Supaéro, c'est fini pour moi
12 juin 2003
- Allô, monsieur Petit ?
- Oui, c'est lui-même.
- Nous sommes des étudiants de l'Ecole Nationale Supérieure de
l'Aéronautique. Nous sommes intéressés par la MHD. Accepteriez-vous
de venir donner une conférence dans nos murs, à Toulouse ?
Cette demande des étudiants est légitime
mais la situation actuelle n'est guère agréable pour moi. J'entends
ici et là que la MHD, parfois rebaptisée "Electro-aérodynamique"
redémarre en France. La revue Air et Cosmos a fait état de différentes
actions, à la fois au sein du CNRS et dans le milieu Aéronautique
français (ONERA, Office National de l'Aéronautique, sis comme
Supaéro, à Toulouse). Tout ce remue-ménage me fait mal
quand je pense que j'ai abandonné cette discipline en 1987 face au blocage
des pouvoirs publics. Mes travaux passés, après avoir été
pillés, sont aujourd'hui superbement ignorés. Mais les étudiants
ne sont nullement responsables de cet état de fait et j'ai donc décidé
de répondre à leur invitation. Je leur ai toutefois fait savoir
que je n'accepterais de donner une telle conférence qu' à la condition
expresse d'y être officiellement invité par la Direction de l'école.
Les étudiants enregistrent donc ma requête et la répercutent.
Un enseignant en aérodynamique, le professeur Bonnet "couvrira l'opération"
. La date de la conférence est donc arrêtée. Elle aura lieu
le mardi 10 mai à 20 h 30.

Les étudiants me demandent si je ne pourrais pas
venir à 19 h 30 pour pouvoir participer à un dîner où
seraient présents M. Bonnet et, peut être, d'autres responsables
de l'école. J'arrive donc à l'école avec mon ami Jean-Pierre
Ledoux, chef d'entreprise, curieux de l'événement. A 19 heures
nous rejoignons les étudiants dans une salle attenant au restaurant des
élèves. Panneau "Conférence de Mr. J.P.Petit",
bouteilles de vins..auguraient d'un accueil disons, en grandes pompes ! Ma conférence
devrait démarrer à 20 h 30. A 19 h 30 pas l'ombre d'un dirigeant
de l'école, pas de professeurs non plus ! Les étudiants ne comprennent
pas. Monsieur Bonnet leur enseignant, n'arrive pas, ne les appelle pas..Le temps
passe. La gêne s'installe. Un étudiant va chercher un tire-bouchon
et débouche une des bouteilles de rouge sur la table. Vingt heures :
toujours « personne »
- Ce que je ne comprends pas c'est que monsieur Bonnet nous avait confirmé
qu'il serait là au dîner, dit un des jeunes.
Nous décidons d'avaler le dîner rapidement et de nous rendre
dans la salle de conférence. Les étudiants arrivent, massivement.
L'amphi est pratiquement plein à l'exception des premiers rangs traditionnellement
occupés par le corps enseignant et l'Administration. A vingt et une heure
quinze je me dis qu'on peut difficilement faire attendre les présents
plus longtemps. Plus de deux cent personnes sont là (et sont restés
jusqu'à 23 h 30). Je décide donc de demander à un des étudiants
de me présenter.
Cette conférence est intéressante car les
auditeurs connaissent la mécanique des fluides. J'évoque l'histoire
de la MHD en France, la question générale du vol hypersonique,
je parle d'Aurora et du B2 pendant une bonne heure et demie et je laisse ensuite
place aux questions. Les étudiants, d'après Ledoux qui a eu tout
loisir d'observer la salle, se tournent alors vers leur enseignant en mécanique
des fluides, M. Bonnet arrivé après le début de la conférence
et ayant pris place sur le dernier banc de l'amphi. On lui passe un micro :
- Ce qu'a dit Jean-Pierre Petit est, dans les grandes lignes, tout à
fait vrai, à quelques inexactitudes près. Le système du
bord de fuite du B2 ne génère pas des "turbulences".
Je réponds.
- Le mot turbulence est effectivement impropre. C'est plutôt vortex qui
convient. En effet la découpe en zigzag du B2 produit ce phénomène
empêchant les décollements de bouts d'ailes de migrer vers le nez
de l'engin.
