Garde à Vue
19 septembre 2008
Mise à jour du 14 octobre : le procès de Patrick Mohr est repoussé au 3 mars 2009, 8 h 30, TGI avignon
Le texte d'un homme m'a interpellé. Vous le lirez après ce préambule. Je ne le connais pas. Je me contente de reproduire ses propos. Je me rappelle que j'ai été une fois traduit en justice, pour diffamation. Lors d'un dîner en Avignon un ancien sous-directeur des applications militaires du CEA nous avait fait d'étranges confidences. Ma foi, je caricaturais les convives. Il a du penser que j'étais ... caricaturiste et non physicien catégorie poid lourd. La conversation, on ne sait comment, a glissé vers les bévues d'ingénieurs militaires. L'histoire d'In Ecker est venue sur le tapis.
Vous savez que les Français utilisèrent les grands espaces sahariens pour mettre au point la force de frappe française. Ce fut la série des expériences " gerboise ". Puis ces gens ont appris que les Américains faisaient exploser leurs bombes sous terre. Les Français leur ont demandé comment ils s'y prenaient et les cow-boys leur ont répondu " démerdez-vous !". La soldatesque_ingénieur, les " ingémilis " comme on les appelle dans l'hexagone, ont mis leurs neurones sur le problème. Ils se sont dit qu'il fallait faire exploser la bombe atomique dans du dur, en l'occurrence une montagne de granit, où ils ont creusé une galerie en colimaçon. C'était idiot. Si vous voulez expérimenter une grenade il faut la mettre sous des sacs de sable, qui amortiront l'explosion, pas sur un monceau de pierre ou de béton.
Pour la bombe atomique c'est pareil. Il faut un terrain calcaire capable d'absorber l'énergie. Mais les X ne comprirent cela qu'après cette première explosion, qui vira à la catastrophe. Le bouchon de béton sauta et les gaz radioactifs fusèrent par l'orifice, créant un immense nuage. Des tas de militaires furent irradiés. Mais le Ministre des armées de l'époque, Pierre Messmer, en prit pour son grade également. Comment l'explosion était censée s'opérer sous terre on avait pas prévu d'abri. Tous ces gens se jetèrent dans leurs voitures et prirent la fuite. Je m'aperçois que j'ai une page là-dessus :
L'essai " Béryl " : le bouchon retenant les gaz radioactifs lâche
Je racontais cette histoire quand le bonhomme, Antoine Giudicelli, ne put s'empêcher de réagir :
- Ca c'était l'époque héroïque. Maintenant on domine très bien tout cela
- Vous voulez parler des essais de Mururoa, sur ce site que la France vient d'abandonner ?
- On a même fait des essais dans l'hexagone.
Là, j'ai fait l'idiot.
- Mais, de tels essais, cela doit faire ... du bruit ?
- On sait très bien atténuer le signal sismique. Il y a d'abord une dalle de béton, puis .....
Il s'aperçut qu'il en avait trop dit. Après mûre réflexion j'ai mis cela sur mon site Internet. L'autre m' attaqué en diffamation, d'abord en correctionnelle. Dans un tribunal d'une chambre correctionnelle l'intéressé peut parler. Et je n'ai pas la langue dans ma poche. J'avais un avocat, mais en fait c'est moi qui ai plaidé. Giudicelli, cheveux blancs et petite taille était à ma droite, à un mètre de moi. J'ai fini par lui dire à un moment :
- Je ne comprends pas comment vous avez pu grimper jusqu'à un pareil poste avec des connaissances en physique aussi rustiques.
Le tribunal a botté en touche. J'avais deux témoins. Il y a eu non-lieu. Entre temps, mis sur cette piste par le journaliste Jean-Yves Casgha, qui après nous avoir lancé là-dedans se tint prudemment à distance pour tout ce qui suivit, nous avions porté notre attention sur la mine de Gardanne. En effet, et cela émergea d'un rapport américain de l'American Geographical Society, la tenue d'essais nucléaires furtifs peut se faire sans difficulté à proximité d'une mine en exploitation où les explosions sur les fronts de taille créent des signaux de magnitude 3 sur l'échelle de Richter. On obtient cela avec 500 kilos de dynamite. Mais dans ce cas on recherche l'ébranlement le plus intense.
Si on disposait ces charges dans le couloir ou la salle, l'effet serait minime. C'est ce qu'on fait dans ce système d'explosions nucléaires furtives. On fait détoner l'engin, de quelques hectotonnes d'équivalent TNT, à une kilotonne au centre d'une cavité d'une vingtaine de mètres de diamètre. L'onde de choc, en atteignant la paroi crée un signal qui est également de magnitude 3, donc peut être confondu avec l'exploitation routinière de l'exploitation.
