Eclaircissements

20 juin 2006.

Dernière mise à jour : 14 juillet 2006 ( en bas )

21 juin 2006 : Post sur le dossier d'agoravox, édition du 19 juin. Titre :

" 2 milliards de degrés. l'humanité découvre le feu absolu et tout le monde s'en fout ". 128 réactions

Après avoir été jeter un oeil dans le forum agoravox.fr j'ai pu me rendre compte que si certains semblaient avoir perçu l'importance de la percée effectuée en mai 2005 à Sandia sur la Z-Machine, d'autres gardaient une idée assez confuse de l'ensemble, sans doute parce que je ne me suis pas assez bien expliqué. Je vais donc ici répondre aux questions qui ont émergé de ce form, ou aux remarques erronées. Dans le désordre, de mémoire :

 

Remarque d'un lecteur : Ces deux milliards de degrés n'ont rien d'exceptionnel. On fait beaucoup plus dans des collisionneurs de particules.

Réponse : Ca n'a rien à voir. On peut effectivement accélérer des partcules et les faire se rentrer dedans avec une vitesse ( relative V ). Ces partcules ayant une masse m on peut "en déduire la température équivalente". Un lecteur me dit que dans les collisionnels on arrive à provoquer la collision de 200 noyaux. Peut-on considérer cette population comme "un gaz". Ca se discute. Mais de toute façon ça reste ultra-raréfié par rapport à un plasma, a fortiori un plasma dense comme celui créé dans la Z-machine

En règle générale on ne peut pas déduire de raisonnements ayant cours en "physique des hautes énergies", liées à des milieux hyper-raréfiés des conclusions s'appliquant au plasmas hyper-dense de la "fusion intertielle".

Je remarque que des lecteurs continuent de ne pas bien piger cette idée de "confinement inertiel". Les atomes sont serrés les uns contre les autres "pendant un certain temps". Si les conditions réunies sont telles que le libre parcours moyen de réaction ( ici de fusion ) est faible devant le temps pendant lequel ce milieu reste confiné, alors la réaction ( fusion ) a lieu.

Une bombe H fonctionne en confinement intertiel. Le Li H est comprimé et reste "confiné" pendant un temps suffisant pour que les réactions de fusion se produisent. Dans les bombes ça se chiffre en dizaines de nanosecondes.

 

 

 

Remarque d'un lecteur : Obtenir 2 milliards de degrés, c'est très joli. Mais encore faut-il pouvoir maintenir cette température ! Je rappelle que c'est le poroblème dans les tokamak et les machines comme ITER "qui ont encore de beaux jours devant elles".

Réponse : Dans une "fusion intertielle" le confinement est précisément dû l'inertie et il est de très brêve durée. Mais il est suffisant pour que les réactions de fusions se fassent. Une bombe H est un système à confinement inertiel où de l'hydrure de lithium est brutalement comprimé par la pression de radiation fournie par l'explosikn d'une bombe A ( sous forme de rayons X ). Plus simplementune bombe A marche par confinement inertiel. Une sphère creuse de plutonium est brutalement comprimée à l'aide d'un explosif. Et tout se joue en dizaines de nanosecondes. Et ça marche avec "seulement" 500 millions de degrés. Si on plaçait une aiguille d'hydrure de lithium sur l'ax du "liner à fils" de la Z-machine, avec 2 milliards de degrés je pense que la fusion serait instantanée. Je pense que les américains se sont empressés de faire la manip, mais ne l'ont pas crié sur tous les toits, étant donné les implication "défense". cela expliquerait au passage la décision du Congrès US de relplacer les 6000 ogives américaines par "des nouvelles bombes"

A l'inverse, au coeur du soleil où il n'y a que 20 millions de degrés "la fusion prend son temps".

Le fameux "critère de Lawson s'obtient en exprimant simplement que pendant le temps où la température est atteinte les réactions de fusion ont le temps de se dérouler. C'est une question de "sections efficaces de collision". Dans un tokamak comme ITER la fusion est évidemment lente ( sinon la machine ... exploserait comme une bombe ).

