Cataracte

7 Avril 2016

 

 

Mon opération de la cataracte s'est bien passée. Pour ceux qui devront y passer, quelques informations.

A partir d'un certain âge, la vision se dégrade, les cristallins s'opacifient progressivement. On élimine alors le cristallin déficient pour le replacer par un implant. Lors de l'intervention, qui ne nécessite pas d'hospitalisation, des gouttes provoquent la dilatation de l'iris et d'autres rendent la cornée insensible. On installe une perfusion qui permet d'injecter au patient, juste avant l'opération, un anesthésique léger, qui ne va pas jusqu'à l'inconscience. On immobilise la tête du patient, allongé, avec de la bande adhésive et on lui demande de regarder droit devent lui.

Le chirurgien ouvre alors la cornée en pratiquant une ouverture de 2 mm, à travers laquelle il peut introduire une source d'ultrasons qui va décomposer le cistallin, le fragmenter (le terme technique est "émulsifier"). En alternant les opérations, le chirurgien attaque le cristallin, puis en aspire les fragments, jusqu'à ce que la chambre qui ne contient soit vidée. Celle-ci est séparée dans sa partie postérieure de l'humeur vitrée, contenue dans le globe oculaire, par une membrane transparente.

Pendant l'opération on demande au patient de "fixer la lumière". Mais, très vite, comme le cristallin en mis en pièce et qu'il ne perçoit pas le monde extérieur qu'à travers ces fragments, il ne discerne pas une lumière, mais plusieurs.

Le chirurgien introduit alors l'implant, roulé sur lui-même, contenu dans un tube du diamètre d'une paille. Pour ce faire il expulse cet implant, doté d'une mémoire de forme, lequel se déploie aussitôt. Celui-ci a la forme d'une lentille portant deux pattes qui se déploient alors dans un mouvement excentrique. Celles-ci sont destinées à maintenir l'implant dans ce qui lui servira de logement, lequel était occupé précédemment pas le cristallin déficient.

On garde le patient une heure sous surveillance, le temps que se dissipent les effets de l'anesthésique. Personnellement, je suis rentré en bus d'Aix à Pertuis, il est vrai accompagné par mon épouse.

Pas besoin de poser des points. La cornée se ressoude par elle-même en un temps qui ne dépasse pas la semaine. Le praticien accompagne cette cicatrisation par des gouttes d'antibiotiques et d'anti-inflammatoire. Le bricolage est proscrit pendant cette période (voir plus loin).

Quand cette opération devient nécessaire, choisir un bon chirurgien. L'opération ne prend qu'une quinzaine de minutes, pour la partie destruction et évacuation du cristallin, et quelques minutes pour la pose de l'implant. Ceci incite certains chirurgiens peu scrupuleux à "faire du chiffre", en multipliant les interventions, qui sont on l'a vu de très brèves durée, quitte a bâcler celles-ci, par fatigue et manque d'attention. Un de mes amis, il y a six mois, a été victime d'un de ces stakhanovistes. Le geste chirurgical est simple, à condition qu'il soit effectué d'une main sûre. Sinon la faute chirurgicale repose sur un mauvais positionnement de l'implant, fait à la va-vite. Il faut alors réopérer. Il y a donc dans chaque région, un chirurgien qui rattrappe les x pour cent d'erreur des collègues.

Tant qu'à faire, j'ai préféré avoir affaire à celui-ci directement.

La cataracte frappe depuis des millénaires. Si on n'intervient pas, elle se développe progressivement jusqu'à l'opacité totale des cristallins, c'est à dire la cécité. Avant qu'on envisage de remplacer le cristallin devenu opaque, par un implant les médecins, de tous temps, y compris du temps des anciens Egyptiens, pratiquaient une opération drastique, en introduisant une aiguille dans le chambre et en faisant glisser le cristallin, vers le bas, dans l'humeur vitrée. Le patient ne récupérait pas une vision normale, mais au moins percevait de nouveau la lumière.