Je pense que la France a procédé à une centaine de tirs souterrains dans la mine de Gardanne, à mille mètres de profondeur, au sud de la ville. Les épicentres ont d'ailleurs été localisés par un service de sismologie du Cnrs qui a l'époque trouvait étrange que ces signaux soient :
- Tous à la même profondeur
- Tous strictement de même magnitude
Les militaires ne se sont pas servis des galeries d'accès utilisées par les mineurs, mais ont ménagé leur propre accès, oblique, débouchant dans une zone ... où il n'y avait pas de lignite, au sud de la ville. J'ai raconté un peu tout cela dans mon livre " OVNI et armes secrètes américaines ", paru en 2005 chez Albin Michel. Dans les jours qui ont suivi la sortie de l'ouvrage la mine a été lock-outée. Un mystérieux commando d'hommes encagoulés s'est introduit dans la mine, se livrant dans les galeries à des saccages qui furent constatés par les gendarmes, à la requête de la direction. Le lendemain un juge posa des scellés, interdisant l'accès au personnel, services de sécurité compris.
Depuis ce jour personne ne pénétra plus dans cet immense complexe souterrain. La décision d'abandon fut prise. On stoppa le pompage de l'eau. La mine est aujourd'hui totalement sous les eaux. Si ce que je pense est vrai, l'eau va dissoudre le calcaire et un jour où l'autre les produits radioactifs, issus de la centaine d'explosions seront libérés et, drainés par la très intense circulation des eaux souterraines et iront polluer irrémédiablement la Méditerranée,du côté des Calanques de Marseille, où se comptent nombre de bouches de rivières souterraines, qui crachent sous la mer, comme le trou de la Calanque de Port-Miou. C'est plein sud vis à vis du site de Gardanne.
Si un jour un niveau suspect de radioactivité est décelé dans les entrailles de la Grande Bleue on racontera " qu'un cargo russe, transportant des déchêts, a coulé dans une fosse, près de Toulon et que ces effluves radioactives remontent au gré des courants sous-marins ".
Avant que la décision de fermer la mine ne soit prise les riverains avaient constaté nombre de faits étranges, de bruits suspects, de nuit, toujours attribués à des "effondrements de galeries". Mais depuis sa fermeture la mine est devenue aussi silencieuse qu'une tombe.
Pourquoi ces souvenirs remontent-ils à la surface, soudain ? Parce qu'au procès en appel j'étais seul, totalement seul. L'appel avait été transféré au Tribunal de Grande Instance. Donc je n'avais plus droit à la parole. Au TGI seuls les avocats peuvent s'exprimer, les clients sont condamnés au silence total.
Je fus condamné grâce à un remarquable artifice de procédure qui permit à la cour de considérer mon dossier de défense comme vide, parce que les dires de mes deux témoins n'avaient pas été redéposés dans les temps selon une procédure d'exception de vérité et non d'exception de bonne foi.
Peu importe ces détails et arguties juridiques. Je me souviens de la lettre de mon avocat où il avait conclu :
- Tout porte à croire que le juge a instrumenté pour obtenir votre condamnation.
J'ai récolté 5000 euros de dommages et intérêts, à payer au plaignant, Antoine Giudicelli. Voir le jugement. Je lançais un appel à mes lecteurs, qui y répondirent aussitôt. Je gardais les 2000 euros d'honoraires d'avocat pour moi. Mais ce jour-là j'ai perçu la justice de mon pays ... différemment. Je n'oublierai pas. Je me suis désintéressé de cette affaire, aussi parce que les gens de la région me laissèrent complètement tomber. Depuis, quand on me relance sur ce sujet, je réponds :
- Vous savez, si un jour vous devrez vous munir d'un compteur Geiger pour pouvoir vous baigner, ça sera votre affaire. Moi j'ai déjà donné.
Quel naïf s'imaginerait que la France, depuis la fermeture du site de Mururoa en 1996 n'a procédé à aucun essai nucléaire. Douze an se sont écoulés ! Comment être assuré que l'arsenal est encore opérationnel ? Comment améliorer les armes existantes, en concevoir de nouvelles ? Avec des calculs effectués sur un super-ordinateur, nous dit-on. Et les journalistes, dociles ou décervelés, ou les deux, répercutent cette riche information. Les scientifiques leur emboîtant le pas.
Mais il y a tellement de choses qui déconnent dans notre monde. Ca n'est jamais qu'une de plus.
Je reproduis le texte que monsieur Patrick Mohr a mis sur le net :
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Le procès, qui devait avoir lieu le 13 octobre 2008 à 8 h 30 au Tribunal de Grande Instance, 2 Bd Limbert, Avignon a été repoussé au 3 mars 2009 8 h 30
N'importe qui peut assister à cette audience. Il suffit de se présenter à l'entré de la salle à l'heure, porteur d'un papier d'identité.
Rappelez vous : Lyon, 2005. Un jour tout ceci s'incrira dans le banal, le standard, grâce à Bling-Bling:
http://video.google.fr/videoplay?docid=-6172767166661101795