Le moteur à explosion est une bonne image d'une réaction en confinement inertiel. La combustion est très rapide et s'effectue pendant la brève excursion de température ( dans un diesel, en fin de compression ). Ainsi la comparaison d'ITER avec ... la machine à vapeur n'est pas si sotte que ça en a l'air. Dans la machine à vapeur les calories sont apportées en continu, dans une chaudière. Dans un moteur dit "à explosion" elles sont apportées par impulsions, pendant des temps très brefs.

 

 

 

Remarque d'un lecteur : Je ne vois pas comment on pourrait transformer une Z-machine en générateur l'électricité. Il faut à chaque fois remettre en place tout le bazar, non ?

Réponse : Les premiers canons se chargeaient pas la gueule. Il fallait mettre la poudre, la bourre, le boulet. C'était ... lent. Dans une mitrailleuse ou un canon à tir rapide c'est ... nettement plus rapide, parce qu'entre temps on a inventé la cartouche. Imaginez donc des "cartouches" constituées par des ensembles électrode en forme de disque, liner à fils ( la "cage à serin" ) et cible en hydrure de lithium ( armé, c'est un métal mou ) disposé selon l'axe. Imaginez qu'on replace ces cartouches dans la machine à rythme rapide.

L'idée est d'un lecteur non-scientifique !

 

 

Remarque d'un lecteur : Je ne vois pas comment on pourrait transformer une Z-machine en bombe. C'est lourd, encombrant.

Réponse : Relisez mes dossiers. La Z-machine délivre 20 millions d'ampères en une fraction de microseconde ( 0,1 µs ). Mais le générateur à disque russe délivre 35 millions d'ampères en une fraction de microseconde et c'est un engin à explosif, dont le poids est de l'ordre de la centaine de kilos. Dans mon site le lecteur trouvera comme des pièces de meccano tous les éléments pour faire une bombe à hydrure de lithium à "fusion pure" en enchaînant des systèmes magnéto-pyrotechniques ( à la russe ). Si cette fusion a été obtenue à Sandia ( et je suis convaincu que c'est le cas ) alors ce sont sur ces systèmes que les équipes de Los Alamos et Livermore ( voir article du Los Angeles Times ) plancheraient nuit et jour depuis un an.

 

 

Remarque d'un lecteur : Il faut attendre que ce résultat, ces deux milliards de degrés ait été confirmé par d'autres équipes

Réponse : Pour le moment ce générateur électrique impulsionnel, car la machine de Sandia est avant tout cela, délivre 20 millions d'ampères en 0,1 µs. Elle est la seule à pouvoir donner ça. Le générateur du centre de recherche militaire de Gramat ( France, Lot ) donne 2,5 millions d'ampères, également en régime sub-microseconde. Le générateur Anglais Magpie donne 1,4 millions d'ampères. Les russes n'ont peut être pas l'équivalent de la Z-machine chez eux, pas encore, mais ça ne traînera pas.

Jusqu'ici les gens n'avaient pas cru nécessaire de viser des ampérages plus élevés, parce que ces machines étaient conçues pcomme des sources de raysons X avec des températures en fin de compression de quelques millions de degrés ( 2 millions de degrés à Sandia il y a quelques années, en 1999, je crois ).

Ceci étant une machine comme la Z-Machine de Sandia c'est 100 millions de dollars, le centième d'ITER ( 10 milliards de dollars et probablement plus à l'isage ). Logiquement on devrait mettre ça sur pied immédiatement. Bavay, dans sa thèse ( voir sur mon site ) avait recommandé 60 millions d'ampères en 100 nanosecondes. Les Français ont largement le savoir-faire pour construire ça en moins d'un an. Croiyez-moi, "d'autres équipes se montent", mais très probablement sous le couvert du secret défense. Quand à la Z-machine elle aura bientôt une grande soeur, la ZR, avec 27 millions d'ampères.