Bonnet acquiesce. Il pose alors une nouvelle question
:
- A-t-on une idée du générateur qui devrait être
installé à bord de ces machines pour créer ces très
fortes valeurs des paramètres électromagnétiques ?
Cette interrogation traduit un retard qui lui a fait manquer
le début de mon exposé et montre au passage qu'il n'a pas lu mon
livre. Je réponds.
- Le premier volet concerne la création de champs magnétiques
dépassant la dizaine de teslas, en supraconduction. Les intensités
atteintes actuellement nous sont inconnues. Ces valeurs relèvent du secret
défense. Rappelons qu'une installation civile, équipée
de supraconducteurs fonctionnant en cryogénie et atteignant quatre teslas
était opérationnelle en Allemagne à la fin des années
soixante. A ma connaissance les Américains ont pu mettre en oeuvre des
dispositifs à supraconduction fonctionnant à haute température;
le problème du poids ne se pose donc plus. Il y a déjà
quelques années deux chercheurs obtinrent le prix Nobel pour des travaux
qui les avaient conduits à fabriquer des éléments supraconducteurs
à base de céramiques fonctionnant non dans de l'hélium
liquide mais dans de l'azote liquide, ce qui représentait déjà
un fantastique gain en matière. Ceci étant, les progrès
en matière de supraconduction représentent sans doute le sujet
le plus sensible qui soit sur le plan militaire, où les américains
règnent en maîtres absolus depuis un demi-siècle. Ce domaine
fait l'objet d'une puissante rétention technologique, voire d'une politique
de désinformation. Certaines avancées majeures ont été
opérées aux USA . Elles sont certainement dignes d'un prix Nobel
mais les Autorités politiques ont choisi de les rendre inaccessibles,
couvertes par le secret défense le plus épais. Cela me rappelle
qu'il firent de même quand ils cachèrent au reste du monde l'exploit
réalisé par Chuck Yeager sur le Bell X1, à savoir le premier
franchissement du mur du son, jusqu'à ce que d'autres pays le découvrent
à leur tour. Pour en revenir à la MHD, des signes existent qui
montrent que les américains dominent la question de la supraconduction
à haute température. Un de mes amis ingénieur, responsable
de l'instrumentation dans un très gros laboratoire européen vers
lequel convergent des chercheurs de toutes nationalités pour utiliser
les possibilités offertes par des installations et des moyens d'analyse
très particuliers m'a rapporté une « anecdote ». Un
jour une équipe américaine est venue faire quelques expériences
mettant en jeu des champs magnétiques élevés. Mon ami leur
a demandé quelle consommation d'hélium ou d'azote liquide il faudrait
prévoir pour cette campagne d'expériences. Les chercheurs américains
ont répondu qu'il ne serait pas nécessaire de leur en fournir.
Ils restèrent très discrets sur les expériences menées
en utilisant simplement la "source" mise à leur disposition
par ce laboratoire de pointe. Cependant un fait curieux m'a permis de réaliser
l'intensité des champs qu'ils ont mis en ouvre Ils durent défoncer
le sol en béton armé pour éliminer les tiges de fer qui
se trouvaient juste sous sa surface. Cela a été constaté
après leur départ. Selon les échos recueillis la manip
américaine, positionnée à un mètre au dessus du
sol, interagissait si fortement avec ces barres que cela entraînait des
déformations inacceptables dans sa structure. Les américains auraient
pour cacher totalement le fait qu'ils disposent de supraconducteurs fonctionnant
à la température ordinaire, voire au dessus, auraient dû
passer commande d'un certain volume quotidien d'hélium ou d'azote liquide
en laissant simplement tout cela s'évaporer à coté de la
manip dont ils s'occupaient. Voilà comment un incident, à l'instar
des corbeilles à papiers négligées, peut trahir des travaux
top secret.
Comme je l'ai indiqué au début de ma conférence les engins
hypersoniques ne possèdent à bord aucun générateur
de puissance électrique indépendant alors qu'il faut mettre en
oeuvre une puissance de plusieurs mégawatts pour négocier la recompression
du flux d'air incident, déboulant à dix mille kilomètres
à l'heure sur le nez de l'appareil qui va de pair avec son ralentissement
jusqu'en régime subsonique, sans création d'ondes de choc. Je
rappelle qu'un "ralentisseur MHD" est simplement un générateur
de puissance électrique. En effet si V X
B est le champ inducteur et si J = s
( V XB
) correspond à la loi d'Ohm où s
est un tenseur et non un scalaire la force de Laplace J XB
ralentit le gaz, puisqu'un générateur ne fait rien d'autre que
de convertir de l'énergie cinétique en électricité.
