Torpilles, sous-marins, etc...

 

18 février 2009 - 25 mars 2010 - 31 juillet 2010

 

A travers une hélice passe un débit-masse Q, en kilos par seconde. Si l'hélice assure une force de propulsion c'est qu'elle accélère le fluide au passage. La force de propulsion, transmise à l'arbre, est alors

Q ( V2 - V1 )

la quantité entre parenthèses représentant le gain de vitesse.

C'est ainsi, que l'hélice brasse un gaz ou un liquide. Il existe cependant une différence importante entre ces deux milieux. Les liquides sont beaucoup plus visqueux que les gaz. Le mot viscosité parle peu à l'homme de la rue. Pour lui, ce qui est visqueux est " collant ". Pour un mécanicien des fluides un fluide visqueux est un fluide qui, circulant à une vitesse V et avec une masse volumique ro produira une force de friction plus importante. C'est cette viscosité importante de l'eau qui limite la vitesse des torpilles conventionnelles à cent - cent vingt kilomètres à l'heure. Au delà, la puissance à fournir pour les faire évoluer plus vite deviendrait prohibitive.

Petite parenthèse : comment fonctionnent les torpilles " hypervéloces " ?

On se débrouille pour les faire évoluer, non au contact de l'eau mais de vapeur d'eau, laquelle est créée au nez de l'engin par injection d'un gaz produit par une fusée. C'est le cas des torpille Shqwal russes, adoptées par les Chinois, lesquelles ont transmis cette technologie aux Iraniens. J'avais signalé cela dans mon livre " OVNIS et armes secrètes américaines " dès 2003 ( Albin Michel ). L'équivalent américain est la torpille " Supercav ". Cav, pour cavitation. La cavitation est ce qui se produit naturellement quand une hélice crée une dépression suffisante pour que l'eau se vaporise ( quand la valeur locale de la pression tombe en dessous de " la tension de vapeur saturante " ). C'est ce qui avait amené le journaliste Larousserie à écrire, et à me redire lors d'une rencontre, " qu'il suffisait que la torpille pénètre dans l'eau assez vite pour que la cavitation se produise et s'entretienne ". Il citait à l'appui de ses dires les balles de fusil tirées dans l'eau.

Mamma mia. Les journalistes scientifiques ne sont plus ce qu'ils étaient....

J'ai vainement essayé de lui sortir cette idée de la tête ( cette idée-là et de nombreuses autres du même genre ). Mais dans ces cas-là, l'abandon s'impose. Quod feci.

En 2002-2003 ce concept de torpille hypervéloces avait donné naissance à des remarques assez savoureuse. Témoin celle d'un amiral français, répondant à un ami, présent lors d'une manifestation annuelle " Euronaval ":

- Vous savez, en matière de torpilles, la vitesse, ça n'est pas tout .....

Il semblerait que cet amiral pousse un projet de retour vers une marine militaire à voile, le bois et la toiles assurant une excellente furtivité vis à vis des ondes radar.

Les torpille modernes sont propulsées par fusées à poudre. Elles dépassent aisément les 400 km/h, sous l'eau, sont filoguidées, guidés par des fils qui se déroulent à partir de bobines transportées par la torpille ( et non installées à bord du sous-marin ). Pour éviter que les gaz crachés par la tuyère ne crâment les fils de guidage, ceux-ci sont déroulés à partir de bras qui se déploient après éjection de la torpille hors de son étroit conduit, à l'aide d'une jet d'air comprimé ( les missiles intercontinentaux sont également éjectés de la même façon, puis allumés hors du sous-marin ).

 

shqwal

 

La torpille russe Shqwal, vue de l'arrière. Sur ses flancs ses filières latérales, de filoguidage, déployées.

 

Les tubes entourant le " coquetier " de la tuyère centrale sont peut être des injecteurs de gaz à plus basse température permettant de gainer le jet principal, en présentant une impédance acoustique différente, ce qui permettrait alors de faire se réfléchir les ondes sonores ( turbulence ) émises par le propulseur à poudre, a priori fort bruyant.

