Jean-Pierre Petit
Directeur de recherche au CNRS
Astrophysicien

sciences jp-petit.com

 

                                                                                                   5 mai 2002

Lettre ouverte à messieurs : Bush, Saddam Hussein, Arafat, Sharon.


      Messieurs,

      Bien qu'étant assez ignorant au départ, j'ai essayé de me renseigner sur les origines du conflit qui ensanglante actuellement la Palestine et sur son actuel développement. Je me suis fondé en particulier sur un supplément du journal Le Monde en date du jeudi 18 avril 2002. On y lit par exemple que l'opération actuellement conduite par monsieur Ariel Sharon serait soutenue par soixante dix pour cent de sa population. Le chef du gouvernement a constitué un gouvernement dont la plupart des membres disent qu'ils ne veulent pas entendre parler d'un retrait israélien des territoires occupés, alors que cinquante deux pour cent des israéliens serait pour ce retrait. Tout cela manque quelque peu de cohérence.

    A l'opposé, dans le numéro 1268 de VSD on trouve un reportage concernant le statut de martyre lors des attentats-suicides menés par les palestiniens, qui déclarent "les Israéliens n'ont pas le monopole de la terreur". On apprend au passage, toujours selon cette source, que le Hamas donnerait 2500 dollars (18.400 F) à chaque famille ayant donné un martyre à la cause en se faisant exploser de manière à créer des ravages dans les rangs israéliens, en particulier dans la population civile. On apprend ensuite (toujours selon cette source) que l'autorité palestinienne ajouterait 2000 dollars à cette somme (14720 F). Mais le donateur le plus généreux serait Saddam Hussein qui verserait quant à lui 10.000 dollars (73.600 F) à cette même famille. Soit un total de 110.000 F.

    En outre, selon une croyance musulmane les auteurs de tels attentats-suicides monteraient immédiatement au paradis d'Allah, tel qu'il est décrit dans le Coran. De plus, semble-t-il tel qu'évoqué dans ce numéro du journal cité un certain nombre de proches pourraient également bénéficier de cet accès direct et garanti au paradis coranique. Dans cet article la revue reproduit la déclaration de la mère d'un de ces kamikazes palestiniens disant "Grâce à lui, nous avons maintenant notre place assurée au paradis".

      Nous touchons là à de l'insoluble absolu. D'un côté la paranoïa gagne du terrain en Israël. Les dirigeants juifs en place usent de la "manière forte". Ils tentent de discréditer le leader Arafat, apparemment sans succès. De l'autre, les croyances religieuses servant de support à cette culture musulmane sont à même de constituer un réservoir pratiquement iunépuisable de candidats au suicide par explosifs.

      Je voudra ici suggérer l'amorce d'une solution. En effet, l'enjeu est constitué par les "territoires occupés" (depuis la guerre des six jours de 1967). D'un côté les palestiniens réclament ces terres, dont ils étaient les premiers occupants, afin de constituer le point de départ d'un état palestinien indépendant. De l'autre les intégristes juifs considèrent que ces terres, partie intégrante de la "terre promise" leur reviennent de droit (divin) en dépit d'une absence de près de dix neuf siècles. Le clan Sharon considère quant à lui qu'un état palestinien ne saurait exister et que dans ce genre de conflit "il ne peut y avoir qu'un seul gagnant". Cette attitude jusqu'au-boutiste est de nature à plonger nombre de palestiniens dans un désespoir suicidaire, on le comprend fort bien. La solution pourrait consister à imposer le repeuplement les colonies initialement implantées par les juifs dans ces territoires occupés par des couples mixtes avec descendance. Au lieu de financer des commandos suicides on doterait alors ces couples mixtes israélo-plestiniens en les assurant de plus d'allocations familiales conséquentes.Outre les allocations familiales, le maximum d'aide serait apporté aux couples se lançant dans l'aventure de la mixité, en particulier au plan de l'éducation, de l'emploi, etc. Je suggère que l'ONU, responsable initial du problème israélo-palestinien en 1948 finance l'opération. Une telle solution offrerait plusieurs avantages. Les juifs y trouveraient leur compte au sens ou "des juifs resteraient en place" dans ces ex-colonies (en l'occurence l'un des deux conjoints). Les palestiniens y trouveraient leur compte, à 50 %, puisqu'ils pourraient eux aussi être présents dans ces ex-colonies. Enfin on peut espérer que cette incitation à la mixité serait de nature à atténuer les tensions entre les deux communautés avec le temps.

      Bien que cette suggestion puisse paraître singulière et relever de la "politique-fiction", cette idée n'est somme toute pas plus stupide qu'une autre. Nous vivons dans un monde qui devient si absurde que, même sans être un ex-soixante-huitard attardé on repense à une phrase jadis inscrite sur les murs de la Sorbonne :

Soyez réaliste, demandez l'impossible

Jean-Pierre Petit

Post Scriptum : Si quelqu'un a une autre solution à proposer, celle-ci sera évidemment bienvenue.

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