Enfin, l'abondance de moyens de mesure à Sandia, le sérieux de l'équipe, la compétence de gens comme Malcom Haines, etc, font que l'artefact n'est pas envisageable. Deeney a bien dit : on a refait la manip N fois pour être bien sûr qu'on ne rêvait pas !

Pourquoi soudain un tel saut en température, un bond d'un facteur mille en moins de 5 ans ? Parce que dans la Z-machine on ne comprime pas un plasma ( gazeux, sujet à maintes instabilités MHD ) on lance des tiges d'acier inox les unes contre les autres. Le métal ( thèse de Bavay ) se sublime relativement lentement, "le coeur restant froid". On cherche actuellement la vitesse de sublimation de l'inox. Si elle est plus faible que celle du tungstène, ça expliquerait le saut : le système resterait à l'état de tiges de métal, denses, plus longtemps, donc le confinement peut être plus important qu'avec le tungtsène.

 

 

 

Remarque d'un lecteur : Restons calmes. Il y a toujours un lon temps qui s'écoule entre une découverte et ses applications. Regardez la fusion. On a ramé un demi-siècle. Tout cela est trop récent, il faut attendre, éviter de "mal informer".

Réponse : Contre-exemple : entre les premiers balbutiements de la fission, en 1938 et Hiroshima : 7 petites années. Pour des "applications d'envergure " ça a été plutôt rapide. Et, avant la bombe, le premier réacteur, conçu par Fermi a divergé bien avant. Les gens ont tendance à oublier cela.

 

 

 

Remarque d'un lecteur : Comment stocker l'énergie dans un générateur électrique à fusion ?

Réponse : En quelques jours des gens ont déjà envisagé des tas de solutions, de formules. L'idée ne serait évidemment pas de chercher à transformer la Z-machine en générateur telle qu'elle est. La conversion de l'énergie de fusion, emportée par des noyaux d'éhlium lancés à grande vitesse ( mais pas de neutrons ! ) ne pose aucun problème. On couple à un générateur MHD à induction, simple solénoïde dans lequel l'expansion du plasma crée un courant induit, avec un rendement de 90 % On ne peut pas rêver plus simple.

La recharge de la chambre ne pose pas non plus de problème. Reste le stockage de l'énergie. C'est de l'engineerie. Il y a mille solutions possibles et dans un générateur on n'a pas les contraintes du poids et de l'encombrement. Pour info un stockage mécanique est envisageable, avec un système mumti-rotors.

Autre précision : les tokamaks où le champ magnétique est créé de manière impulsionnelle utilisent un rotor où l'énergie a été stockée sous forme cinétique. En couplant au solénoïde de la machine on met ce "moteur électrique" pratiquement en court-circuit et il arrive à délivrer un million d'ampères. Dans les anciens Tokamaks comme celui de Fontenay aux Roses le champ magnétique de brève durée était créé par ... une montagne de condensateurs. Les condensateurs donnent des décharges brutales mais contiennent peu de Joules,peu d'énergie. Je ne sais pas si avec les joules de la Z-machine on arriverait à .. cuire un poulet.

 

 

 

Remarque d'un lecteur : Ce qui est suspects c'est que les médias ne donnent pas écho.

Réponse : Les médias sciences français ont sous contrôle des lobbies. Dans une revue de vulgarisation scientifique française, avant de parler d'un sujet on se renseignera pour savoir d'avoir si ça ne dérange personne. Or imaginez l'impact des 2 milliards de degrés de Sandia sur des projets comme Megajoule et Iter, qui visent la centaine de millions et n'iront jamais plus haut. Plus dérangeant, meurs.

Une revue comme Pour la Science n'est que la traduction de Scientific American. Les gens de la rédaction attendront donc paisiblement que la revue américaine en parle. Les autres revues attendent d'amboiter le pas à la revue Science ou Nature, etc.

Ceci étant, ce qui est stupéfiant c'est le silence de ces grands médias sciences anglo-saxons comme Scientific American, Science, Nature, trois mois après l'évènement. Rien, pas un mot, même de façon critique. Ce silence me semble hautement suspect.

