Ceux qui fabriquent dans des caves les stylos avec
lesquels d'autres écriront que tout va pour le mieux

( Jacques Prévert )              

    4 décembre 2005

Nous allons bientôt déposer, Gilles et moi, les statuts de l'association Savoir sans Frontières. J'espère que mes lecteurs me renverront les chèques que je leur ai retournés, en changeant l'intitulé, en remplaçant mon nom par celui de l'association. Comme cela cela nous permettra de payer les traducteurs de mes bandes dessinées. Au moment où j'écris ces lignes deux mille euros sont déjà rentrés, qui permettent déjà de payer treize traductions ( 150 euros pièce ). Je pense que tout ceci se développera.

Il y a plusieurs leçons à tirer de cette expérience. La première est que j'avais effectivement de nombreux alliés, parmi mes lecteurs, dont la plupart ne s'étaient jamais manifestés. La seconde est que les gens qui sont susceptible d'envoyer un chèque, un petit ou un gros, ne sont pas automatiquement ceux qui ont un savoi-faire particulier. Ainsi des gens payeront des traductions qui seront faites par d'autres. Et parmi ceux-là il y en a pas mal pour qui ces 150 euros ( 174 dollars US ) représentent une somme considérable, parfois plusieurs mois de salaire ! J'avais complètement mésestimé cet aspect des choses. La clé des traductions est évidemment l'anglais. Il y a actuellement des gens qui traduisent dans des langues diverses à partir de versions anglaises. Pas mal d'Indiens lisent l'anglais, mais sans doute le français. Il faut donc achever ces versions anglaises pour qu'elles deviennent la clé pour des traductions dans de nombreuses langues étrangères.

La grosse surprise de cette expérience a été le contenu des centaines de messages que j'ai reçus. Tous ont insisté, non en priorité sur mes talents de scientifiique et de vulgarisateur mais sur le regard que je portais sur les choses de ce monde, sur l'actualité, sur mes tentatives de scruter notre futur. Et c'est vrai que la presse, écrite, parlée, télévisuelle n'est pas à la hauteur de sa tâche. Notre monde s'enfonce dans une crise terrible, dramatique, évidente. Il faudrait être le dernier des imbéciles pour ne pas s'en apercevoir. Mais nos médias jouent le rôle de tranquillisants, de somnifères.

Très souvent ils nous mentent, se font l'écho des structures de pouvoir et d'argent qui les mettent en place, les font vivre. J'ai donné ces jours derniers une interview à un journaliste Canadien. J'avais été habitué à mieux, pour ce pays si attachant. De fil en aiguille l'homme a fini par me dire :

- Mais si, comme vous me le dites, les Américains détenaient des armes aussi sophistiquées, pourquoi ne les ont-ils pas alors utilisées pour stopper les avions qui ont percuté les tours jumelles ?

A cela, j'ai répondu :

- Pourquoi voulez-vous que des gens interceptent des appareils, par ailleurs vides, qu'ils sont eux-mêmes en train de télécommander ?

Mon journaliste Québequois s'est empressé de changer de sujet. Après l'émission, hors micro, je lui ai dit :

- Si d'aventure, sur vos ondes, vous vous hasardiez simplement à initier un débat sur ce sujet vous seriez viré le lendemain.

Il en a convenu. Mais quand j'ai écouté la diffusion de cette émission, le lendemain, il avait rajouté des commentaires sur ce que je lui avais dit pendant une heure trente. Il faut croire que j'avais du l'inquiéter et il voulait prendre sa revanche. En préambule il me comparait au gourou d'une secte en évoquant l'affaire du ... Temple Solaire. Il n'hésitait à dire "que mes propos étaient dangereux". Puis, en fin d'émission, lui et un autre journaliste français se sont renvoyé la balle en commentant par ailleurs des propos .. que je n'avais jamais tenus. Etrange conception du journalisme. Je comprends que les gens aient envie d'entendre autre chose.

Quand cette affaire " Savoir sans Frontières " sera sur ses rails, je pourrai reprendre mes activités de commentateur et d'analyste. Je prendrai tout ce qui est disponible sur l'affaire du 11 septembre et j'en ferai un ensemble de documents htm, illustré par des vues fixes ou des gif animés. Il existe pas mal de films, maintenant, mais cela représente un temps d'écoute assez long. Deux heures quarante pour "Painful Deception". Il va falloir découper cela en "petites bouchées".

Je continue de penser que ce 11 septembre 2001 marque un tournant dramatique dans l'histoire du monde. Bien sûr, en entamant cette longue analyse, mes colonnes seront ouvertes à tous ceux qui voudront nous démontrer que la thèse officielle est la seule admissible. Au passage je décortiquerai pour vous les deux films diffusés par la chaîne Arte, et produits par elle. Il aurait été souhaitable que les gens puissent avoir accès aux films eux-mêmes. Mais il y a des problèmes de droits. S'il est interdit de diffuser des documents vidéos faisant l'objets de droits commerciaux ( interdiction qu'outrepassent ceux qui utilisent la technique du peer to peer et des réseaux comme Emule ) il est par compte possible de les commenter, en extrayant des vues fixes et en convertissant de courtes séquences vidéo en gif animés. C'est ce que je ferai avec l'aide de mon ami Mathias Benlolo, à qui incombera la tâche d'extraire les séquences en question et de les convertir en gifs animés. Nous avons de longs mois de travail devant nous. J'ai reproduit ci-dessous une image extraite du site de la CNN, chaîne qui ne saurait être taxée de conspirationnisme.