Ainsi les engins hypersoniques déjà opérationnels, et je
pense qu'ils le sont aux USA depuis plus de dix ans, n'ont pas de générateur
électrique puisque celui-ci est l'air lui-même. C'est un concept
qui n'est pas encore perçu par les avionneurs français. On ne
saurait s'en moquer. Je suis passé moi-même à côté
de cette idée pendant vingt ans sans réaliser un accélérateur
MHD pariétal pouvait fonctionner (les machines électriques jouissant
de certaines propriétés de réversibilité) en générateur
MHD pariétal. J'ai pris conscience de cet aspect à Brighton lors
du colloque mentionné dans mon ouvrage. Cela débouche, et je me
suis largement étendu sur ce point sur cette idée de "MHD
by-pass", de "pontage MHD", que nous avions découvert
en 85 avec Lebrun en réalisant que, sujet de sa thèse de doctorat,
pour annihiler les ondes de choc au voisinage d'un profil lenticulaire il fallait
accélérer le gaz au niveau des bords d'attaque et bord de fuite,
tout en le ralentissant dans la partie médiane, là où tend
à s'établir un "éventail de détente" qui
coucherait les ondes de Mach.
Les étudiants posent d'autres questions. Je n'aperçois
plus Bonnet sur le dernier rang de l'amphi. Je réalise qu'il a quitté
la salle en filant à l'anglaise sans prendre le temps de descendre me
saluer.
L'un des étudiants me demande si j'ai saisi le
CNRS de toutes ces questions. Je lui réponds qu'en vingt ans, étant
moi-même de cette maison, j'ai tout tenté pour que des recherches
soient initiées dans ce cadre, absolument tout, en vain. Je n'avais pas
prévu d'évoquer ces périodes sombres de ma carrière
mais puisque les questions s'y réfèrent, je réponds avec
sobriété. J'évoque le gâchis du "projet Rouen",
la façon dont l'armée s'y est prise pour étouffer ces recherches
dans l'oeuf en tentant en parallèle, en vain, de les implanter dans ses
propres laboratoires (voir la confidence de Bradu, ingénieur militaire
à la DRET, recherche militaire, faite à Claude Thénard,
maître de conférences au CORIA de Rouen, responsable en titre de
la manip MHD, dans mon livre "Enquête sur les OVNI", chapitre
6). Vers vingt trois heures trente je décide de lever la séance.
Un des étudiants propose que nous allions continuer cette conversation
dans la cafétéria de l'école, qu'il fait ouvrir. Nous nous
y retrouvons donc en plus petit comité. Les remarques et questions des
un s et des autres continuent à fuser :
- Comment se fait-il que seuls les étudiants aient assisté à
votre conférence? M. Bonnet nous avait pourtant dit qu'il assisterait
au dîner. Il n'est pas venu, n'a même pas téléphoné
alors qu'il disposait de nos numéros de portables pour nous signaler
un éventuel empêchement.
- Je n'ai pas compris qu'il ne soit pas venu vous saluer et que personne n'ait
été là pour vous présenter. J'ai trouvé cela
très incorrect. Sur la lettre que la Direction vous a envoyée,
c'est M. Bonnet qui a été implicitement désigné
comme responsable de votre invitation à l'école.
- Pourquoi l'armée ne s'est-elle jamais intéressée à
vos recherche ? Normalement, cela aurait du être le cas, non ?
- Pourquoi n'y avait-il personne du Cnes et de l'ONERA, dont les bâtiments
jouxtent ceux de l'école ?
- En tout cas, conclut l'un d'eux, moi je comprends une chose. D'ici ma sortie
de l'école aucun enseignement de MHD n'aura été organisé
à Supaéro où on puisse nous donner une formation concernant
un domaine de connaissance qui, nous l'avons bien compris, jouera un rôle
déterminant dans l'aéronautique et les techniques spatiales de
demain. Quand j'ai intégré l'école on nous a dit que celle-ci
délivrait un enseignement de pointe dans tous les domaines concernés
mais je réalise qu'il subsistera là une grave lacune dans un secteur
où nous avons un quart de siècle de retard sur les Américains,
qui ne sera pas comblé.