 

 

 

Remarque d'un lecteur : Cette image publiée, c'est suspect. Et si c'était un canular, un poisson d'avril ?

Réponse : Pas le genre du service de communication de Sandia, ni de Physical Review Leters

 

21 juin 2006

 

Réaction d'un lecteur sur le forum agoravox

" Tel que je comprends le phénomene (je ne suis pas specialiste non plus, mais je travaille dans un domaine annexe. Mon avis est donc comparable a celui d’un dentiste si on lui demande comment fonctionne la croissance osseuse)... l’idee est d’utiliser le bestiau pour faire une sorte de moteur a explosion: on fait des tirs frequents avec un plasma ultra-chaud et on allume la reaction thermonucleaire sur de tres courtes periodes. Mais la somme des periodes est sensee faire plus que l’allumage en continu: comme le moteur a explosion compare a une machine a vapeur. On evite ainsi la necessite de confiner le plasma a bruler a des pressions monstrueuses sur un temps tres long.

Je vous laisse imaginer les difficultes pratiques qui se poseront lorsqu’on voudra industrialiser le processus: enchainer des tirs toutes les secondes et transformer l’energie ainsi obtenue en electricite, d’une facon fiable et non interrompue sur plusieurs annees.

Ces difficultes pratiques metteront un certain temps a etre resolus et d’autres qu’on ne prevoit pas aujourd’hui se poseront en cours de route. La partique scientifico-industrielle est bourree d’exemples ou le principe scientifique est acquis, mais la mise en oeuvre industrielle prends des dizaines d’annees. L’exemple de TOKAMAK en est un...

Je pense donc personnellement que ITER a encore de belles annees devant lui avant qu’on en sache un peu plus sur l’application pratique de Z machine.

Il me parait donc tout aussi absurde de refuser d’etudier la Z machine, que d’abandonner ITER qui est tres proche du prototype industriel mine de rien, au nom d’un procede dont la mise en oeuvre industrielle est encore du domaine de l’imaginaire... "

 

Mon commentaire :

Ces propos h évoquent ce que pourrait être la réponse d'un spécialiste en machines à vapeur qui, confronté à un projet de moteur à explosion s'écrirait : "Vous imaginez les chocs que va subir votre 'groupe électrogène fonctionnant au diesel' comme vous l'appelez, à chaque cycle. Cela pose des problèmes considérables Dans une machine à vapeur, celle-ci est introduite progressivement dans le cylindre. Mais avec ce que vous suggérez, vous imaginez les choc que subirait l'embiellage ! Votre 'moteur à explosion' exploserait, tout simplement, mon brave monsieur. Ou alors, pour que cette nouvelle formule débouche, il faudra résoudre nombre de difficultés techniques et cela prendra un temps fou !"

Il se réfère aux tokamaks pour montrer que la mise en oeuvre peut être laborieuse et prendre longtemps ( en l'occurence un demi-siècle ). Mais peut être est-ce parce que la formule n'est .. pas la bonne. Les trucs bien conçus marchent très vite, même si ce sont des monstruosités. Exemples : le premier réacteur nucléaires, la bombe A, la bombe H, les V1, V2, l'hélicoptère, l'avion à réaction, les générateurs MHD à poudre des Russes, l'envoi d'hommes sur la Lune, etc....etc....

ITER : très proche du prototype industriel ? Que fait-on des problèmes ... non-résolus que cet intervenant "qui n'est pas spécialiste" semble ignorer totalement.

Ses deux dernières phrases trahissent l'ignorance totale de cet intervenant en matière de politique de recherche en France. ITER et Megajoule ont simplement écrasé toute recherche qui aurait représenté une autre filière, commes les manips de fusion impulsionnelle pâr compression électromagnétique. L'argument classique a été "il faut faire des choix". Et on a mis tous les oeufs dans ces deux uniques paniers, à l'exclusion de tout autre. Toute ombre de contestation de la politique France en matière de route vers l'énergie issue de la fusion provoque un tir de barrage intense et immédiat. La réaction est même .. . extrêmement violente.