 


Image de l'impact d'un des deux avions sur une des tours jumelles. Source :
http://www.cnn.com/SPECIALS/2001/trade.center/gallery/unimaginable.html

Comme on peut le voir, une lueur très vive apparaît au moment de l'impact, ou juste avant. Il incombe de déterminer à quoi cette lueur correspond mais, comme je l'avais déjà montré dans un dossier précédent, la chaîne Arte a présenté en 2004 une séquence où l'image avait été supprimée. Grâce au travail de Mathias nous pouvons voir sur ce double gif animé d'un côté le film original et de l'autre celui produit par la chaîne, où la lueur a été effacée. Pourquoi cette "retouche" ?

 

A gauche, la séquence complète. A droite la séquence retouchée par la chaîne Arte

On voit qu'il y a du pain sur la planche. C'est mon job et je le ferai pour vous.

Vendredi j'ai regardé un bout de l'émission Thalassa. Un dossier était consacré au salon de la plaisance, qui s'est tenu à Monaco. Le reportage montrait des participants, extrêmement enthousiastes. L'un d'eux disait :

- Savez vous que les 47 mètres sont maintenant construits en série ?

Un autre insistait sur " une véritable révolution dans la plaisance " et ne comprenait pas pourquoi les Français ne réalisaient pas "le phénomène qui se déroulait maintenant sous leurs yeux". On prévoit en effet "que le parc de ces super yachts pourrait doubler dans les cinq prochaines années". Voilà à quoi ressemble un yacht de ce type. Vous avez le prix : vingt trois millions d'euros, quinze milliards de centines.

Source de ce document ? Une revue Russe, trouvée sur le présentoir de la gare TGV d'Aix en Provence.

Une revue ... égarée. Que nenni ! Allez jeter un oeil à ce point-presse. La moitié des revues qui sont sur l'étagère sont des journaux de yachting de luxe. Vous en trouverez une bonne douzaine.

Figurez-vous que les deux plus gros clients pour ce marché du Yachting de super-luxe sont les Russes et les Chinois. Mais, comme le notait avec insistance un des intervenants dans cette émission de haute tenue culturelle " il y a de plus en plus de gens qui, en France, ont de l'argent, beaucoup d'argent. Et ceci représente un marché, potentiellement créateur d'emplois ".

Effectivement, nous manquons de réalisme et du sens de l'anticipation. Pour être dans l'époque il faudrait reconvertir la France dans l'industrie de luxe, comme c'est le cas aux Emirats, à Dubaï. J'ai été témoin oculaire de ce boom vers l'industrie du luxe. Voir dossier " Deux semaines à Flouzeland ". Comme le clament les managers des émirats :

Le Luxe, c'est l'avenir

Tout cela nous avait fait sourire, Christophe Tardy et moi, lorsque nous avions été invités là-bas. Il faut dire que nous avions tellement travaillé ( sans pour cela être payés ) que nous n'avions pas eu le temps de mettre le nez dehors. Nous avons passé deux semaines dans des ateliers à air conditionné, alors qu'il faisait 48° dehors. On ne peut pas dire "à l'ombre", car à Dubaï, l'ombre, ça n'existe pas. Faute de trouver du temps pour faire du tourisme nous n'avons pu explorer les quartiers nord de la ville où logent les travailleurs immigrés pauvres, Indiens, Pakistanais, Thailandais, Indonésiens et maintenant Chinois. Comme ceux qui ont regardé une émission à la télévision j'ai appris que ceux-ci étaient là-bas traités comme des esclaves. Jadis, pour empêcher les esclaves de s'évader, on leur mettaient des chaînes. Aujourd'hui il suffit de leur enlever leur passeport, et c'est la première chose que font les d'entreprises des émirats.

Ce ne sont d'ailleurs par les "émirati " qui font cela. Ceux-là sous-traitent tout. Ils ne font que tenir les comptes. Les Indiens sont exploités par des Indiens, les Indonésiens par des Indonésiens et les Chinois par des Chinois. Vous savez à quoi cela ressemble, tout cela ? A un camp de concentration, dont les chefs d'entreprises-intermédiaires seraient les kapos.

Tout cela va très loin. Aux Indes, des jeunes sont recrutés par des passeurs, qui leur font miroiter de fantastiques situations, là-bas, dans l'Eldorado de Dubaï. Alors la famille s'endette ou vend sa terre pour permettre au fils d'aller gagner de l'argent et payer le voyage. A l'arrivée, ce jeune déchante. Il n'a aucun droit. Le kapo Indien qui l'exploite lui prend son passeport, le loge dans des gourbis, à quinze hommes dans vingt mètres carrés. Beaucoup dorment par terre. L'été, dans le domaine du bâtiment " en pleine expansion " ils travaillent par cinquante degrés, quatorze heures par jour.

A Dubaï, un Indien se suicide chaque semaine, parce qu'il réalise qu'en rentrant au pays il ne pourra pas ramener un sou ou que, pire en,core, il retrouvera une famille misérable qui se sera endettée pour l'envoyer là-bas. On se soucie peu des gens qui se tuent, en tombant des échafaudages, ou qui restent infirmes. Ce sont des conditions de travail indignes. Comment peut-on traiter des hommes pire que des bêtes et prétendre être "un bon Musulman". J'ai des amis Musulmans que cette situation indigne au plus haut point et qui pensent que ces gens déshonorent l'Islam.

