Articles parus dans la presse :

Dauphiné Libéré 17 juillet 2002

Essais nucléaires au Palais

AVIGNON /TRIBUNAL CORRECTIONNEL

Le médiatique astrophysicien Jean-Pierre Petit a comparu pour « diffamation » sur internet poursuivi par l'ex-directeur de Marcoule.

« Est-il oui ou non possible que des essais nucléaires souterrains aient eu lieu dans l'he­xagone ? ». Cette question a été po­sée lundi soir devant le tribunal correctionnel d'Avignon qui a eu à examiner, après une dispute d'ivrognes et une affaire de vol de carte bancaire par ruse à un distributeur, un fait de société inha­bituel à plusieurs titres.

Par le "délit" d'abord : la diffamation sur internet en est encore, en France, au stade de la jurisprudence. Par les protagonistes : le prévenu était le très médiatique astrophysicien Jean-­Pierre Petit, 65 ans, directeur de recherches au CNRS ; et le plaignant Antoine Giudicelli, 73 ans, ex-direc­teur du centre nucléaire de Mar­coule. Par le thème de fond, enfin, qui portait tout simplement sur les essais nucléaires français.

L'objet de la prévention est, au dé­part, un texte que Jean-Pierre Petit a publié sur internet. Sur son propre site: http://www.jp-petit.com Un texte dans lequel l'astrophysicien évoque une soirée entre amis, qui a eu lieu en juillet 2000, à Remoulins (lire aussi en pages "International"), au cours de laquelle Antoine Giudi­celli aurait affirmé que les ingénieurs français étaient capables de mener aujourd'hui des essais nucléaires sou­terrains dans l'hexagone, indétec­tables au sismographe.

L'ancien directeur de Marcoule au­rait même laissé clairement entendre que de tels essais avaient déjà eu lieu.

Antoine Giudicelli avait déposé plainte pour diffamation publique contre Jean-Pierre Petit, affirmant n'avoir jamais tenu de tels propos.

 « Cet article sur internet a-t-il eu des conséquences vis à vis de votre hié­rarchie ? » demande la présidente Sylvie Pérez à Antoine Giudicelli.

On se méfie de moi. On évite de me parler. On ne m'invite plus. On me tient à l'écart.

L'avocat de la défense, M" Hubert Gasser, reprend la balle au bond : « Si vos amis savent qu'il n'y a pas d'essais souterrains, ils n'ont aucune raison de vous faire la gueule ! »  L'ex-directeur de Marcoule répond que le CEA ne dément pas les men­songes, il laisse dire. II ne polé­mique pas ».

La présidente revient à la soirée en question :

. Avez-vous eu ce soir-là un entretien avec monsieur Petit sur le nucléaire ?

 - Non.

- Ce n'est pas vrai, il a dit clairement que des expériences nucléaires sou­terraines avaient eu lieu dans l'hexa­gone.-          Je m'inscris en faux ! » coupe An­toine Giudicelli qui ajoute:  Je suis tenu au secret défense. Et même au "très secret défense". S'il a fabulé pour vendre ses livres il l'a fait de son propre chef !

La défense rappelle à ce propos qu'elle dispose de deux témoignages celui de la propre épouse du prévenu et celui d'André-Jacques Holbecq, pilote de Concorde, « qui ont assisté à la conversation en question ». L'avocat de la défense s'adresse au plaignant:

- Cette thèse des essais souterrains est-elle, dans l'absolu, plausible ?

- Je ne réponds pas à cette question.

La présidente insiste :

- On n'est pas su Nevada...

L'avocat de la partie civile, M" Jean-­Michel Abensour, s'en est tenu stric­tement à l'aspect juridique du dos­sier.

La notion de "prescription" en ma­tière de diffamation sur internet » donna lieu notamment à de longs débats (lire ci-contre). Au titre de la partie civile, l'avocat a demandé finalement, en réparation de ce qu'il estime être "un gros préjudice moral" la somme de 200 000 F de dommages et intérêts.

Jean-Pierre Petit, de son côté, ra­mena inlassablement le débat sur les essais nucléaires souterrains.

