Les Mystères du B2

20 août 2002

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Ci-après une photo du B2, et plus précisément de la première machine construite. L'envergure, 52 mètres, est identique à celle de l'aile conçue par Jack Northrop. Le profil est pas "autostable" (à "squelette" en S). Le couple pîqueur induit par la portance (voir ma bande dessinée l'Aspirissouffle, présente sur le "CD Lanturlu", de même que 17 autres, que le lecteur pourra commander en envoyant 16 euros à J.P.Petit, villa Jean-Christophe, chemin de la Montagnère, 84120, Pertuis ) est contrebalancé par un centrage arrière, ce qui implique un pilotage en continu. Impossible de laisser cet appareil voler de lui-même, commande fixes. Il est foncièrement instable. Il doit être en permanence contrôlé en tangage à l'aide d'un volet, visible sur cette photo, à l'arrière du "pseudo-fuselage", qui a la forme d'une "queue de castor" à pointe triangulaire. Ce volet est en permanence actionné par un ordinateur, sauf quand les mouvements de cabré et de piqué sont décidés par le pilote. La mise en virage, sur cet appareil dépourvu d'empennage vertical est obtenue en créant une traîné en bout d'aile, par ouverture de deux volet. Sur la photo ci-après on distinge l'ouverture de ces deux volet, en bout d'aile droite, qui annonce une mise en virage à droite.

Plus largement déployés ces volets peuvent ensuite service d'aérofreins en manoeuvre d'approche à l'atterrissage.

Sur cette photo lepremier prototype du B2, prise en 1989 à Edwards, qui possède encore ses bords d'attaque noirs. En ouvrant en grand les volets de bouts d'ailes on les transforme en aérofreins. On distingue la "queue de castor" en position "à piquer". Sur le dessus des capotages des moteurs des volets ouverts qui fournissent une alimentation en air additionnelle en position cadrée, au décollage et à l'atterrissage. En attitude de croisière ces volets sont ensuite tenus fermés. On voit bien ces volets tenus ouverts au décollage et à l'aterrissage :

 

 

b2_decollage

 

 

Les "Pacemaker", avec six fuseaux moteurs actionnant des hélices propulsives constituèrent la première épine dorsale du Strategic Air Command (SAC). Ci-après une photo trouvée par J.P.Ballard :

Le B-36-1 Convair "pacemaker"

. On accrut la motorisation de ces appareils en leur adjoignant des trboréacteurs motés en "pods". En parallèle les Américains recherchèrent un engin entièrement propulsé par turbo-réacteurs. Le premier essai fut le B-47, hexaréacteur:

Trop petit, pas assez rapide, en fait le "brouillon" du futur B-52, octo-réacteur :

Emportant 6 hommes d'équipage (donc a priori deux ensembles pilote-copilote-navigateur) cet appareil mettait les principales villes et installations industrielles russes à la portée du SAC américain, selon des vols transpolaires.

NB : La durée caractéristique de ces missions, menées à 900 km/h, à des altitudes de 12-15000 mètres d'altitude était au maximum de 12 à 15 heures pour un vol aller-retour. Ces appareils étaient équipés de chambres de repos dont pouvaient bénéficier les membres de l'équipage.

En règle générale le problème était d'accroître le rayon d'action des vecteurs, leur vitesse, leur altitude, leur invulnérabilité. L'accroissement de la vitesse passait obligatoirement par une entrée dans le monde du supersonique mais se posa alors immédiatement la question de la traînée d'onde, qui croît en gros comme le cube du nombre de Mach. Une tentative correspondit au Hustler bisonique. (Une jolie photo trouvée par J.P.Ballard qui montre bien ce quadri-réacteur portant sous son ventre son "mod" avec sa charge militaire, profilée pour pouvoir effectuer une pénétration en supersonique):

équivalent américain du Mirage IV (en beaucoup plus gros, évidemment). Mais qui dit vitesse dit consommation accrue. Si "to hustle" signifie en anglais "pénétrer" (il se serait donc agi d'un "bombardier de pénétration") cette incursion en territoire ennemi aurait impliqué des ravitaillements en vols (comme pour "la mission sans retour" du Mirage IV).

Plus tard apparut le SR-71 "Blackbird", volant à March 3,2 dans des conditions représentant ce que la technologie de l'époque pouvait offrir de mieux. Mais, en dehors d'emporter un unique pilote et des caméras c'était avant tout, étant donnée sa consommation, une véritable citerne volante. Il faut préciser que le Hustler décollait avec une faible charge de carburant. On complétait alors ses pleins avec un ravitaillement en vol avant qu'il ne s'enfonce en "territoire ennemi".