Faisons le point. Sandia possède une machine qui a réussi la percée avec 20 millions d'ampères. La suivante, ZR, donnera des pulses de 27 millions d'ampères. Progrès modeste. Mais ces machines, rappelons-le, n'étaient conçues qu'en tant que générateurs de rayons X. La France possède à Gramat une machine qui monte à 2,5 millions d'ampères. Très astucieuse, mieux conçue que la machine américaine, moins chère. A Sandia on immerge toujours le bazar dans de l'eau faisant office de diélectrique. Une formule qui remonte à plus de 30 ans d'âge. Voir Pour la Science de janvier 1979.

Les Anglais ont Magpie qui monte à 1,4 méga ampère. Trop peu. Le projet d'un générateur développant 60 méga ampères en 100 nanosecondes existe. Les Français ont le savoir-faire pour construire cela ... séance tenante. Figurez-vous que les dessins existent déjà... Coût : 100 millions d'euros, c'est à dire le centième d'ITER. Top départ donné, cette machine serait immédiatement opérationnelle, prête à l'emploi. Les Français maîtrisent totalement ces techniques des forts courants délivrés en des temps très brefs. Il n'y aurait pas de "longue mise au point". C'est en fait de l'engineering relativement rustique. Toutes proportions gardés, par rapport à des projets comme ITER et Megajoule il s'agit d'un projet modeste, largement à la portée de la France comme de tas d'autres pays dans le monde. Un projet avec 60 millions d'ampères, c'était ce ce sur quoi avaient débouché des gens comme Bavay ( thésard, supélec ) et le concepteur de la machine sur laquelle il a fait ses essais. Bavay avait d'ailleurs amené avec lui son compresseur à double liner à fils à Sandia pour bénéficier de la source de courant de la ... Z-machine, à Sandia. Lisez dans sa thèse le résultats des essais en question. Ce n'était donc pas un complet inconnu outre Atlantique et c'est aux Etats-Unis que ce chercheur brillant est parti, après sa thèse, à .. Sandia.

Un de plus.....

Que va-t-il se passer ? Attendons. De toute manière, vu l'enjeu et la modicité relative de la dépense la réaction devrait être rapide. Le sera-t-elle ?

23 juin 2006

 

Remarque d'un lecteur :

Je veux bien que ces cibles d'hydrure de lithium qu'on suggère de placer au centre de ces machines à fusion impulsionnelle puissent fusionner. Mais dans ce cas, si on place une cible d'un gramme, cela devrait souffler le labo à chaque fois. L'onde de choc produite par l'explosion devrait endommager le solénoïde constituant "le générateur MHD à indiction", non ?

 

Ma réponse :

Comme dans ce qui avait été envisagé dans la fusion par laser ( d'un mélange deutérium-tritium contenu dans de minuscules billes de verre ) ces cibles contiendraient des quantités de Li-H bien moindre. Chaque explosion ne serait pas plus puissantes que celle d'un gros pétard. C'est le rythme des explosions répétées qui permettraient d'avoir par exemple 1000 MW électriques. De plus la cible est environnée par un champ magnétique, qui récupère l'énergie produite mais qui, au lieu d'être la paroi d'un piston se présente comme un obstacle mou, une sorte "d'édredon magnétique" qui absorbera l'énergie.

 

 

 

Signalé par des partipants du forum, deux choses :

1 - Les Anglais emboitent le pas aux Américains en annonçant eux aussi leur intention de remplacer leurs têtes nucléaires.

2 - Le prix Nobel Japonais Koshiba rejoint de Gennes dans ses critiques :

Actuellement, souligne-t-il, la fission nucléaire libère des neutrons d’une énergie moyenne d’un ou deux MeV seulement. Pour M.Koshiba, les scientifiques doivent d’abord résoudre ce problème des neutrons de 14 MeV "en construisant des murs ou des absorbeurs" avant de pouvoir affirmer qu’il s’agit d’une énergie nouvelle et durable. C’est, affirme-t-il, une solution très coûteuse. "S’ils doivent remplacer les absorbeurs tous les six mois, cela entraînera un arrêt des opérations qui se traduira en un surcoût de l’énergie", critique le physicien. "Ce projet n’est plus aux mains des scientifiques, mais dans celles des hommes politiques et des hommes d’affaires. Les scientifiques ne peuvent plus rien changer", déplore-t-il avant d’ajouter: "j’ai peur". (...)