Savez-vous pourquoi nous avions été invités là-bas ? Je vais vous le dire. A Dubaï, tout est tourné vers le luxe. On construit d'absurde marinas en forme de palmiers, mais "visibles depuis l'espace".

Dubaï. La marina " Palm ". Vue prise par satellite

Je ne sais pas quel est l'architecte imbécile qui a conçu un tel projet. Regardez ces canaux. Rien n'est prévu pour que l'eau y circule. Avant même que les premiers clients de ces résidences à dix à vingt millions d'euros l'unité n'emménagent ces canaux seront déjà emplis d'une eau putride.

La marina en construction. Au premier plan : les algues

Ces algues sont putrides. J'en témoigne : je suis entré dans cette eau, en slip, pour voir. Comment le problème sera-t-il négocié ? Est-ce que ces fonds sableux seront nettoyés par des plongeurs ? Personne ne s'en soucie. Construisons, vendons, on verra plus tard.

Quel tourisme ? A Dubaï, capitale mondiale de l'absurde il n'y a rien à voir. Les fonds sableux sont sans intérêt. Le poisson y est rare, la visibilité est faible, à cause du plancton. Qu'à cela ne tienne. Pour inciter les plongeurs à barboter dans les eaux qui entourent ces marinas le cheik Mohammed, chef de ce pays, jettera ( ou fera jeter ) chaque nuit un lingot d'un kilo d'or, quelque part à proximité de ces villas. 365 kilos d'or par an....

On a pensé aussi créer des fonds sous-marins artificiels. C'est difficile parce que les poisson préfèrent des fonds ... naturels. A moins que l'on ne peuple les fonds de poissons artificiels, télécommandés. Pour explorer ces fonds, une société s'est créée, dirigée par un Français. Son activité : concevoir, mettre au point et développer des sous-marins de plaisance pour milliardaires. C'est pour cela que nous avions été invités là-bas, Christophe et moi dans cette entreprise luxueuse, en pleine expansion, avec cent employés. Les gens de Dubaï sont avidesd'un savoir-faire d'importation. Le mien était celui d'un mécanicien des fluides. Voilà à quoi ressemblent ces sous-marins :

Des jouets amusants, mais fort coûteux. Pourtant " il y a un marché en forte expansion ". Effectivement, des yachts de cinquante mètres de long peuvent emporter à leur bord un sous-marin de tourisme ( lors de l'émission Thalassa on a même évoqué l'émergence d'unités de 70 et même cent mètres de long ).

Nous avons réfléchi, Christophe et moi. Nous n'irons pas travailler sur de tels projets. Nous avons tous les deux une impression d'urgence. D'autres projets retiennent notre imagination et notre talent. L'époque est celle de toutes les urgences et nous ne nous sentons guère branchés sur l'industrie des loisirs.

Ces jours-ci vous aurez pu voir dans la presse qu'à Dubaï s'ouvrai la saison du ski.

La piste de ski de Dubaï. 400 m de long. 62 mètres de dénivelé.


Combien d'Indiens, d'Indonésiens se sont tués en tombant d'échafaudages, victimes d'insolations, en travaillant dans des conditions d'insécurité défiant l'imagination pour construire ce gadget luxueux qui fait tant rire nos journalistes ?

Cette course effrénée vers le luxe a quelque chose d'indécent quand le monde entier se peuple de nouveaux pauvres, par centaines de millions. A Dubaï, l'hystérie du luxe côtoie la misère morale la plus extrême, menant jusqu'au suicide.

Il y avait un autre projet, celui des " Fishbirds ", qui aurait intéressé les Emirs et aussi les Chinois. J'en reparlerai une autre fois. Mais là encore, ni Christophe ni moi n'aurions le coeur à consacrer notre créativité et nos talents à de telles oeuvres. Je m'intéresse plus à mon projet " Savoir sans Frontières " et Christophe plus à son système de bicarburation pour carburants composites qu'à ces rêveries pour homo fricus.

Je repense à cette émission Thalassa. Ces images m'ont donné envie de pleurer, carrément, devant un tel étalage d'injustice et d'imbécilité. L'émission s'est clôturée par un reportage sur le plus haut voilier du monde. Un seul mât, de 90 mètres de haut. A bord, un luxe inouï, pour un nombre infime de happy fews". Les cabines de monsieur et de madame ( un couple d'Italiens ) ont leur Jacuzzi. Un détail : des telles unités se louent 250.000 euros par jour. Mais les prix risquent de monter, disait le commentaire, car "il existe une forte demande". Il n'y a pas que des pauvres, sur Terre, il ne faut pas croire. Il y en a qui s'en sortent.

Eh oui, nous sommes aveugles. Nous ne voyons que la pauvreté, la misère, alors que le monde s'envole vers le luxe, que celui-ci constitue l'avenir du commerce et de l'industrie. Le Prince de Monaco l'a bien compris, qui a prévu des aménagements portuaires aptes à recevoir ces nouvelles mégas-unités. Avec tout ce qui va avec, tout ce qui tourne autour.

La dernière image de Thalassa montrait ce voilier immense, majestueux, vu d'avion. Et la commentatrice concluait :

Une image élégante et gracieuse dans un monde de brutes

Que dire d'autre ? Les responsables de l'émission tiennent à couvrir ce salon de la plaisance de luxe, l'an prochain. Tout réflexion "populiste" eut été mal perçue. Car les gens qui vendent de tels bateaux n'ont nullement besoin de la publicité des chaînes. De leur propre aveu, leurs carnets de commande sont pleins à ras les écoutilles.

Moi, cette télévision m'emmerde, de plus en plus. Elle me donne même la nausée.