Je me sens gagné par la lassitude. Je dis aux étudiants
:
- Profitez-en pour me poser des questions parce que c'est la toute dernière
fois que vous me verrez. Je ne reviendrai plus dans cette école.
Lorsque nous regagnons nos studios, dans le bâtiment
où on héberge les visiteurs, Ledoux me lâche :
- Je ne pensais pas que le blocage atteignait ce niveau.
Le lendemain matin les étudiants sont venus me
saluer et me remercier pour cette conférence qui les a passionnés.
En cherchant le mot exact je dirais qu'ils sont consternés. Mais il n'y
a pas grand chose à ajouter. Le blocage et l'hostilité restent
sans faille bien que je me sois engagé à n'aborder aucun sujet
"déplaisant" ou prononcer un mot tabou ! La MHD française
est et restera longtemps inexistante, au plan civil comme au plan militaire.
Les gens conscients de l'amplitude du retard, ils existent, n'ont pas les moyens
de faire face à cette situation. Les lacunes sont en fait bien plus importantes
qu'on pourrait les imaginer : les connaissances fondamentales en MHD ont tout
simplement disparu. Seuls quelques sanctuaires américains, russes et
peut-être chinois en sont pourvus. Les Américains ont soigneusement
veillé à ce que ce savoir sensible disparaisse des bibliothèques.
Il n'existe par exemple rien d'exploitable à Toulouse au CEDOCAR (Centre
de Documentation Aéronautique), centre français de documentation
en matière d'aéronautique. Tout ce qui concerne les avions et
le spatial a été regroupé dans cette région du sud-ouest
du pays (les bâtiments du Cnes sont à quelques centaines de mètres
de Supaéro, qui voisine avec l'ONERA, le CERT, etc). Aucun enseignant
français n'est en mesure de mettre sur pied un cours digne de ce nom.
Pour la recherche c'est encore pire. Si les français envisageaient de
bâtir un programme en vue de maîtriser les techniques du vol hypersonique
et de l'injection MHD de véhicules sur orbite et de leur récupération
sans bouclier thermique, ils se jetteraient tête baissée dans des
chausse-trappes dont ils ignorent l'existence, liées à la manipulation
des plasmas bitempératures en régime d'effet Hall fort. L'échec
me semble absolument assuré. Au milieu des années soixante cinq
mille chercheurs et techniciens travaillaient dans le monde sur des projets
de générateurs MHD civils. Tous terminèrent à la
fin de la décennie sur un constat d'échec. Leurs installations
furent démantelées les unes après les autres et les équipes
dispersées. En France, au CEA, Ricateau et Zetwoog avaient construit
le coûteux générateur Typhée qui finit sous les pioches
des démolisseurs avant même d'avoir fonctionné. L'EDF, dans
son centre des Renardières avait monté une "boucle ouverte"
en vraie grandeur. Il y avait des labos à la CGE (Compagnie Général
d'Electricité), à l'Institut français du pétrole.
Le seul laboratoire au monde où un générateur bitempérature
a fonctionné en cette fin des années soixante fut ... le mien.
Ces résultats furent présentés en 1967 au 7° congrès
international de MHD de Varsovie à travers une communication dont j'étais
l'auteur. Ces travaux ne furent pas compris des français à l'époque.
Ils furent par contre parfaitement assimilés par les soviétiques
et on peut dire qu'à cette époque les français se situèrent
dans le peloton de tête au plan international, pendant quelques mois,
dans le domaine de la MHD. Récupérés des années
plus tard par un étudiant de l'Institut de Mécanique des Fluides
de Marseille, Jean-Paul Caressa, ils lui valurent à un prix scientifique,
le prix Worthington, tremplin efficace pour un belle carrière d'administratif
au CNRS (Caressa fut longtemps Directeur Régional du CNRS pour la région
PACA).
Il reste des aspects que je n'ai abordés ni dans ma conférence
ni dans mon ouvrage et que je qualifierais de secrets sans lesquels il est simplement
impossible de mettre en oeuvre un engin MHD hypersonique. Ceux qui voudront
se lancer dans de tels projets se jetteront, sans le savoir, dans des problèmes
comparables à ceux qui entraînèrent l'enlisement complet
de cinq mille chercheurs du secteur civil à la fin des années
soixante, comme évoqué plus haut. Ils se sont heurtés à
ce que Ricateau a appelé dans son discours de Varsovie en 1967 "le
mur des instabilités".