"Je souhaite que le gouvernement français ait l’honneur d’accepter Iter dans son propre pays", ironise M.Koshiba. "Les scientifiques français sauront peut-être mieux gérer ces neutrons de 14 MeV. Après tout, le France est déjà activement impliquée dans le traitement des matériaux radioactifs dans ses centrales nucléaires". "Je pense, conclut-il, que, certainement, les scientifiques et les ingénieurs français ont plus de connaissances et d’expérience que ceux des autres pays pour s’attaquer à ce nouveau problème de neutrons 14 MeV", conclut-il.’

 

 

Julien Geffray le 23 juin 2006 à 11H03


Les nouvelles actuelles semble donner raison à Jean-Pierre Petit concernant la reprise de la course aux armements de type nucléaire, hélas.
Ça n’a peut-être rien à voir avec la "découverte" de la Z-machine de Sandia (ou au contraire c’est peut-être une conséquence directe, avec de nouvelles armes à fusion exclusive, à toutes les puissances possibles de faible à illimitée...).

En tout cas, après les USA, ce sont maintenant les Britanniques qui viennent d’annoncer le renouvellement de l’ensemble de leur parc de têtes nucléaires! Cet arsenal nucléaire "devant être amélioré" selon le ministre des finances -et probable successeur de Tony Blair- Gordon Brown, lors d’un discours prononcé à Londres mercredi 21 juin 2006. Le Royaume-Uni possède quatre sous-marins nucléaires Trident lanceurs de missiles balistiques, équipés chacun de seize engins à têtes multiples d’environ 12000 km de portée. Le renouvellement du dispositif, qui doit avoir lieu d’ici à 2024, coûterait entre 14,6 et 36,4 milliards d’euros selon des experts.

SOURCES :

Article du quotidien "20 minutes" n°993, 23/06/06, p.13: "A Londres, le nucléaire divise les travaillistes" et sur le web: http://www.20minutes.fr/articl...

Et en Angleterre, artciles très nombreux et plus fournis :
The Independant - "Britain to renew nuclear missiles after Brown pledges his support": http://news.independent.co.uk/uk/politics/article1094711.ece

Times - "Arms and the man": http://www.timesonline.co.uk/article/0,,542-2238940,00.html

Financial Times:
"Brown snubs left with Trident pledge": http://www.ft.com/cms/s/0e0eabd6-015b-11db-af16-0000779e2340.html

"Brown homes in on targets with Trident stance": http://www.ft.com/cms/s/f3fc8e80-018b-11db-af16-0000779e2340.html

"Brown in pledge to replace Trident": http://www.ft.com/cms/s/8aad9686-018b-11db-af16-0000779e2340.html

"Brown fires only first shot in missile debate": http://www.ft.com/cms/s/49b2c654-0255-11db-a141-0000779e2340.html

 

 

25 juin 2006

Question de lecteurs :

Cette température qui se chiffre en milliards de degrés, a-t-elle été mesurée ? Est-il vrai que l'énergie émise dépasse l'énergie cinétique correspondant à l'implosion des fils de métal sur l'axe ?

