Marchand de canons !

Cela pourrait ressembler au cris d'un chaland. "Marchand de marrons ! Marchand de canons !" . Eh oui, nos ingénieurs militaires conçoivent et fabriquent des sous-marins pour les Pakistanais. Normal, il ont des bombes A : à terme il leur faudra un jour des plate-formes sous-marines, et des fusées. Alors on leur vendra tout cela, sous le manteau si nécessaire. Bien sûr, ce ou ces sous-marins construits par la France n'ont pas la taille recquise. Ils sont trop petits. Mais il y a un commencement à tout et un lance-engin n'a nul besoin d'être à propulsions nucléaire. Un marché jûteux. Une collaboration à long terme.
J'ai écrit un livre, jadis :

La presse n'en a jamais dit un seul mot. S'il vous intéresse, il vous faudra le commander, chez Albin Michel. Pourquoi "le Diable" ? Parce que, dans nos milieux scientifiques c'est le nom qu'on donne à l'armée. Vous verrez, ça se lit comme un thriller, mais en finissant ce bouquin vous vous sentirez peut être un peu chose. Eh oui, les hommes sont fous au delà de toute expression. Fous et surtout cons, comme des paniers, comme des valises sans poignées, irresponsables. Un haut responsable politique va envoyer quelqu'un rassurer les Pakistanais. Il exprimera ensuite son émotion en saluant le courage des techniciens français qui, etc.... (il trouvera les mots).

Mais qu'est-ce qu'on fout la-bas ? Toujours la même chose. La "politique", c'est à dire un mélange de puissance et de gros sous. Cela s'appelle "étendre sa zone d'influence", développer des marchés. "Marchands de canons !" .

Très jeune, j'ai pris contact avec ce monde. Regardez donc :

C'est moi, à 25 ans, à la "SEPR", Société d'Etude de la Propulsion par Réaction. La photo est prise au centre d'essais d'Istres. Je suis à cheval sur une fusée à poudre. Au passage remarquez un détail. La fusée est fixée à un bâti monté sur quatre solides roues. Elle pousse, à l'avant, sur un dynamomètre. Mais comme avec ces engins là un accident est toujours possible, l'avant avait été muni d'une "chapelle", c'est à dire d'un diaphragme en acier qui saute s'il y a une surpression dans la chambre. En effet si une supression se produit, cela peut fissurer le poudre, accroître la surface de combustion, et la pression, et faire tout exploser. Donc en sautant, ce diaphragme était censé faire chûter la pression et provoquer l'extinction du propulseur. Hélas l'ingénieur qui avait calculé cela s'était trompé (ça n'était pas moi). Quand la chapelle sauta, non seulement la fusée ne s'éteignit pas, mais la poussée correspondant à ce jet de gaz, à l'avant, s'avéra légèrement supérieure à celle de la tuyère, visible au premier plan. Alors la fusée que personne n'avait songé à attacher est tout simplement partie se promener, à la vitesse d'un type qui marche au pas, en crachant deux jets de gaz à plus de mille degrés, l'un vers l'avant, l'autre vers l'arrière. A quelques dizaines de mètres de là, l'oeil rivé au périscope émergeant du bunker poste de tir l'ingénieur la vit passer. Elle traversa tout le centre d'essai, loupa le poste de garde de peu puis, ayant volatilisé le grillage de l'enceinte, s'arrêta à côté du parking antomobile. Lors des essais suivants on adjoignit de solides brides fixant les roues au sol, bien visibles. On peut voir aussi plusieurs câbles d'un bon diamètre qui ceinturent la bête, pour éviter un nouveau rodéo.

Je pourrais vous en raconter, des histoires de ce genre. Vous en trouverez d'ailleurs dans le livre, à la pelle. Tout cela coûte de l'argent, beaucoup. Mais "cela fait travailler du monde", ça "crée des emplois", dit-on. Personnellement, après quelques mois passés dans cette entreprise, entièrement axée vers la mise au point du MSBS (Missile Sous Marin Balistique Stratégique), un quadri-tuyères à poudre, j'ai préféré aller faire de la MHD au CNRS, sur un projet civil. Dans mon prochain livre qui sortira j'espère cet été et qui s'appelera quelque chose comme "OVNI, le voile se déchire" vous découvrirez ce qu'a pu donner la MHD militaire après 25 années de recherches ultra-secrètes, aux USA, le dossier technique faisant foi. Les Européens se sont faits avoir en beauté par les yankees qui, en 72, leur ont fait croire qu'ils abandonnaient. Génial !