Notre monde va de plus en plus mal. Des journalistes imbéciles ou complices nous en présentent des images déformées. Star-Académie, les jeux.

J'ai des choses à vous dire. Il faut que les hommes et les femmes de cette Terre à qui il reste un soupçon de cervelle entrent en contact les uns avec les autres, vite. Ces sont les individus qui pourront sauver le monde, pas ceux qui, actuellement "les gouvernent". Il faut prendre le contre-pied de cette folie complète qui saisit notre planète et dont ces injustices, ces aberrations totales ne sont que les symptômes. Il faut se donner les moyens de ces contacts. Je pense que des solutions existent, mais il faudrait faire vite. J'ai compris qu'on ne faisait rien sans argent, en ne comptant que sur du bénévolat. Internet serait le véhicule de tels projets. C'en est fini des médias. Qui pourrait encore croire un mot de ce qui en émane ?

La classe politique s'est discréditée, parce que trop souvent cupide, malhonnête et qu'en règle générale elle manque d'imagination et semble de plus en, plus incapable de prendre la mesure des situations. C'est le temps des opportunistes démagogues dénués du moindre scrupule. Les autres finissent leurs mandats dans leurs châteaux avec un fusible sauté, à la recherche d'une idée, d'une .. première idée, avant de basculer dans les poubelles de l'histoire. Des contre-premiers ministres prennent dans l'urgence des contre-mesures, s'opposant à celles prises par leur successeur ( de Villepin s'empressant de rétablir les subventions aux associations agissant dans les banlieues, supprimées par le génial Raffarin ).

Positive attitude

Oui, nous parlerons des problèmes des banlieues, d'une justice qui révèle ses graves insuffisances, d'une science sans imagination, d'une presse qui distribue le "soma" d'Aldous Huxley, tandis que ses " ingénieurs en émotions " jouent dangereusement avec le feu. Quand je pense aux séries qui envahissent nos écrans j'ai envie de paraphraser un célèbre designer américain, Raymond Loewy, en écrivant :

La douceur et la poésie se vendent mal

alors que la violence a de beaux jours devant elle. Quand les banlieues se sont embrasées, en dehors du contexte social parfaitement réel qui servait de terreau à cette poussée de violence, qui a un seul instant pensé à signaler celle que nous enseignons à nos enfants dès leur plus jeune âge dans nos médias ?

Personne. C'est tellement .. passé dans les meurs. Tout le monde s'en fout. Personne ne voit plus rien. Pourtant on a fini par s'apercevoir que le tabac était toxique. Il a perdu son image virile. Rares sont les bandes dessinées ou quelques héros, comme Blueberry, fument encore des petits cigare, comme Clint Eastwood dans ses westerns spaghettis. Très vite, Luky Luke avait du abandonner sa cigarette.

On s'en prend à l'alcool, maintenant. Est-ce qu'un jour nos héros de polars, après avoir délaissé leurs blondes à bouts filtre, finiront par boire de la limonade ?

Par contre personne ne semble voir ce que nous distillons dans l'esprit des gens, et particulièrement des jeunes, en étalant la violence, la brutalité, le morbide sur nos écrans. Dans le moindre film, les grandes flammes rouges orangées des incendies, des face à face violents où un homme est jeté à terre et frappé à coups de pied. Puis il se relève, avec le visage à peine marqué. Mais ne savez-vous pas qu'en shootant dans un homme à terre on peut lui éclater le foie, créer chez lui des hémorragies internes mortelles ?

Il y a quelques années deux hommes se sont battus à Aix en Provence, Cours Mirabeau, plus une place de parking. L'un à jeté l'autre à terre, puis lui envoyant un coup de pied l'a tué. C'est très difficile de tuer quelqu'un avec un coup de poing. Mais avec un coup de pied, rien n'est plus facile, surtout quand la victime, à terre et ne peut pas amortir de coup en déplaçant son corps. Les impacts dans le ventre, dans la tête sont alors terriblement efficaces. Cette année un type photographiait des réverbères avec un appareil numérique. Pris à parti par des jeunes qui en voulaient à son appareil, il s'est défendu. Ceux-ci l'ont "battu à mort". Mais ce qu'on ne dit pas c'est comment ils l'ont tué. Simplement en continuant de le frapper quand il était à terre. Pas longtemps. Un seul "mauvais coup" peut suffire. Ils ont simplement fait "comme il l'avaient vu faire à la télévision", tout simplement. Et il n'y a pas un seul de ces cons de journalistes qui aient pensé à souligner ce point.

Qui osera dire que la violence que distillent à longueur de temps les séries est ...effroyablement toxique, qu'elle empoisonne l'esprit des gens, qu'elle ruine la santé de leur esprit plus encore que le tabac ou l'alcool ne ruinent la santé de leur corps ? Qui osera dire que certaines images dont on nous abreuve ( est-ce parce que la foule en redemande qu'il faut les lui fournir ? ) sont dangereuses par simple effet de mimétisme. Celle qui suit a déjà tué, plusieurs fois et vous le savez très bien. Mais le gadget est toujours en vente...

Le masque du film " Scream ", en vente chez tous les bons marchands de jouets.

Allez donc relire un de mes éditoriaux d'il y a deux ans.

Vous voulez voir le visage de notre avenir, si nous ne faisons rien ? Vous l'avez devant vous ! Nous sommes tous responsables du monde "qui se construit devant nous" et s'apprête à se détruire dans les cinq à dix ans à venir, si nous restons sans réagir, comme des moutons imbéciles.