Ces questions furent au coeur des conversations que j'ai
eues avec les spécialistes américains à Brighton. Ces secrets,
je les garderai pour moi. Il est hors de question que j'en fasse profiter la
soldatesque française, principale cliente d'un projet d'hypersonique
français, voire européen. Elle est coupable du sabotage complet
de ma carrière scientifique pendant un quart de siècle : je n'ai
pas eu un seul centime des crédits du CNRS ces dix dernières années
!
L'accueil que la direction et le corps enseignant de l'école
supérieure de l'aéronautique m'ont réservé le 10
juin 2003 ont achevé de me décourager de mettre en ligne sur mon
site, comme je le prévoyais, un cours de MHD. Cette invitation dans les
murs de Supaéro pouvait paraître à certains gentils naïfs
comme un signe d'ouverture voire même une concrétisation de cours
que j'aurais pu y donner. Il n'en est rien hélas et je le savais bien.
Tout cela confirme, si besoin était, mon excommunication du microcosme
des velléitaires de la remise au premier plan de ces recherches si prometteuses.
J'en veux pour preuve l'attitude incongrue du professeur Bonnet lors de ma conférence.
La MHD française, conduite par des gens dénués
de toute compétence ne décollera pas. Les recherches, qu'elles
soient menées dans un cadre civil ou militaire, au grand jour ou couvertes
par le secret défense, s'enliseront dans des sables mouvants redoutables
insoupçonnés des gestionnaires de tels projets. "L'intendance
suivra", disait de Gaulle quand il évoquait une quelconque entreprise.
Mais en matière de MHD, même quand on affecte à des projets
une armada d'ingénieurs militaires polytechniciens "l'intendance
ne suit pas". Pourquoi ? Parce que la MHD n'est pas qu'une science, c'est
un art. C'est un univers qui demande, outre de nombreuses connaissances scientifiques,
une imagination et une créativité exceptionnelles. Il est infiniment
plus difficile de concevoir un Aurora que de dessiner un Airbus ou une "Ariane
VI". Les avionneurs français ne vont pas tarder à le réaliser.
Les Américains sont capables de pallier les inconvénients
de leurs erreurs. Ce fut le cas en matière de technologie spatiale lorsqu'ils
découvrirent avec effarement l'existence de la fusée géante
russe Semiorka, conçue par le génial Korolev, laquelle continue
d'ailleurs, inlassablement à mettre ses charges sur orbite depuis près
d'un demi-siècle ! Le géant américain appuya sur l'accélérateur
et dix ans plus tard fut le premier à poser le pied sur la Lune. En France
nous sommes incapables d'un tel sursaut. Derrière ce "plan MHD français"
se trouvent les mêmes imbéciles qui nous ont fait prendre vingt
cinq années de retard dans ce domaine (l'un d'eux a même un bureau
à l'Elysée !). Ceux qui s'étonnent d'une telle situation
n'ont qu'à lire les propos de notre actuel ministre de la recherche et
de la technologie, Claudie Haigneré, reproduits dans l'ouvrage de Luc
Ferry, ministre de l'éducation nationale ("Lettre ouverte à
tous ceux qui aiment l'école"), pages 157 à 175.
Comment mesurer la qualité de la réaction française
face à la nécessité de développer une activité
en MHD dans les années à venir ? Il suffira de voir si un enseignement
a été mis en place dans cette discipline à Supaéro.
En effet cette Ecole forme des jeunes susceptibles d'intervenir activement et
immédiatement dans l'industrie aéronautique et spatiale, au plus
haut niveau. Ce n'est pas une école pour « ingénieurs généralistes
» .Les enseignements sont sensés être assurés par
des enseignants impliqués dans la conduite de projets de pointe, remis
donc constamment à jour. C'est d'ailleurs ce langage que tient la Direction
aux nouvelles promotions.
Si un enseignement de qualité en MHD n'est pas implanté
rapidement dans cette l'école (ainsi que dans d'autres grandes écoles
et universités) cela signifiera que les français n'ont pas pris
la mesure de l'urgence à développer cet ensemble d'activités
scientifiques et technologiques délaissées pendant plus de quarante
ans.
Nombre de consultations depuis le 15 juin 2003 :