Pourquoi est-ce que je vous parle de MHD alors qu'au départ il était question d'un sous-marin construit pour le Pakistan ? Parce que les français l'équiperont des torpilles à hélices filant à cent-cent vingt kilomètres à l'heure. Dans mon livre vous découvrirez le principe de fonctionnement des torpilles MHD américaines, opérationnelles depuis vingt ans, et qui filent à plus de deux mille kilomètres à l'heure. Propulsion par poudre. Une partie de l'énergie sert à produire les dizaines de mégawatts qui aspirent l'eau le long de la coque de la torpille, supprimant tout frottement. Les torpilles français sont des brouettes en comparaison. Mais les Pakistanais ne le savent pas. Ils pourront toujours aller faire leurs emplettes chez les russes. Eux ont des engins Sqwal, si déclassés aujourd'hui qu'ils les vendent même ... aux chinois !

Marchand de canons!

Ces vieilles torpilles russes sont aussi propulsées par poudre. Un générateur de gaz, non visible, crache celui-ci à la pointe avant et à travers des "pores". Ainsi le frottement est-il réduit. Mais cette super-brouette ne dépasse pas 400 km/h (les français ne possèdent pas ce genre de gadget, qu'ils n'ont découvert que très récemment). Sur l'arrière vous voyez les tubes qui permettent d'évacuer l'excédent de gaz. C'est beau, la technique, quand même. Mais tout cela est si dépassé, surranné, pourrait-on dire. Ca a son charme...

Ne vous inquiétez pas, nos ingénieurs militaires planchent déjà sur des torpilles "hypervéloces", bien qu'en matière de MHD militaire ils aient 25 années d'un retard irrattrappable (et c'est pas plus mal. Les gens qui font des conneries sont déjà suffisamment nombreux).

On assassine nos ingénieurs, au Pakistan. Commando-suicide. Mais qu'est-ce qu'on fout la bas, au juste ? Secret d'état, histoires de gros sous, zones d'influence. Les ingénieurs français meurent pour la France. On devrait remplacer la grande roue qui est à l'autre bout des Champs-Elysées par un "tombeau de l'ingénieur inconnu". Comme ça on pourrait aller périodiquemenr ranimer cette seconde flamme.

Dans mon prochain livre vous visiterez les coulisses de la connerie humaine, qui dépasseront vos rêves les plus fous, les films de SF les plus délirants. Missiles de croisière hypersoniques, bombes à antimatière, avions hypersoniques franchissant le "mur de la chaleur", grâce à la MHD. C'est beau, la science. J'ai déjà donné un court avant goût dans une interview donné en janvier 2002 sur Europe 1. Un journaliste aéronautique, vexé, a déclaré que je faisais "du délire technologique". Il écoutait tout cela au milieu d'un parterre de galonnés anxieux, qui lui disaient "alors, qu'est-ce que vous en pensez ?". En lisant le livre, les gens jugeront, sur les données techniques fournies. Je ne pense pas que la presse en parlera ni que j'aurai la possibilité de débattre d'un tel sujet sur un plateau de télévision ou en radio. Les militaires n'ont pas oublié un certain face à face avec leur porte-parole au début des années quatre vingt, où celui-ci, en direct, avait découvert l'existence des mots "térawatt" et "guerre des étoiles". Je suis "scientifiquement dangereux". Mieux vaut mettre en face de moi des "ufologues", ça risque moins.

Pas de jaloux, on vendra sans doute des sous-marins aux Indiens. Eux aussi, à terme, il leur faudra des "plate-formes de tir". Au passage, mais je ne veux gâter le moral de personne, sachez que des torpilles MHD filant à deux mille kilomètres à l'heure mettent "les plate-formes sous-marines de l'ennemi" à six secondes des sous-marins de chasse qui les suivent en permanence. Les sous-marins se suivent, même s'ils ne se ressemblent pas. Ne le dites pas à notre noveau ministre de la défense nationale, dame Alliot-Marie, elle en concluerait que nos sous-marins nucléaires sont bons pour être revendus au Club Med, pour des excursions. Ne riez pas. Il y a déjà un précédent. Vous vous souvenez du plateau d'Albion ? Ca a coûté cher. Il y a une salle de tir, montée sur ressorts, dans une grotte creusée à 500 mètres de profondeur. Tout cela : abandonné avant même d'être inauguré. A cause des "Pershing II" et de leurs équivalents soviétiques. Missiles à têtes multiples, pilotables en phase de rentrée (ceux des français ne le sont pas). Précision d'impact, à l'époque : 80 mètres. Aucun silo n'y résisterait. Avec un seul missile à têtes multiples, Albion : fini. Aujourd'hui les petits chercheurs du CNRS traquent les "astroparticules" dans ces abysses terrestres. J'ai même entendu dire qu'on songeait à y cultiver des champignons.