L'apparition des fusées intercontinentales en tant que vecteurs allait changer totalement la donne et dès lors les bombardiers passèrent totalement en second plan. Menant une politique trop timide et trop peu dynamique les Américains, comptant su les recours à un certain nombre de bases disposées à la périphérie de l'URSS s'étaient limités à des engins de portée intermédiaire (2500 km), telle la fusée à poudre Redstone. L'Atlas, fusée à liquides, à vocation intercontinentale correspondant à une étape suivante, connaissait des débuts difficiles.

C'est alors que les soviétiques créerent l'évènement en révélant au monde l'existence de fusées géantes "Semiorka", conçues par le génial Korolev, dotées d'une portée de 10.000 km et d'une capacité d'emport mettant n'importe quel point des Etats-Unis à la portée des bombes à hydrogène russes. A l'est comme à l'ouest les fusées faisait l'objet d'un guidage par centrale intertielle. La précision d'impact, de l'ordre de 2 km, obligeait les soviétiques à utiliser des bombes H de très forte puissance. Les Américains réagirent de deux manières. Sur le plan médiatique ce fut le projet Appolo, destinés à restaurer l'image de suprématie des Etats Unis auprès des différents pays du globe, en matière techologique. On sait que les Russes tentèrent de leur côté l'opération, en menant de front les mêmes projets que les Américains (y compris, plus tard, avecd la Navette spatiale Bourane). Mais l'explosion sur le pas de tir de la fusée géante Energia sur son pas de tir ruina ce projet "des Russes sur la Lune".

Sur le plan stratégique les américains poussèrent la mise au point de vecteurs à plus court temps de mise en oeuvre, ce qui donna naissance à l'engin à poudre "Minuteman", qui fut aussitôt déployé et installé en silos en différents points des Etats-Unis. Les progrès en précision d'impact réalisés par les Américains leur permirent de réduire la taille de cet engin ainsi que les charges nucléaires-types (300 kT). Par la suite apparurent les MIRV (missiles à têtes multiples, pilotables en phrase de rentrée). Chaque bus de fusée pouvait emporter jusqu'à douze têtes. Les progrès de l'imagerie radar (permettant de voir à travers une couche nuageuse) donnait de plus à ces têtes (premiers essais avec le Pershing II) une précision d'impact inférieure à quatre vingt mètres, autorisant des "frappes chirurgicales". En pararallèles les Américains développèrent un missile de croisière Tomawhak, subsonique, également à reconnaissance de cible, offrant une prcéision d'impact de quelques mètres à des milliers de km de distance, tirable de surcroît à partir de ... sous-marins.

Les Soviétiques tentèrent de les suivre dans toutes ces directions, mirent au point leur propre "minuteman", leur fusée à propergol solide (aux lecteurs : nom de cette fusée et date de mise en service, SVP) . Ils s'aventurèrent dans toutes les directions, créant leur propre missile de croisière, tirable éventuellement à partir de bombardiers avec "montage en barillet" (comme sur le B2, on le verra plus loin). Cette course infernale se poursuivit jusqu'à l'écroulement économique complet de l'ex-URSS, les Etats-Unis ayant gagné la première guerre économique de l'histoire, à une telle échelle.

Dans ce contexte les Américains restent donc les "maîtres de la planète" avec leur arsenal de fusées intercontinentales tirables (rapidement) à partir de leur propre territoire ou de fusées équipées de têtes multiples pilotables en phase de rentrée équipant leurs sous-marins nucléaires. Dans cette course aussi délirante que dispendieuse les Soviétiques tentèrent de répliquer en lançant leurs sous-marins Typhon :

Des engins jaugeant plus de 30.000 tonnes (les 3/4 de la jauge du porte-avion Foch), capables de tirer leurs 24 missiles en perçant dix mètres de glace, une seule de ces unités ayant alors la capacité de .. détruire les Etats-Unis. Les Américains mirent en oeuvre des unités semblables "Ohio", dont une seule devrait être capable "de mettre à genoux l'URSS".

C'est alors que l'empire soviétique connut l'écroulement économique que l'on sait. Actuellement, le seul ennemi potentiel des USA, à terme, c'est la Chine qui développe, comme par hasard, des fusées intercontinentales d'une portée de 12.000 km, en principe destinées"à la reprise de l'exploration de la Lune par l'homme" mais en fait capable d'aller frapper des cibles américaines à partir de la Chine.

Dans ce contexte que devient le bombardier porteur de bombes nucléaire ? Tous les chasseurs-bombardiers américains sont pratiquement capables d'en emporter (une ou même plusieurs) depuis des décennies, étant donnés les progrès effectués en miniaturisation. Ces chasseurs bombardiers peuvent opérer à partir de bases terrestres ou de porte-avions. Ces appareils sont de plus capables d'emmener à bonne distance des missiles de croisière. A moins que l'on ne se base sur des missiles de croisière autonomes comme les Tomawhak ou sur des avions sans pilote, la frontière entre les deux étant mal définie.

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