5 décembre 2005 : José Bové condamné à quatre mois de prison ferme ou quand les empoisonneurs mettent leurs victimes au trou.

Je m'aperçois, alors que cela avait été mon intention, que j'ai oublié de parler de José Bové. Je ne connais pas son passé, qui il est vraiment. Même s'il n'est pas issu de la classe paysanne, en dépit de sa belle moustache 'il a raison lorsqu'il milite contre la généralisation de l'emploi des OGM en agriculture. Cet homme a été condamné à quatre mois de prison ferme pour avoir, avec ses compagnons, fauché symboliquement quelques épis de plantes OGM. Eux, ont bénéficié d'un sursis. Le problème des OGM est un des problèmes les plus graves qui soient. En août 2005 j'avais consacré un dossier à un cas de contamination, par un gène sauteur issu de colza génétiquement modifié, d'une mauvaise herbe, la "moutarde", la rendant résistante aux herbicides. Il y a eu depuis d'autres affaires, que je n'ai pas eu le temps de mentionner et que m'ont signalé des lecteurs. S'ils le peuvent, qu'ils me signales ces sources. J'essayerai de regrouper tout cela en un dossier.

Il y a des mois j'avais entendu un de mes amis dire :

- José Bové ? Quand il va en prison il sait très bien ce qu'il fait, va !

Ouais. Sait-il ce que représentent quatre mois de prison ferme. Au delà de l'inconfort, de la privation de liberté il y a l'agression morale, le révolte d'être condamné parce que des puissances d'argent on "actionné la justice". Révolte aussi devant l'indifférence du public et de la presse.

Je me souviens comme si c'était hier de la solitude que j'avais ressentie quand je m'étais retrouvé pratiquement seul, à la cour d'appel de Nîmes, face aux juges, dans le procès en diffammation qui m'avait opposé à Antoine Giudicelli, ancien directeur adjoint des applications militaires du commissariat atomique, du CEA, et ancien directeur du centre nucléaire de Marcoule. Il n'y avait que trois jeunes, qui étaient descendus. Un prof d'allemand, un informaticien et un technicien. Le grand absent était le journaliste Jean-Yves Casgha, que je connaissais depuis vingt cinq ans et qui nous avait lancé sur cette affaire d'essais nucléaires souterrains clandestins dans la mine de Gardanne. Il avait préféré, pour les deux audiences, attendre lâchement les évènements à Paris.

- Tiens-moi au courant ...

Et j'ai été condamné à 5000 euros de dommages et intérêt. Pour reprendre les propres termes de mon avocat " tout porte à croire que le juge a instrumenté pour obtenir votre condamnation ". J'ai expliqué cela, dans un dossier, il y a deux ans. Quand j'y repense, c'est vertigineux. Le juge a simplement utilisé un artifice de procédure qui lui permettait d'écarter les deux témoignages que j'avais et qui pouvaient alors " être écartés du dossier " alors qu'ils avaient été produits en première instance. J'ai été " déchu du droit de faire la preuve ". On ne croît pas cela possible. Et pourtant c'est vrai.

Une avocate que je connaissais m'avait dit il y a un an :

- Laisse tomber. Ne mets pas de commentaires dans ton site, c'est beaucoup trop dangereux. Tu as été condamné pour diffamation au profit de Giuidicelli. Ne t'en prends pas à un juge. Ca ne se fait pas. Ces gens sont intouchables. Leurs décisions sont souveraines. Tout au plus peut-on les contester pour des vices de procédures. Si tu contestes la décision d'un juge, tu risque de t'en prendre plein la gueule.

J'ai laissé tomber, aussi parce que tout le monde s'en fout. Giudicelli a gagné et il a sans doute pu, avec cet argent, changer sa voiture. Il a du bien rire de moi, le petit chercheur qui a joué les Don Quichotte.

- Tu as vu, mon bonshomme, ce qu'il en coûtait de s'en prendre à un ancien responsable des applications militaires nucléaires ? ....

Oui, j'ai vu. Ils ont gagné et les tirs nucléaires souterrains clandestins continuent sur le territoire français, tout tranquillement. Qui croirait qu'après la fermeture du site de Mururoa nous n'avons rien fait péter depuis 9 ans ?

Il y a ce qu'on appelle des "tirs chauds" où on fait vraiment péter une charge d'une kilotonne ( maintenant on arrive encore à réduire cette charge, à quelques centaines de tonnes, en équivalent TNT ). Au procès en appel j'avais produit un rapport américain de la National Geographic Society ( que le juge du Tribunal d'Appel n'a pas mentionné dans le qattendu du jugement ), sur "la détection des tirs nucléaires clandestins" qui montrait que si on effectuait ceux-ci dans des mines au centre de cavités de 20 mètres de diamètre, la secousse sismique due à l'onde de choc frappant la paroi sphérique donnait un signal égal ou même inférieur à 3, ce qui correspond à un tir de mine tout à fait modeste. Il est donc parfaitement possible d'abriter cette activité militaire au sein d'activités civiles, en se servant d'une mine en activité. C'est ce qu'ont fait et que continuent de faire les Pakistanais et c'est ce que feront les Iraniens, si un jour ils possèdent la bombe. Les autorités civiles peuvent très bien être tenues à l'écart de telles activités. Je pense qu'à Gardanne les militaires français ont effectué une centaine de tirs. On a eu les enregistrements sismiques de ces tirs, tous situés à la même profondeur : 1000 mètres et tous de magnitude 3. Des explosions qui se situaient dans une région ... ou il n'y avait pas de lignite ! Des enregistrements sismographiques qui avaient été faits dans un laboratoire du Cnrs, spécialisé dans la tectonioque des plaques.