Mais l'essentiel, n'est-ce pas, c'est de vendre. De Gaule, qui s'est toujours pris pour la réincarnation de Machiavel avait pas mal donné dans ce genre de braderie militaire. Il était pour la vente de réacteurs nucléaires à tout le monde. On a équipé l'Iran. Vous avez sans doute vu le Grand Charles, avec sa combinaison, visitant les installations avec le Shah. Mais on a équipé aussi l'Irak (réacteur "Osirak"). Si on n'a pas vendu de réacteurs aux Papous c'est parce qu'ils n'avaient pas d'argent, et pas de pétrole. Car vous imaginez bien la malice. Je te file ma technologie, en échange tu me fais des prix sur tes barils. De Gaule voyait aussi loin que son long nez. Quand il y avait la guerre Iran-Irak une société française exportait des obus vers les deux camps. Une chaîne de télévision avait même diffusé un reportage là-dessus, montrant comment la moitié des camions, à un certain point du trajet, partait vers l'Irak, le sud, tandis que l'autre continuait vers l'Iran.

Mais il faut que l'argent rentre, non ? J'ai mauvais esprit. Je fais de l'anti-je-ne-sais-quoi primaire. Parfois ça me pèse de savoir toutes ces choses. Depuis quelques mois je discute avec un ancien atomiste. Je ne citerai pas son nom, ça n'a aucun intérêt. Je ne voudrais pas lui faire de la peine et il hurlerait à la Haute Trahison. . Depuis quarante ans il vit, ulcéré, parce que le "père" de la bombe H française, c'est lui, pas le nommé "Dautray", un vilain "mandarin de l'atome" qui a récupéré la couronne, grâce à d'adroits coups de nageoire dans les couloirs du secret défense. Au passage connaissez vous le titre d'un livre publié sur l'histoire de la bombe A français (je ne m'en rappelle plus l'auteur, quelqu'un me le signalera) :

Auprès de ma bombe

La réalité dépasse l'afflixion. Mais Edward Teller appelait bien   "sa"  bombe H    "my baby". Touchant. Le thème de nos échanges avec mon atomiste retraité concerne les recherches françaises en matière nucléaire militaire. Lui ne croît pas à la poursuite d'essais souterrains, "quelque part". j'avoue que J'attends toujours des données crédibles sur le projet "Laser Mégajoule", qui devrait être implanté à Bordeaux. C'est un autre sujet. On y reviendra un jour. Je voudrais finir en citant mon atomiste ulcéré. J'ai eu beau lui dire :

- A l'âge que vous avez, vous n'allez pas tarder à paraître devant le Grand Juge des actions humaines. Et que lui direz-vous alors ? "La bombe H française, c'est moi et non Dautray" ?

Il ne se rend compte de rien. Il ne mesure même pas ce à quoi il a activemenent participé. Dans son salon doit trôner une photo en noir et blanc, qui est sur son site, où le voit conduisant De Gaule dans les couloirs d'un centre nucléaire militaire. Il avait l'air tout fier et tout jeune. Cela me rappelle une phrase extraite d'un livre écrit par un français qui a activement participé au projet Mannathan qui évoquait cette époque comme "la plus romantique de sa vie". Mais revenons à notre atomiste. Quand je le titille, il s'énerve, me traite de tous les noms. Pourtant il ne ferait pas de mal à une mouche et tomberait sans doute évanoui à la vue du sang, en arrivant sur les lieux d'un accident de voiture un peu hard. Mais sa dernière est grâtinée. Il évoque une situation où les français seraient soudain placés devant la nécessité de faire quelques essais nucléaires supplémentaires, "dans l'intérêt supplémentaire du pays". Voilà sa phrase :"La solution consisterait à faire exploser les engins en pleine mer. Mais je me demande si quelqu'un aurait les couilles de le faire".

Non, vous ne rêvez pas. Cet homme existe en chair et en os. Son mail aussi. C'est ... vertigineux. Mais ce sont les mêmes ingénieurs militaires qui imaginent de tels scénarios et vendent des sous-marins à des gens déjà dotés de bombes nucléaires. Cela s'appelle de la connerie. Une "connerie d'Etat".

Compteur initialisé le 9 mai 2002. Nombre de consultations :

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