Ceci étant, vous pourrez peut être vous demander comment une telle torpille peut être pilotée. C'est extrêmement simple. Les photos de l'avant de cette machine traînent maintenant partout.

 

tete torpille 1    

Une torpille Shqwal russe, vue de l'avant, lors d'une présentation au public

 

 

tête torpille 2

Détail de son orifice d'éjection de gaz chaud, avec déflecteur monté sur cardans, assurant le pilotage

 

Le gaz sort dans l'axe, vaporise l'eau de mer, qui déboule à 500 km/h. La tuyère est entourée par une rotule sphérique autour de laquelle tourne une plateau circulaire qui fait s'épanouir la vapeur autour de la torpille. En l'inclinant à l'aide de deux vérins, dont un est visible, on modifie la couche de vapeur léchant les parois de la torpille, donc la contribution, en chaque endroit, de la valeur locale de la traîné de friction. Cette torpille, filoguidée mais dénuée d'autoguidage, s'avère donc très maniable.

31 juillet 2010. J'ai rencontré un collègue chercheur, qui dirige un laboratoire de thermique à Marseille. C'est celui qui a accepté un contrat avec ITER, pour étudier les chocs thermiques sur les parois métalliques.

- Oui, je sais qu'ITER est une connerie. Mais, tu comprends, si je n'acceptais pas, je pouvais dire adieu à mon poste à l'université.

En racontant cela, je sais que ça ne va pas lui plaire. Mais cela me choque qu'un chercheur ait aussi peu d'éthique et simplement d'honnêté. Ceci étant, de nos jour, que enseignant-chercheur sait encore ce que signifie le mot éthique, sauf des types comme Vélot qui se battent contre les OGM à l'INRA, et se retrouvent dépouillés de tous moyens et crédits.

Il y a une quinzaine d'année Jean-Claude Charpentier était directeur du département Science Physique pour l'Ingénieur au Cnrs. Le courrier du Cnrs avait sorti un numéro spécial consacré aux rapports entre les chercheurs et l'armée, intitulé "chercheurs, il faut qu'on se parle". Dans ces pages Charpentier disait qu'il ne disposait pas d'assez de de contrats avec l'armée pour satisfaire les demandes des chercheurs ....

Je n'insisterai pas sur les défauts irrémédiables d'ITER, j'en ai suffisamment parlé N fois. Il n'empêche qu'on fait le forcing pour faire passer cette " danseuse " à 15 milliards d'euros en pleine période de restrictions de d'austérité. N'importe quoi ..

A ce jour le terrain a été dégagé, à Cadarache. On voit cette vaste cicatrice, quand on vole en planeur. Mais les travaux sont pour le moment arrêtés, jusqu'à ce que ce budget, encore plus pharaonique, soit voté. Quand je pense à notre "laboratoire de MHD, qui tient sur une table à roulettes et qui commence déjà a donner des résultats publiables, ça parait surréaliste...

 

banc

 

Notre banc d'essai pour expériences de MHD en basse densité, opérationnel depuis juillet 2010

Coût : 2000 euros


Dans ce même laboratoire de thermique des chercheurs ont un contrat avec la Marine, pour étudier des torpilles à cavitation. Selon leur patron, cette cavitation " serait simplement obtenue par la vitesse ". Autrement dit, on place à l'avant de la torpille (propulsée par fusée : les Français se décident à abandonner l'hélice, avec 40 ans de retard) un cône à l'aval duquel la cavitation se produit, faisant que le reste de la torpille avance dans un environnement de vapeur d'eau, ce qui réduit la traîné de frottement, sur les flancs.

- Mais, la traînée due au cone ?

- Ah ça, je ne sais pas....

Ces gars ignorent tout de la technologie du style Shqwal russe ou supercav américaine. On peut en parler puisque c'est le secret de Polichinelle. Même les Iraniens ont des Shqwal achetées aux Chinois, qui les fabriquent sous licence. Le produit est russe à l'origine, vieux de 30 ou 40 ans.