Le substitut Alain Bisiach recentre les débats entre les deux lignes: « On a, d'un côté, une personne qui se trouve dans le secret des projets gouvernementaux et de l'autre un intellectuel, un trublion, qui estime avoir le devoir moral de balancer les informations qu'il détient ». Mais en l'occurrence il estime que l'intellec­tuel s'est un peu trop avancé : « Vos informations ne sont pas vérifiées. En l'occurrence elles sont invérifiables. Peut-être qu'un jour ce que vous dites sera prouvé et alors on vous dressera une stèle.. ». Le substitut requiert une amende de 3000 euros avec sursis.

Me Hubert Gasser, l'avocat de la défense, estime que le préjudice subi par le plaignant est uniquement sym­bolique et demande au tribunal de réduire à l'euro symbolique la de­mande de dommages et intérêts. L'essentiel est ailleurs. Profitant de la tribune offerte par ce procès, il rappelle que les essais nucléaires français sont officiellement arrêtés depuis 1996 et qu'ils doivent être remplacés par des essais de simula­tion prévus à Bordeaux en 2008. L'avocat ne croit pas à cette interrup­tion de douze années. « La France doit continuer à faire des essais nucléaires ». Me Gasser précise que des essais souterrains sont possibles dans une mine de lignite par exemple, comme à Gardanne dans les Bouches-du-Rhône. A Gardanne où, justement, ont été ressenties à plu­sieurs reprises de mystérieuses vibra­tions. A Gardanne où des mesures de radioactivité ont été faites, que per­sonne n'a pu nous expliquer...

Le tribunal a mis son jugement en délibéré au mercredi 4 septembre prochain.

Michel REMBERT


La Provence 17 juillet 2002

Tribunal correctionnel d'Avignon

Conflit entre scientifiques à propos d'essais nucléaires

Directeur au CNRS, Jean-Pierre Petit avait rapporté sur intemet des propos contestés sur des essais nucléaires qui auraient été pratiqués à Gardanne

-         Des essais nucléaires sur le sol français, du moins en métro­pole, sans que personne, à l'ex­ception des militaires ne le sa­che jamais. L'information dé­voilée par un scientifique sur son site internet avait fait l'effet d'une bombe lors de sa paru­tion. Une bombe à retardement qui a valu à son auteur de com­paraître avant-hier à la barre du tribunal correctionnel d'Avi­gnon pour diffamation. Direc­teur de recherche au CNRS, Jean-Pierre Petit demeurant à Venelles ne semble pas homme à affirmer les choses à la légè­re. Profitant de la formidable tribune que constitue le net, il avait écrit sur son site person­nel que des essais nucléaires auraient pu être pratiqués, peut-être dans les mines de Gar­danne. Et notre chercheur de chercher à étayer cette informa­tion par un propos tenu lors d'une soirée amicale à Roche­fort-du-Gard, par l'ancien direc­teur du CEA de Marcoule, An­toine Guidicelli.

Secret défense "Nos techniques d'absorption de choc sont maintenant si affi­nées que nous pouvons faire ex­ploser des charges de telle façon que le signal se perde dans le bruit de fond de la sismicité générale de la planète " aurait dit l'ancien directeur de Mar­coule entre la poire et le fromage. Propos démenti par l'inté­ressé qui poursuit donc le scientifique en diffamation. Il est vrai que le propos avait fait le tour du CEA et entaché la répu­tation de l'ancien directeur.

Un propos qu'il sera difficile de vérifier, même si le témoignage d'un pilote de ligne sur Concor­de, présent à la fameuse soirée mondaine, fait pencher la balan­ce de la justice en faveur de Jean-Pierre Petit Quant â 1'an­cien directeur du CEA, il n'en dira pas plus. Secret défense A cet imbroglio vient s'ajouter des demandes de nullité de la procédure ainsi que la prescrip­tion. Le tribunal a choisi d'aborder le fond du procès lun­di, et rendra son jugement le 4 septembre.

                                                  

                                                                                                    J.-L. PARPALEIX

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