Quand mon livre " OVNI et armes secrètes américaines " est sorti en janvier 2003, où j'ai évoqué tout cela, la décision de fermer la mine et de la laisser s'ennoyer est tombée une semaine après, après un lock out effectué par "des personnes en encagoulées". Depuis, l'eau a monté. La zone à moins mille mètres est déjà ennoyée. Comme c'est du calcaire, celui-ci sera automatiquement dissous et s'il y a réellement eu des essais nucléaires là-bas, tôt ou tard il y aura des effondrements qui libèreront des déchêts des explosions nucéaires, jusqu'ici confinés dans des cavités. Comment ceux-ci sont thermiquement actifs, les courants de convection les amèneront à plus faible profondeur, là où circule l'eau de très nombreuses rivières souterrainesn, qui les entraîneront jusqu'à ce qu'ils débouchent dans les belles eaux cristallines des Calanques de Marseille. Il s'en suivra une pollution irrémédiable de toute la Méditerrannée. Mais la cause a déjà été trouvée. Il s'agit "d'un cargo Russe qui transportait des déchêts nucléaires et qui a coulé, au fond d'une fosse". C'est ce qu'on vous sortira, quand on trouvera une radioactivité anormale dans des courants marins de la Grande Bleue. En attendant de devoir se baigner un jour avec un compteur Geiger à la main...

On ne peut plus rien faire. Si ces tirs ont été faits dans cette mine, le pire était de la laisser s'ennoyer. Et l'ennoyage est irréversible. Mais vous imaginez, si on avait découvert le pot aux roses, le scandale politique !

Quand nous enquètions encore dans la région, en 2002 un ancien responsable de la sécurité de la mine de Gardanne nous avait dit, Andréas Guest, le professeur d'Allemand descendu de Paris en est témoin : :

- On nous avait demandé d'effectuer des mesures de radioactivité sur les bouches d'aérations et au fond de la mine, mais en conservant le secret le plus absolu. A l'époque je n'avais pas compris pourquoi on nous faisait faire cela, puisque c'est un bassin calcaire où il n'y a pratiquement aucune radioactivité naturelle. Ce se trouve plutôt dans des sols granitiques, comme en Bretagne. Nous avons donc fait ces mesures et rendu nos rapports, sans rien dire à personne. Je vous dis cela entre quatre-z-yeux. Mais si on m'interrogeait, je vous préviens, je nierais tout. Je ne veux pas d'ennuis.

Bien sûr.

Ca, ce sont des tirs "chauds". On a parlé des " tirs froids " où au lieu de comprimer de l'uranium 235 ou du plutonium on est censé comprimer de l'uranium 238, au même propriétés mécaniques, mais non fissile. Entre les deux, les tirs " tièdes " avec un pourcentage d'uranium 235 ( fissile ) plus faible que les 90 à 95 % de ce qu'on trouve dans les charges des bombes. Ca pète, mais " moins fort ". Ces tirs " tièdes " ont été effectués à Monrovilliers, près de Paris et dans beaucoup d'autres endroits. Il y a eu " des incidents ". Bizarre, alors qu'en principe, avec de l'U238 naturel on ne crée aucune fission.

De temps en temps des gens prennent contact avec moi :

- M. Petit, il se passe des choses pas claires près de chez moi. Nous avons encore été témoins de secousses.....

Je réponds " Maintenant je m'en fous. Vous n'étiez pas là quand je me battais en justice, pour vous ".

Vous avez vu la presse, après qu'on ait brièvement annoncé que Bové avait été condamné à quatre mois de prison ferme. Silence total. Par contre, est-ce que vous vous souvenez des sept pleines pages consacrée à Alain Juppé, énergiquement soutenu moralement par son épouse, qui était allé se retirer quelques temps en Bretagne après sa mise en examen pour abus de biens sociaux. Ce grand commis de l'Etat, redevenu très récemment de nouveau éligible, était soudain "frappé en plein coeur par des attaques politiciennes".

Alain Juppé, de nouveau rééligible : " Je ne veux me mêler en aucune manière de la compétition des hommes et des femmes politiques "

Vous croyez que cela a compromis sa carrière politique ? Pensez donc ! Comme disait Pétain en 42 : " les Français ont la mémoire courte ".

J'espère que de nombreux journalistes seront présents dans la salle lorsque le procès en appel de Bové aura lieu. Sinon la tentation sera grande de confirmer sa condamnation, et si c'était le cas il deviendrait inéligible, en particulier pour les présidentielles. C'est peut-être le but poursuivi. J'entends encore mon imbécile de vieux copain me dire " oh, il sait très bien ce qu'il fait, il sait très bien mener sa barque ". L'ennui c'est que les médias ne suivent pas. Quand il sera sous les verrous, je doute que Paris-Match vienne lui rendre visite et lui consacre sept pages.

Mais rassurez-vous. Il nous reste des " verts " militants, comme Cohn-Bendit, député Européen. On ne le verra pas, lui, aller couper des OGM en France.

Hier j'ai entendu évoquer un marchandage entre les Français et les Chinois. Ceux-ci veulent bien acheter encore quelques Airbus, mais en échange d'un "transfert de technologies". Donnant-donnant, disait le commentateur, qui ajoutait " il nous reste à espérer qu'il ne se mettront pas, un jour, à fabriquer leurs propres avions ".