Dans le système russe, un générateur de gaz chauds éjecte celui-ci vers l'avant. Il transforme alors l'eau de mer en vapeur. Un système que les Français ne semblent pas encore avoir compris.

Comment se pilote une Shqwal ? Par filoguidage d'abord. Des suports des fils sortent de leurs logements après la sortie du tube lance-torpille. On voit le système de guidage, d'une rusticité alliant l'efficacité, sur les photos. Mais je le détaille avec quelques dessins.

 

Shqwal pilotage 1

Shqwal pilotage 2

 

 

 

J'ai raconté cela pour bien vous rappeler que lorsqu'on déplace un objet dans l'eau, une force de friction importante se manifeste. On pense d'abord à l'aspects traînée, mais on oublie d'entraînement. Jetez un oeil à la planche ci-après :

 

écoulement au voisinage d'une hélice

 

On a dit que si une hélice assurait une force transmise selon son axe, une force de poussée, cela allait de pair avec l'accélération de l'eau, au passage. Ceci correspond donc à la figure en haut et à gauche. Il y a conservation du produit ro V  S , où ro est la masse volumique, V la vitesse et S la section droite de ce qu'on appelle un mécanique des fluides un " tube de courant (fluide) ". La masse volumique de l'eau, un kilo par litre ou mille kilos par mètres cube ( en unités MKSA ) est constante, l'eau étant un fluide incompressible. Don le produit V S est constant. En avant de l'hélice la même débit Q d'eau est assuré dans un tube de courant plus resserré.

Une remarque au passage. Les tourbillons marginaux des hélices, en bout de pales, représentent une perte d'énergie. On peut les réduire en faisant trouver l'hélice dans un carénage. Il est évident alors que ce carénage devra épouser la force idéale du " tube de courant " pour l'allure considérée. Il serait absurde de loger les hélices dans des carénages à section constante, ce qui signifierait qu'on n'a rien compris à la façon dont fonctionnait une hélice. C'est pourtant ce que faisait allègrement Hervé Jaubert, Pdg de la société Exomos, sise à Dubaï; qui nous avait fait inviter pour deux semaines, Christophe Tardy et moi, en 2005 ( ce qui donna lieu au dossier " Deux semaines à Flouzeland " ). .

Faites exomos sur Google, vous verrez apparaître une des réalisation de cette société :

 

Exomos1

 

Un sous marin permettant à un émir de naviguer en emmenant ses quatre épouses.

 

Emir et ses épouses

 

Lisez ce reportage fait par le Figaro sur " cette société en pleine expansion. Quelques extraits :

 

 

Propriétaire d'Exomos, Sultan Ahmed bin Sulayem se frotte les mains. Patron des ports et des douanes de Dubaï et l'un des cinq lieutenants du cheikh de Dubaï, ce puissant homme d'affaires en dishdasha blanche a, pour l'instant, investi 25 millions de dollars. Sans oublier le prêt de 30 000 mètres carrés de désert, au bord des eaux territoriales. Une broutille face aux bénéfices espérés (...).

Hervé Jaubert est tout aussi ravi et ne regrette pas, à 50 ans, de s'être expatrié dans le désert : «Je n'ai pas encore mon sous-marin, mais je roule en Lamborghini bleu pastel pour me différencier des Ferrari rouges et j'ai un yacht de dix-huit mètres, tout va bien.»

Avant d'en arriver là, Hervé Jaubert a pourtant eu pas mal d'ennuis. Après avoir quitté la France et la DGSE pour des raisons qu'il préfère taire, il a monté sa première usine aux Etats-Unis.

 

 

Et si vous voulez être complet, faites Hervé Jaubert sur Google. Bonne lecture ....