 

Ma réponse :

Elle est sur mon site, dans l'analyse que je donne de l'article de Haines, à deux niveaux ( vulgarisation et analyse plus pointue ). Oui cette température a été mesurée de manière fiable. Elle évolue d'ailleurs au cours de l'expérience en montant de 2,66 milliards de degrés à 3,7 milliards. En effet l'énergie cinétique est 3 à 4 fois inférieure à celle émise par la machine, sous forme de rayons X. Haines justifie cela en disant que lors de l'implosion une grande quantité d'énergie se localise dans l'espace entourant l'ensemble des fils, sous forme de champ magnétique. La où il y a champ magnétique il y a pression magnétique. Et une pression est une densité d'énergie par unité de volume. Si on crée un champ magnétique dans le vide, ce vide se met à contenir de l'énergie. Il propose une idée selon laquelle "des instabilités MHD" permettraient à une partie de cette énergie de chauffer les ions fer. Mais cette théorie reste embryonnaire. Ceci étant, le fait est absolument indéniable.

 

 

 

Un lecteur :

Comment feraient les Américains pour adopter une bombe nucléaire sans l'essayer ?

 

Réponse :

La bombe " à fusion pure " , à hydrure de lithium ne produit que de l'hélium. C'est une bombe parfaitement écologique. On peut respirer sans problèmes les déchets qu'elle produit. C'est la " bombe verte " en quelque sorte. De plus il suffit de valider le concept. Si une charge d'hydrure de lithium grosse comme une allumette peut être mise à feu, alors cette amorce peut à son tour faire exploser une quantité illimitée d'explosif thermonucléaire. Ces bombes ne créant pas de radioactivité n'entrent pas, somme toute, dans le cadre des traités d'interdiction des essais aériens et pourrait être essayée en plein air, voir sous l'eau ( pas de pollution révélatrice ).

Kill me cleanly ( tuez-moi proprement )

 

 

 

14 juillet 2006 : Pourquoi les Z-machines doivent-elles délivrer leur "pèche" en un temps si bref ?

20 millions d'ampères en 100 nanosecondes ! Pourquoi devoir viser un temps si bref ? Pourquoi pas une ou plusieurs microsecondes ?

Ce qui confère de la chaleur au gaz d'ions ça n'est pas l'effet Joule, puisqu'il existe un certain découplage énergétique entre le gaz d'ions et le gaz d'électrons, c'est l'énergie cinétique acquise par les fils le long de leur course quand ils convergent vers l'axe, brutalement convertie en chaleur au moment de l'impact ( stagnation condutions ). Le courant qui parcourt les fils est électronique et non ionique. Ce sont donc les électrons qui subissent la force de Laplace V x B . C'est le gaz d'électrons qui se trouve projeté vers l'axe. Les électrons acquièrent ainsi de l'énergie cinétique, qui sera redistribuée dans toutes les directions par collisions électrons-électrons et électrons-ions. Mais les ions fer et les électrons ont des masses très dissemblables. Le rapport est de l'ordre de cent mille. Dans ce processus d'accélération vers l'axe puis d'échauffement à l'impact ce sont les ions qui sont gagnants, ce qui crée d'emblée cette situation hors d'équilibre, bitempérature, à laquelle nous ne sommes pas habitués. Dès l'impact la température dans le gaz d'ions est déjà plus élevée, et de beaucoup, que celle du gaz d'électrons. Pourquoi les ions suivent-ils les électrons lorsque ceux-ci, subissant l'action de la force de Laplace plongent vers l'axe ? Est-ce du fait des collisions ? Très partiellement. Electrons et ions restent étroitement liés par le champ électrique et ne peuvent être séparés que d'une distance qu'on appelle la distance de Debye, qui est faible.

Si le temps d'implosion est trop important, parce que l'impulsion de courant est trop étalée dans le temps ( le nombre de joules disponibles dans la décharge est limité ) les fils auront le temps de se sublimer. Quittant leur prison métallique solide les électrons, interagissant avec le champ magnétique représenteront une imporatnte perte d'énergie radiative par rayonnement de freinage. Si la matière du liner passe à l'état de plasma, les forces de pression s'opposeront plus tôt au collapse. L'efficacité maximale sera obtenue si on parvient à amener la matière sous forme de fils solides le plus près possible de l'axe du système.

L'ensemble du processus reste complexe. Tout ce qu'on sait c'est que dans les conditions actuelles, avec les paramètres choisis ça marche.

 

 


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