Vous les en croyez incapables ? Comment imaginer qu'une grande puissance, car c'est déjà une grande puissance, qui a été capable par deux fois de mettre des types en orbite à l'aide des fusées lee plus puissantes existant actuellement, et cela du premier coup, ne puissent pas faire face au défi technique qui consiste à construire des avions gros porteurs ? Ca sera là plus vite que vous ne le pensez. Nos Airbus, 380 ils les désossent, les examinent boulon par boulon. L'industrie et le commerce Européen sont condamnés, à terme. Les Chinois savent tout faire. Ce sont même des scientifiques de premier plan. La Chine c'est l'esprit des " fourmis japonaises " comme les avait appelés Edith Cresson, plus la créativité, et même le génie. Historiquement, ils ont inventé pas mal de choses, non ? Alors que les Japonais, fait étrange, ont tout importé. Les caractères chinois de leur écriture, leur industrie, leur médecine. Et ils nous ont inondés de motos, d'électronique. Attendez vous à une invasion semblable, de la part de la Chine, mais d'un autre envergure.

" Le jour où la Chine s'éveillera, le monde tremblera " reprenait Perrefitte dans son livre, il ya 25 ans.

Elle est en train de s'éveiller, très vite, plus vite que vous ne le pensez, pendant que nos hommee politiques font du rafistolage médiatique et électoral et que Sarkozy surfe sur la vague empoisonnée d'une peur qui fait bien son affaire. Carreau dans les sondages.

Nos industriels, nos politiques ressemblent aux trois petits cochons du dessin animé qui se construisent des maisons "faites en bois de mirliton". On entend des discours pitoyables, émanant de salariés ou d'élus de " régions sinistrées " ( récemment c'est l'entreprise Mac Cormick, qui d'ailleurs avait été rachetée par les Ialiens, qui a du fermer ses portes, avec des licenciements à la clé )

- Il faudrait que nous trouvions de nouveaux créneaux pour nous reconvertir....

Pauvres naïfs.

Quant aux politiques, ils ont trouvé des solutions pour équilibrer le budget : ils vendent la France par morceaux. Les autoroutes et l'Edf, récemment. La Sncf, ça se fera un jour. On dégraissera les effectifs, pour alléger la charge salariale. Pour être compétitif on rognera sur la sécurité, comme en Angleterre, au prix d'un déraillement de temps à autre.

Demain ça sera peut-être ... le Musée du Louvre ? Mon ami Jean-Louis Millet suggérait de vendre .. l 'Elysée. Eh oui, dans Paris, c'est bien situé. Ca doit valoir des ronds. A la limite l'Assemblée Nationale peut être considérée comme une société de service, nationalisée. Il y a bien des armées privées, maintenant. Pourquoi pas des gouvernements privés ? Pourquoi ne pas mettre le Palais Bourbon en vente. Mais alors il y aurait peut être des licenciements...

Tiens, la télé a produit une série d'enquêtes sur des accidents d'avions, sur le territoire des USA, au sein de compagnies modernes. Tout est présenté et ça fait froid dans le dos. Je donne un exemple. A un moment, les pilotes d'un appareil voient leur appareil s'engager en pîqué. Comme celui-ci est dénué de commandes électriques ils doivent s'arquebouter sur leurs manches pour maintenir leur appareil en ligne de vol. Le responsable est un "trim", une commande qui règle la position du plan fixe, sur l'empennage. Un avion peut être diversement chargé. Au lieu de compenser au manche, le pilote peut mettre " au neutre " en calant selon son grè l'incidence de l'empennage horizontal de son appareil. Ca existe sur tous les avions. Sur un avion de tourisme on fait ça " à la main ". Sur un avion de ligne ce calage de l'empennage horizontal est réglé à l'aide d'une vis sans fin, actionnée par un moteur électrique. Mais dans ce vol-là, la commande se comporte de façon étrange et l'avion tend à s'engager en pîqué. Au lieu de se poser sans toucher à rien le pilote, ignorant ce qu'il en est exactement, tente des manoeuvres pour "décoincer ce système", secoue l'appareil. En fait la vis sa fin n'a pas été graissée depuis des lunes. La compagnie, connaissant des difficultés d'argent a rogné sur la maintenance. L'enquête le démontrera, suite aux confidences d'un responsable qui, licencié, perdra toute chance de retrouver un emploi dans le monde de l'aéronaitique. L'examen montrera que le filetage de cette pièce a tout simplement lâché. Dans le vol en question, quand le pilote secoue l'appareil pour " décoincer le mécanisme " il gagne la timballe. Le filetage lâche complètement et le plan fixe, se calant en pîqué maximal engage l'avion dans une plongée mortelle vers l'océan. Aucun rescapé.

Mais nous sommes aux Etats-Unis. Des années de procès et une patiente récupération des débris au fond de la mer, puis une reconstitution minutieuse et coûteuse permettront d'établir les causes de l'accident. On retrouve la vis sans fin et son filetage complètement arraché dû à une absence de graissage, elle même découlant d'une carence dans la maintenance. Mais dans d'autres pays, on fait quoi ? Qu'est-ce qui a entraîné une unité d'Egypt Airlines au fond de la Méditerrannée ? Cela fait très peu de temps que les usagers commencent à s'interroger sur l'état des avions sur lesquels ils volent.

" Incident de vol "

Derrière tout cela, l'argent, le profit, la " dure loi de la concurrence ", la ... loi du marché.