Encore une digression. Mais, que diable, par ces temps troublés il ne faut pas perdre l'occasion de rire un peu. En 2005 Jaubert avait pris contact avec moi à cause de mes compétences en matière de travaux sous-marin ( une histoire que je raconterai dans une autre vie ). Jaubert est un ancien de la DGSE. Je ne peux que rapporter ses dires. Il avait fait l'école navale, puis était devenu, non un honorable correspondant, mais un permanent de la piscine. En tant que membre du service action il avait subi toutes sortes d'entraînements, depuis la chute libre jusqu'aux stage chez les nageurs de combat. Il avait, vers la quarantaine, voulu quitter la maison. Or la formation d'un 007 français coûte la peau des fesses. On lui aurait donc collé une affaire sur le dos, une tentative d'extorsion de fonds, pour trois francs six sous. Ici, un lien vers une information non vérifiée. . Mais Jaubert, prévoyant, avait déjà mis sa cagnotte à l'abri, aux Etats-Unis. Là, lui serait venu l'idée, pas bête a priori, de concevoir et de construire des sous-marins envisagés comme des cloches à plongeur navigantes, dotées d'un système maintenant constante la quantité d'air embarquée. Donc, des sous-marins dont la coque, ne subissant aucun effort, puisse être construite en polyester. Je ne sais pas comment il avait réussi à convaincre les émirs de Dubaï que pour être vraiment " in " et se faire remarquer du monde entier, pour aller d'île en île un émir devrait se déplacer .. en sous-marin.

 

Jaubert et le Cheik Mohammed

Hervé Jaubert et le Cheik Mohammed, devenu, à la mort de son père, le maître absolu de Dubaï

 

Invité à Dubaï, j'ai préféré ne pas y aller seul, par simple prudence. J'ai donc demandé à mon ami Christophe de m'accompagner. Nous n'avons pris avec nous que des bagages de petite taille, entrant en cabine. Dans ce genre de visite, on a vite fait de trouver de l'héroïne dans un bagage mis en soute, de façon à vous offrir de longues vacances dans quelque geôle locale.

Exomos était bien une entreprise hyper-luxueuse, de 30.000 mètres carrés, bâtie en plein désert. Air conditionné partout, toilettes en marbre, etc. Ca n'est qu'après que j'appris que des entreprise des émirats employaient des Indiens, des Chinois etc, traités, ceux-là, comme de véritable esclaves, logés dans des baraques étouffantes, situées loin au nord est de la ville. Une population composées de pauvres hères, privés de leur passeport dès leur arrivée, à taux de suicide élevé. Exomos avait été fondé par Jaubert et un Indien, décédé assez rapidement d'un infarctus, qui avait visiblement fait engager tout son clan. Il y avait peut être deux cent employés qui ne foutaient pratiquement rien. Rien n'avait de sens. Le premier travail que voulut me confier Jaubert était de modifier un ulm à effet de sol, acheté dans les pays de l'est. Un espèce de mini Ekranoplane, biplace. Un film de démonstration montrait l'engin filant à bonne allure au ras de l'eau, en étant capable en outre, s'il était peu chargé, de s'élever à une dizaine de mètres d'altitude. Mon verdict :

- Ecoutez, Jaubert. Ce truc vole quand même à cent kilomètres à l'heure. Une reprise de contact avec l'eau à cette vitesse équivaut à un crash sur du béton. Un ULM n'est pas un joujou. Ce truc est parfait pour se casser la figure. Si vous voulez tuer un fils d'émir par semaine, c'est garanti.

Nous passantes alors à d'autres projets. Jaubert, après avoir vu " Opération Tonnerre " avec James bond, avait envisagé de motoriser des plongeurs. Il avait ainsi dessiné, en véritable Léonard de Vinci des Abysses, un équipement en plastique bleu ciel, profilé, qui contenait la bouteille d'air comprimé assurant la respiration, plus deux moteurs latéraux actionnant des hélices carrénées et de batteries.

 

Exomos 007

L'Exomos 007

 

Mais, dès les premiers essais le plongeur avait immédiatement piqué du nez et s'était planté dans la vase du fond.

- Bien sûr : Le centre de poussée de la machine est situé à dix bons centimètres au dessus du corps du plongeur. C'est lié à la position des propulseurs. On pourrait redessiner tout cela en descendant les tuyères et en les mettant sous les bras, dans le même plan que le centre géométrique de la cage thoracique du plongeur.