L'idée de la pose d'un implant survint dans l'immédiat après-guerre lorsque des chirurgiens, soignant des pilotes de chasse dont le plexiglas de leur cockpit avait volé en éclat, s'aperçurent que ceux-ci en avaient gardé des fragments dans l'oeil, depuis plusieurs années, sans en être incommodés. La conclusion était que l'oeil tolérait donc très bien la pose d'un objet fait dans ce type de matériau, sans développer un mécanisme de rejet.

La technique de pose d'implant est arrivé à maturité au début des années soixante-dix. Depuis, celle-ci s'est perfectionnée. Au lieu d'extraire le cristallin de son logement, ce qui nécessitait de pratiquer une incision de plus de 10 mm, le fait de le détruire par ultra-son permit de limiter celle-ci à 2 mm. Par ailleurs l'émergence de la technologie des matériaux à mémoire de forme permit de présenter l'implant, roulé dans un tube, avec comme conséquence la même réduction de l'amplitude de l'incision.

La technologie se développe, partout dans le monde, dans tous les domaines. Trop souvent on voit que l'axe est militaire, ou à des fins exclusives de profit : OGM, vaccinations inutiles et même nocives, dérives de l'industrie agro-alimentaire, etc. Et voilà quelque chose qui ne vise qu'à améliorer les conditions de vie des hommes et des femmes, dont l'espérance de vie se trouve du même coup accrue, de manière secondaire. Ne plus voir, c'est se replier sur soi-même, ne plus pouvoir lire, ne plus pouvoir communiquer. Donc, déprime et chemin vers la mort raccourci.

J'ai passé deux semaines à construire une maquette en bois, illustrant la façon dont je voyais la façon de reconstituer la construction des Grandes Pyramides. J'ai du scier baguettes et tasseaux à en avoir le torticolis. Mais ça donne un assez bel objet.

 

 

Je vais pouvoir finir la bande dessinée que j'avais commencée. Je compte compléter cette mise en ligne par celle de l'article que j'avais envoyé en 2004 au Bulletin de l'Institut Français d'Archéologie Orientale, le classique "BIFAO", lequel avait séance tenant rejeté l'article "par manque de données philologiques" (autrement dit "sur quel papyrus avez-vous trouvé cela ?). On verra si j'ai plus de chance cette fois-ci. J'ai créé à cette effet un pdf décrivant en 95 images la construction de cette maquette, que les amateurs pourront refaire chez eux avec des baguettes de 2cm x 2 cm et des tasseaux de 2 cm x 4 cm. Plus de la colle et un guide pour effectuer des sciagse à 90 et 45°. Je n'irai pas jusqu'à espérer que les égyptologues lisant l'article fassent de même. Pourtant seule la manipulation de l'objet permet de bien le comprendre.

Il s'agit donc d'une rampe enveloppante en pierre, du même matériau que le revêtement final (calcaire fin de Tourah), qui permet un guidage centimétrique du travail. Une rampe qui pourra alors porter des charges de 60 tonnes (les plus lourds monolithes, ceux du plafond de la chambre du roi de la pyramide de Kheops). Ce qui est intéressant c'est que cette rampe est constituée en partant d'un "kit" de construction de pyramide, standard, dont héritait chaque pharaon, ce qui accélérait énormément le travail. Lors de la transformation de cette rampe en revêtement, la découpe se limitait à l'élimination de blocs triangulaires, comme on en trouve à foison sur le site de Giseh ( j'avais pris moi-même ces photos, il y a quelques années).

Alors 75 % de la pierre mise en place constitue ... le revêtement. Les 20 %suivantrejoignent le kit de la pyramide suivante et seulement 5 % sont constitués par ces pierres triangulaires, inutilisables. Il ne restera plus qu'à opérer une finition par ponçage.

C'est dommage que de nos jours on ne fasse plus de pyramides. Sinon, je crois que je serais maintenant à peu près capable de diriger ce genre de travail. En tout cas, avec la maquette, qui trônera désormais dans mon salon, je me suis bien amusé. Evidemment, ça aurait été plus chic avec des bois précieux et plus précis avec une scie à ruban. Disons que c'est unbe "pyramide Monsieur Bricolage".

Après cicatrisation de la cataracte et achèvement de la bande dessinée, retour cosmologie et astrophysique.