas minimiser nos efforts sacrés en ce monde, où comme de faibles lueurs dans l'obscurité, nous avons surgi pour un instant du néant de l'inconscience obscure à l'existence matérielle. Nous devons respecter les exigences de la raison et créer une vie qui soit digne de nous-mêmes et des buts que nous percevons à peine.

                                                                                                               Andréi Sakharov

 

 

Sakharov présente cette idée comme une hypothèse cosmologique. Personnellement, je considère cela comme une certitude. Cela fait partie de mes croyances. On découvre sans cesse de nouvelles exoplanètes. Il faut vraiment être le dernier des attardés pour penser que la vie n'est apparue que sur la nôtre. Il y a un demi-siècle Fermi s'écriait " mais où sont-ils ?" et il y a encore de nos jours des attardés pour s'accrocher à ce " paradoxe " pour conclure que nulle ethnie extraterrestre ne nous visite.

- Pourquoi, s'écrirait Fermi, s'il ne suçait pas depuis des lustres les pissenlits par la racine, pourquoi, si des extraterrestres nous visitent, ne prennent-ils pas contact avec nou s?

Christel Seval a très bien exposé les tenants et aboutissants d'un tel contact dans ses ouvrages. Quand j'avais publié mon premier ouvrage " Enquête sur les OVNI " ( Albin Michel ) j'avais évoqué cette idée de réaction psycho-socio-immunologique, que Seval a développé par la suite dans ses ouvrages. La conclusion tient en une phrase : si les peuples de la Terre étaient confrontés à des preuves matérielles incontestable de la présence d'extraterrestres sur notre planète cette simple prise de conscience entraînerait un collpase complet et relativement rapide de notre " culture de terriens ". Les dénégations forcenées dont nous sommes sans cesse les témoins ne font que traduire une " réaction inflammatoire " à la limite très compréhensible.

Je pense que notre technologie nous permettra un jour, et même relativement rapidement, de négocier des voyages interstellaires. Pendant des décennies les astronomes et astrophysiciens ont nié cette possibilité en invoquant le "barrière luminique ". Mais tout porte à croire que notre astrophysique et notre connaissance du monde physique en général est à la veille xe