- Mais .... j'ai déjà en fabrication 70 modèles, qui sont commandés ! Le moule est fait...

On n'a pas insisté. Chaque jour qui passait nous découvrions une nouvelle absurdité. Jaubert nous montra son grand projet : un yacht submersible ! L'idée avait séduit son émir-sponsor, qui se voyait déjà assis dans un salon, situé au milieu de yacht, donnant négligemment un ordre de la main à son capitaine pour que celui-ci emmène tout le monde visiter le royaume de Nemo.

 

Jaubert avec son émir-sponsor

Jaubert avec son émir-sponsor, de la famille royale

 

A l'époque, les informaticiens indiens, assez calés en images de synthèse, avait même fait un film où on voyait le dit yacht arriver à vive allure, puis disparaître sous la surface, sans perdre un noeud de vitesse. Mais dans le virtuel, on fait n'importe quoi. Ces images ont ... disparu.

Deux maquettes trônaient dans l'entrée de l'entreprise, l'une représentant la version civile de ces yachts, d'un blanc immaculé, et l'autre sa version militaire, kaki. Christophe et moi, nous nous mimes à plancher sur cette idée ( sans être payés, il faut le préciser ).

 

le Yacht plongeant Exomos

 

Le yacht plongeant Exomos ( bonjour la traînée du bastingage ! )

 

On s'était fichus dans une histoire sans queue ni tête. Jaubert avait payé les billets d'avion et on ne pouvait pas envisager un retour anticipé. Il fallait bien tuer le temps à quelque chose, pendant les heures où nous n'étions pas retranchés dans un hôtel cinq étoiles, avec jacuzzi et tout le bastringue. On avait essayé d'imaginer comment on pourrait transformer un yacht en un objet capable de naviguer sous l'eau. Par exemple avec un bastingage basculant, et se plaçant à l'horizontale.

 

Contre-proposition JPP Tardy

Contre-proposition JPP - Tardy

 

Mais très vite, Jaubert nous arrêta :

- L'unité est déjà en construction. Ici, les projets voient très vite le jour. Je compte sur vous maintenant pour la motoriser (...)

Et il nous entraîna dans un vaste Hall où des ouvriers Indiens ponçaient soigneusement une sorte de Yacht conventionnel de plus de vingt mètres de long. Après la visite, Christophe :

- Mais comment peut-il imaginer une seule seconde que ce truc puisse naviguer sous l'eau avec un bastingage, devant et derrière ?

En faisant le tour de l'usine, nous découvrîmes une succession sans failles d'aberrations sous-marines. Je passe sur le sous-marin dont les hélices étaient carénées par un simple cylindre en plastique, de section constante.

 

Hélices caranées

Hélices carénées. A gauche, sous-marins militaires, à droite, carénage Exomos, " made in India "

 

J'en fis la remarque à Jaubert :

- Ce carénage est plus nuisible qu'utile. Ces hélices y créeront d'abominables tourbillons....

- Oui, effectivement... on l'a constaté, ça ne semble pas très bien marcher. Je prends note de votre remarque.

Au bout de quelques jours, Christophe :

- Est-ce que ce type a vraiment fait l'école navale, ou les Pont et Chaussées ? Ses sous marins sont aussi profilés que des pianos de concert !

Allez vers l'image ci-dessus, montrant une des unités d'Exomos avec son kiosque dressé perpendiculairement à l'écoulement, de même que sa large vitre avant.

- Pourquoi n'avoir pas profilé tout cela ? Par exemple, cette vitre avant évoque le pare-brise d'une voiture des années trente.

- Si on la dispose dans le prolongement de la coque, on aura des problèmes d'optique. La vision vers l'avant sera déformée .....

- Mais vous mettez deux vitres, et entre les deux, de l'eau !

- Cette eau va peser très lourd ?

- Non, en surface cet espace est plein d'air. En plongée, il se remplit. Il suffit de mettre un trou.