Je vais quand même terminer sur une note optimiste. Cette association " Savoir sans Frontières " , c'est quand même une belle idée. Quand on expédie des médicaments et de la nourriture aux confins de la planète on ne sait jamais si, à l'arrivée, ces produits ne seront pas revendus. Je me souviens avoir été présents en Ethiopie, à Addis Abbeba, au moment d'une terrible famine. La famille du Négus revendait l'aide alimentaire aux pays voisins, comme le Kenya. Tout le monde le savait, alors que les rues étaient bourrées de gens en train de crever de faim.

Les connaissances, ça ne se revend pas. La thésaurisation du "tout numérique"" est imposible. De la façon dont nous avons organisé ce truc, le coulage lui-même est impossible. Il n'y a pas de "chargés de mission", grassement payés, commission chargées d'effectuer des " pré-études d'impact ". Tiens, je vais vous raconter une histoire d'une stupidité fabuleuse. Il y a six mois une femme m'appelle :

- M. Petit, j'ai entendu parler de vous. Croyez-vous que la bande dessinée puisse être un bon moyen d'apporter des connaissances en Afrique ?
- Je pense bien !
- Mais ... qui verriez-vous pour composer de tels ouvrages ?
- Eh bien, moi. On commence demain, si vous voulez.
- Attendez, monsieur Petit. Vous ne m'avez pas bien compris. Nous cherchons des Africains qui soient susceptibles de créer des bandes dessinées scientifiques et, dans un tel projet nous souhaiterions vous soumettre ces éléments pour que vous interveniez à titre d'expert.

J'attends toujours.

Oui, Savoir sans Frontières démarre pas mal ( si bien qu'il va vite nous falloir trouver de nouveau de l'argent ). Ce mouvement va même permettre à des groupes ethniques de retrouver leur identité culturelle ou de se battre pour la préserver. Une femme, qui est enseignante à Montélimar va traduire un de mes albums en rwandais, sa langue maternelle. Je lui ai dit " il vous faudra créer un site en Rwandais, et présenter d'autres livres de ce genre ". Elle m'a dit "maintenant que je suis installée en France, comme enseignante, je voudrais faire quelque chose pour mon peuple".

Je viens d'appeler au téléphone Hawad, un Touarègue qui vit à Aix en Provence depuis plus de vingt ans. Il est marié à une amie ethnologue, du Cnrs, que je connais de longue date. J'ai toujours entendu Hawad pester contre " l'occident et la technologie ", mais sans fournir la moindre solution alternative, faire preuve d'un minimum de réalisme. Son verbe volubile, incisif sont légendaires. Je lui ai dit :

- Vous devriez, Hélène et toi traduire un de mes livres en touarègue ( comme l'avait fait jadis le père de Foucault avec " Le Petit Prince "). Et vous devriez aussi ouvrir un site internet, pour y diffuser tes poèmes, tes livres, votres culture en général.
- C'est trop cher...
- Comment, c'est trop cher.
- On nous demande 20.000 F pour créer un site.
- Mais ... pourquoi ne le créez vous pas vous-mêmes ? N'importe quel lycéen est capable, maintenant, de faire cela. Tu as peut être entendu parler de l'ordinateur mis au point par le MIT, qui se recharge avec une manivelle et a été conçu à l'intention du tiers monde. En tant que moyen de diffusion c'est beaucoup plus puissant que le livre. Il n'y a qu'à se retrousser les manches et à s'y mettre. Si vous voulez, je vous montre, demain.
- Il vaut combien, cet ordinateur du MIT ?
- Cent dollars.
- Mais les pauvres, avec quel argent ils vont l'acheter, cette machine ?
- Il n'est pas fait pour être vendu, mais donné. Ce sont les armes modernes avec lesquelles vous devez vous battre. Créez-le, ce site en langue touarègue, bon sang. Bougez-vous un peu. Ca ne sert à rien de se lamenter à perte de vue.

Hawad s'est remis à vitupérer contre l'occident et la technologie et m'a ressorti des choses que je lui ai déjà entendu dre cent fois. Puis il m'a raccroché au nez. J'aurai peut être plus de chance avec sa femme Hélène.

L'opération " Savoir sans Frontières " m'a montré une chose. Il existe une frange de gens généreux, prêts à mettre la main à la poche. Il existe aussi d'autres gens, comme mes traducteurs, qui aimeraient bien " faire quelque chose " mais qui sont perdus dans des pays lointains, sans contacts, sans moyens d'actions. J'ai servi de trait d'union, de déclencheur. Le savoir, la culture, cela peut franchir les frontières. Et, coup double, en payant 150 euros à certains traducteurs on leur fournit du même coup l'équivalent de deux mois de salaire !

Tout cela donne des idées. Pourrais-je un jour sortir le projet Antibabel du trou où il gît depuis sept ans ? Je sais qu'il existe maintenant un logiciel qui commence à mettre en oeuvre des idées similaires. Mais il est payant. 999 dollars pour la version " professionnelle ". Il faudrait un outil gratuit. Solution : trouver de l'argent et payer des programmeurs, et spécialement ceux qui habitent des pays où on ne rou:le pas sur l'or. Des gars des pays de l'Est, peut être.

Des choses peuvent être faites. Il faudrait que tous les hommes de la Terre puissent dialoguer en direct, à travers un outil comme MSN Messenger, couplé à un logiciel de traduction en ligne, modulo une "saisie sémantique", que ne semble pas avoir encore bien compris des linguistes qui, de loin en loin m'envoient des mails.

Soyez réalistes, envisagez l'impossible


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