Méprise

21 mai 2011

 

- Allô, vous êtes la société " Coucou, fais-moi peur " ?

- Oui, monsieur.

- Et ... en quoi consistent vos services ?

- Eh bien, l'idée de création de notre société remonte à la lecture d'une nouvelle de l'humoriste anglais Chersterton, qui constitue un chapitre de son ouvrage " le club des métiers bizarres "

- Soyez plus clair.

- Ce texte est succulent. Il s'agit d'un major anglais, retraité de l'armée des Indes, qui rentre chez lui, un soir, après avoir dîné dans son club. Soudain, en franchissant le portail de son cottage, il est accueilli par une volée de plombs. Il se jette à terre. Pendant quinze minutes, il consomme force adrénaline, doit échapper aux pièges tendus par des individus masqués qui surgissent des buissons de son cottage et lui tirent dessus. Finalement, empruntant la porte de service, il parvient à pénétrer chez lui et à s'y barricader, plus mort que vif. Il se saisit de la seule arme dont il dispose : un vieux fusil de chasse, et y glisse deux cartouches. Soudain quelqu'un sonne à la porte. En tenant le fusil braqué vers ce visiteur inconnu, il ouvre avec précaution et se trouve soudain face à un gentleman qui lui présente une note, en lui disant " Voilà, si on décompte les arrhes que vous avez versés, il vous reste à devoir quatorze livres et seize guinées. Les taxes sont comprises".

- Que se passe-t-il ensuite ?

- " Je vous demande pardon ? ", répond notre major à l'autre, interloqué qui, consultant ses notes lui dit : " Vous êtes bien le major Henry Simson?". "Non, répond l'occupant du pavillon, mon nom est David Simson". L'homme consulte sa fiche et lui dit " Nous sommes affreusement désolés. Nous nous sommes trompés d'adresse". Effectivement, il y a bien un major Henry Simson, qui était dans l'intendance, mais c'est quelques blocs plus loin.

- L'explication ?

- Eh bien, dans cette nouvelle de Chesterton il s'agissait d'une société dont on pouvait requérir les services, quand on s'ennuyait, dirait-on, à mourir, et qui s'offrait à fournir à ses clients, moyennant finance, dans une fourchette de dates convenues, des émotions. Nous avons créé en France une société analogue, et nous pouvons offrir aux gens en mal d'adrénaline toute une palette de formules, à des prix variés, allant du braquage à l'attentat. Vous seriez intéressé ?

- Oui et non. Le service que je voudrais vous demander serait d'un autre ordre. Voyez-vous, j'ai un incoercible fantasme de viol, et cela depuis toujours. J'ai un tempérament de prédateur. Bien mis de ma personne, je plais au beau sexe, mais je ne bande, je n'éjacule que quand je peux voir dans le regard d'une femme une lueur d'épouvante, quand elle se débat, quand j'entends ses cris de détresse. Tout cela m'excite au plus haut point, et me donne envie de lui mettre mon ....

- Je vous épargne les détails...

- On a bien essayé avec mon épouse, mais c'est une piètre comédienne. Etant très fortunée, elle ne connaissait dans son entourage que des femmes, agréablement perverses, j'en conviens, mais dont aucune ne parvenait à tenir le rôle de manière crédible. Moi qui suis immensément riche, je me retrouve dans une situation paradoxale. Alors que je pourrais m'offrir celles qu'on appelle de nos jours les "escort girls ", les plus belles, celles-ci me laissent de marbre. Si vous pouviez m'arranger cela. ...

- Hmmmm .... je pense que cela doit être faisable, moyennant un petit supplément, bien sûr.

- Pas de problème.

- Est-ce qu'en mai prochain cela vous conviendrait ?

- Je serait à l'hôtel Novotel, dans une suite, tout le mois.

- Très bien.

A la date fixée, le client se trouve dans sa suite, et tout se passe à merveille, et se déroule comme prévu. La comédienne engagée par l'agence joue son rôle à la perfection. Habillée en modeste femme de ménage, elle pénètre dans les lieux, poussant devant elle son nécessaire de nettoyage. Immédiatement, il lui saute dessus, la plaque au sol, sort son ... ( je vous épargne les détails). La terreur se lit dans le regard de la jeune femme. Il doit même lui déchirer ses vêtement, dans un état incontrôlable d'excitation.

Satisfait, après avoir repris ses esprit et que la "femme de chambre" ait quitté les lieux il appelle l'agence.

- Je tenais à vous remercier. Je n'ai jamais pris mon pied à ce point. Félicitez cette demoiselle, qui est une comédienne remarquable. On s'y serait cru. Mais il y a une chose que je n'ai pas très bien compris. Quand l'affaire a été faite, elle a sorti son portable et a feint d'appeler la police. J'imagine que vous aviez ajouté cela dans le scénario. Mais cela n'était nullement nécessaire, puisque l'acte avait été consommé.

- Attendez, je vérifie. Vous êtes bien le client du Novotel, pour ce mois de mai. Un fantasme de viol ?

- Oui....

- Je consulte notre agenda. L'intervention était programmée pour après-demain....

 


Alors que l'affaire Strauss-Kahn s'étale, dans l'actualité journalistique du monde entier, en occultant maints problèmes autrement plus importants, j'avais choisi de traiter ce sujet avec humour.

Je constate cependant une chose. Alors que la "Grande Presse" se vautre dans son passé, ses désordres, interroge l'épouse, tout le monde semble avoir oublié cette vidéo de 2010 où Strauss Kahn, après avoir participé "au sommet de Tripoli", rend visite à son ami Ben Ali, le président tunisien, le félicite, en tant que directeur du Fond Monétaire International "pour la rigueur de sa gestion" et finir par le décorer.

 

Strauss Kahn à Tunis en 2010

- La Tunisie est un modèle de gestion et d'intégration économique

La voilà, l'élite qui gouverne notre monde. Ce nabot, qui en rappelle un autre, est pitoyable, misérable, grotesque au dernier degré. Entre temps notre presse titre "La chute", "Anne Sinclair vole au secours de son mari", on s'interroge à perte de vie sur les tenants et aboutissants de cette affaire, qui n'évoque qu'un seul mot "vulgarité".

Peut être cela a-t-il toujours été ainsi. Je me souviens un jour m'être trouvé à la hauteur de Le Troquer, le président moustachu du Sénat français, au volant d'une décapotable, boulevard Saint Michel. On était en 1959. J'étais étudiant à Supaéro, j'avais 22 ans et je roulais sur un Vélosolex. C'était l'époque des ballets roses, qui avait révélé un vaste réseau de pédophilie au sein des instances gouvernementale français.

 

Le Troquer

Le Troquer en 1959, à l'époque de sa condamnation dans l'affaire des ballets Roses

Prison avec sursis "eu égard aux services rendus à la République"

 

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