 

hublot_double_vitrage

Hublot avec double vitrage et, tant qu'à faire, kiosque profilé

 

A Exomos nous étions dans le monde du gâchis sans nom, de l'incompétence la plus absolue. Jaubert avait pour véhicule personnel une version civile du Hummer américain et sa femme en possédait un aussi. Là-bas, on ne pensait qu'au luxe. Jaubert avait les lunettes Machin, le montre Truc, les " modèles luxe ". On était allés là-bas en plein mois de Juillet. Autant dire que quand on sortait de l'usine, entièrement conditionnée, il fallait courir sur cinquante mètres pour se ruer dans un véhicule et démarrer la clim aussitôt, après avoir traversé un air à 45° centigrades. Cela donna lieu à un moment du plus haut comique. Quand je sortait du bâtiment, la buée se déposait immédiatement sur mes lunettes. Il fallait gagner le tank noir de Jaubert, dans le parking. Avec cette buée, le véhicule devenait pour moi une tache sombre. Un jour je sortis le premier et attendit les autres, à côté d'un 4 x 4 noir mais ... ordinaire. Le tank était quelques mètres plus loin. Jaubert semblait froissé de cette confusion. Je m'étais dirigé vers le véhicule d'un simple employé !

Il y aurait un bouquin à écrire sur ces deux semaines parfaitement absurdes. Il nous emmena dans ces fichues Marinas en forme de palmiers, où personne n'avait prévu comment faire circuler l'eau dans ces canaux en cul de sac. Je demandais à Jaubert de stopper la voiture devant l'un deux, enlevais mes chaussures, retroussais mes bas de pantalon, pour aller inspecter la qualité de l'eau. Avant même que le projet soit achevé, le fond était déjà tapissé d'éponges nauséabondes. Il me fallut ne nettoyer les pieds en sortant de l'eau.

Un Anglais, qui profitait de la manne locale, comme de nombreux autres, me dit :

- Ils ont voulu de vaste pièces d'eau. Alors ils ont réinventé le moustique !

 

Notre hôtel

Notre hôtel à Dubaï, loin d'être le plus luxueux

 

Un an plus tard un ingénieur français prit contact avec moi.

- Jaubert voudrait que je vienne travailler à Dubaï. J'ai appris que vous aviez été là-bas.

- Je n'y étais allé que par curiosité. Si vous espérez gagner quelque argent dans l'opération, relisez bien votre contrat et voyez s'il n'est pas prévu de vous facture et de déduire , au moment de votre départ vos frais d'hébergement et de nourriture.

Nouveau coup de fil, des mois plus tard, du même gars.

- Vous aviez raison. Vous savez, ce fameux yacht submersible, eh bien ils avaient fini par le construire, avec une motorisation électrique alimentée par des accus.

- Et alors ?

- Il n'avaient même pas pensé au centrage. Quand le yacht fut mis à l'eau, il penchait, comme le Pitalug de Pagnol.

- Non !!!

- Si ! Alors Jaubert a simplement délesté le bateau de quelques batteries, jusqu'à ce qu'il retrouve son horizontalité. Evidemment, au point de vue performances, zéro. Avec ses moteurs électriques de machine à coudre, quand il était immergé, ce " sous-marin " refusait de bouger d'un centimètre.

- C'était prévisible.

- J'ai alors entendu Jaubert dire à son émir " en fait, c'est un projet militaire. En cas de danger, ce yacht, qui n'est qu'une unité de la marine camouflée, s'immerge et attend .... "

- Ce Jaubert est insubmersible !

Celui-ci refit surface fin 2008. L'émir sponsor avait fini par réaliser que tout cette entreprise n'était même pas prestigieuse, à défaut d'être rentable, qu'elle n'était qu'une succession de conneries monumentales. Je ne sais pas si Jaubert en était réellement conscient. Il y a souvent un forte composante de mythomanie chez les anciens agents secret. Les choses avaient sérieusement viré au vinaigre entre lui et ses pétrocopains, lesquels étaient allés jusqu'à lui confisquer son passeport en exigeant de lui qu'il restitue les sommes englouties, du moins une partie. Mais s'il est une chose que Jaubert savait bien faire disparaître dans les profondeurs, c'était ... l'argent. Il m'écrivit :

- J'ai alors retrouvé mes réflexes d'agent secret. Je me suis enfui de Dubaï. J'ai acheté un voilier et j'ai pu grâce à cela récupérer ma femme et mon fils. Nous vivons aux Etats-Unis et je prépare un livre sévère sur les émirs du golfe. Je voudrais savoir si je pourrais utiliser certaines de vos illustrations.

- Je ne préfère pas....

 

18 février 2009 : Panique à Flouzeland

Je ne sais pas trop où caser cette information, qui m'est parvenue hier.

Source : http://business.timesonline.co.uk/tol/business/markets/the_gulf/article5663618.ece

 

Dubai : l'exode

 

Traduction : L'exode des expatriés de Dubaï, criblés de dettes, explique l'abandon, de 3000 véhicules en dehors de l'aéroport international . En un an la population des émirats a chuté de 8 %. Les émirats Arabes Unis comptent 3,8 millions de " travailleurs immigrés " ( de tous niveaux au plan des statuts et des revenus ), pour 860.000 " émiratis " (autochrones), soit 12 % d'autochtones contre 88 % de résidants en situations d'immigrés. L'économie du pays est totalement artificielle. Les émiratis, investisseurs opulents du fait de leur manne pétrolière restent propriétaires de tout ce qui se construit sur leur sol. Ils ne font que louer des terrains. Tous les projets sont managés par des spécialistes issus de pays étrangers. L'or noir permet aux architectes de matérialiser tous leurs délires. En échange ils bénéficient se salaires somptueux, en étant exonérés d'impôts.

Au bas dans l'échelle se trouvent les travailleurs pauvres, immigrés Pakistanais, Indiens ou chinois. Ceux-là sont traités de manière révoltante, exploités par l'intermédiaire de coreligionnaires qui, dans ces véritables camps de concentrations d'où l'évasion n'est même pas possible, étant donné que l'on confisque leur passeport à ces immigrants dès leur arrivée.

La seule activité des émirats qui ait un sens et celle de son port, qui a fait l'objet d'investissements modernes de manutention de containers. Le tourisme est un non-sens, étant donnée la qualité de l'eau : fonds de sable dénués du moindre intérêt et visibilité réduite à quelques mètres à cause du ... plancton. Dubaï est une ville champignon, évoquant les cités dur Far West du début du siècle, qui se muèrent en villes-fantômes. Partout, on construit à tout va. On connaît le célèbre Burg Dubaï , l'immeuble le plus haut du monde ( 800 mètres ).

Les banques de Dubaï n'ayant pas passé d'accords avec les banques anglaises, il est impossible à une banque locale de faire bloquer le compte d'un " déserteur " qui est retourné par exemple en Angleterre. Dubaï a été l'objet de spéculations immobilières effrénées. Cette idée d'investissement dans le luxe en faisait une sorte de ville-refuge, qui attira certains investisseurs et happy few de toutes nationalités, détenteurs d'argent sale. D'autres empruntèrent, avec, bien entendu des crédits hypothécaires, pour servir d'intermédiaires. Actuellement les villas des deux marinas en forme de palmes ( " visibles depuis l'espace" ) ont vu leur prix s'effondrer de 60 %. Nous étions venus, Christophe et moi, dans l'idée de pouvoir évoquer devant des financeurs locaux l'équipement de l'arrière pan désertique en tours solaires. Mais, très rapidement, nous comprimes que dans cet univers voué au luxe le plus tapageur ( la piste de ski était en voie d'achèvement ) nous perdions notre temps. Il ne restait plus qu'à laisser ces deux semaines s'écouler, puisque nous ne pouvions pas anticiper notre retour, sinon nous aurions sauté dans le premier avion en partance pour la France.

Une anecdote comique. Quand nous arrivâmes, un logement de fonction qui devait nous être réservé n'était complètement équipé. Nous fumes donc provisoirement logés dans ce cinq étoiles avec vaste pièce d'eau, visible sur la photo, complètement désert en cette saison caniculaire. Au bout de quelques jours, Jaubert nous fit visiter le logement de fonction qu'il avait prévu pour nous, en l'occurence un ... appartement style hlm, équipé d'une cuisine, d'une machine à laver et proche d'un fast food. Au retour, Jaubert me demanda comment je trouvais " l'appartement " et je laissais sèchement tomber :

- J'ose espérer qu'il s'agissait d'une plaisanterie ?

Il n'insista pas. Perdre deux semaines en contemplant le pire des gâchis, au quotidien est une chose. Mais devoir en outre être logé dans un hlm, non.

 

 

 

L'évolution des hélices.

 

Plus haut, j'ai parlé les hélices carénées, dont le but est d'accroître le rendement. En effet une pale d'hélice est une aile d'envergure très limitée, dont d'allongement faible. Une surpression se crée en dessous d'une aile d'avion ( intrados ) alors qu'une dépression s'installe sur le dessus ( extrados ). En bout d'aile l'ai a lentance à passer de l'intrados à l'extrados. Ceci entraîne la naissance de deux tourbillons marginaux, en bout de chaque aile. Ces vortex tournillonnaires sont des pertes d'énergie, ces tourbillons ne servent à sustenter les avions, mais à chauffer les petits oiseaux.

Plus l'allongement est faible, plus la part de l'énergie dépensée, dissipée dans ces tourbillons, sera élevée. C'est la raison pour laquelle le planeurs ont des allongements énormes. I, albatros vole mieux qu'un pigeon.

L'hélice carénée est une façon d'empêcher les vortex de s'établir, ce qui implique que le bout des pales, coupés net, circulent très près du carénage. Mais une remarque s'impose de suite : ce carénage doit être adapté au régime auquel fonctionne l'hélice. Le produit de la vitesse V de l'eau par la section S doit être le même à l'entrée et à la sortie. C'est à dire que le dessin du carénage doit être en rapport avec la variation de vitesse ( V2 - V1) correspondant au régime de l'hélice, lequel dépend du bombre de tours par minute.

Dans les sous-marins lance engins ou les sous-marins d'attaque, on cherche à réduire le buit le plus possible. Les tourbillons des hélices sont des sources de bruit. L'adoption d'un carénage est une solution pour réduire celaui-ci, et il a été adopté sur pas mal d'unité, dans tous les pays.

 

 

hélice carénée

Maquette de sous-matin avec propulseur caréné

 

 

propulseur caréné

Sous-marin au carénage

 

 

propulseur sea wolf

 

Sous marin Sea Wolf

 

 

propulseur sea wolf

 

Le même, vu de face

 

 

 

Typhon vu par l'arrière

 

Un des monstres Typhon russes, vu de l'arrière

 

 

Ces carénages ne fonctionnent qu'à une allure donnée, leur " allure d'adaptation ". En dehors, ils deviennent bruyants ( basse vitesse ou vitesses faibles ). Il serait trop compliqué de leur conférer une géométrie variable. Une solution est de contrarier les naissance de tourbillons marginaux par la MHD, en dotant les pales d'accélérateurs pariétaux.

Depuis quelques années, les nouveaux submersibles sont dotés d'hélices " en cimeterre ". Récemment (2010 ) un internaute a pu capturer cette image d'un sous-marin nucléaire américain, au carénage, dans sa base de base de Kitsap-Bangor, dans l'État de Washington,. Voici deux images, la seconde correspondant à un zoom.

 

hélice cimeterre

 

On remarquera que l'internaute américain a capturé ces images en surfant sur un logiciel de recherche d'itinéraire pour trajet automobile ....

 

helice cimeterre2

Hélice cimeterre d'un sous-marin américain

 

Cette hélice possède de nombreuses qualités hydrodynamiques, dont je vous parmerai un jour, ce qui montre que dans un domaine aussi rebattu que celui des hélices marines, des progrès essentiels peuvent encore être effectués.

 


 

Nouveautés         Guide ( Index )         Page d'Accueil