Flouzeland Airlines
3 janvier 2009
Le représentant d'Airbus Industrie s'inclina avec obséquiosité devant son hôte. Il savait que le commandant de bord de Flouzeland Airlines, qui allait prendre livraison de l'Airbus A340-600 était de sang royal. La direction avait cru opportun de faire relier le manuel de l'appareil en cuir fin, doré au fer. Le prince avisa le présent, et indiqua par signe de tête à une des hôtesses de son équipage de s'avancer pour en prendre réception. Le directeur n'insista pas.
- Votre seigneurie, nous avons prévu ....
- Assez perdu de temps. Je souhaiterais visiter la machine, puis vérifier si elle est en état de marche, conformément aux souhaits que nous vous avons fait transmettre.
- Je pense que votre Seigneurerie ne sera pas déçue.
Ils traversèrent le Tarmac d'un pas vif. En cette saison une fine brume enveloppait le terrain toulousain, mais l'équipage de Flouzeland Airlines avait conservé ses Rayban, sans lesquelles un pilote oriental ne saurait être un véritable pilote, quelles que soient les conditions climatiques.
Ils montèrent à bord. Le directeur des relations publiques eut un geste large :
- Nous allons vous faire faire le tour du propriétaire
Ils montèrent au niveau supérieur en empruntant l'escalier.
Le directeur découvrit la luxueuse chambre à coucher.
Le prince vérifia que ses desiderata avaient été respectés. Les consoles des jeux vidéo étaient bien à portée de main, des deux côtés du lit. Les poignées des portes et les couvercle des cendrier étaient bien en or massif, de même que le couvercle du WC privé. La compagnie avait insisté pour que les lits soient équipés de ceintures de sécurité, en expliquant que le fait d'être en position couchée, fut-ce dans un tapis volant de luxe, ne mettait nullement ces passagers privilégiés à l'abri des turbulences, mais devant l'accueil glacé, reçu cette proposition, on n'avait pas insisté.
Il redescendirent au niveau 1. Là, comme prévu, les passagers de la classe affaire pouvaient consulter les cours de la bourse en permanence, et donner des ordres à leurs traders depuis les étendues d'air glacé, en filant à 900 kilomètres à l'heure. .
Evidemment, cet appareil n'égalait pas, en luxe, le 747 du Cheik Mohammed, de Dubaï, lequel avait fait aménager un second appareil du même type pour transporter ses chevaux. Mais il était plus fonctionnel, plus " dans le vent ", moins " traditionnel " pourrait-on dire.
Ce nouvel Airbus 340-600, flambant neuf, le plus grand avion pour passagers jamais construit, avait été amené juste à l'extérieur de son hangar à Toulouse, sans avoit fait la moindre heure de vol. Il s'agissait d'une prise de contact du client avec sa machine, ce qu'on appelle une pré-livraison. L'avion stationnait dans un secteur un peu à part, loin de la piste d'envol du centre. Le second de l'équipage de Flouzland Airlines s'adressa au directeur de la société.
- Nous souhaiterions faire un essai des moteurs.
- Ces essais ont déjà été faits. Dites-le à sa Seigneurerie. Les quatre moteurs tournent, pourrais-je dire, comme des Roleix.
- Sa Seigneurerie voudrait vérifier.
- Nous pouvons....
- Non, Sa Seigneurerie voudrait vérifier par elle-même...
- C'est bien normal.
Le directeur eut un petit tic nerveux de la bouche, qu'il réprima. Le directeur des relations extérieures lui fit un geste discret pour lui faire comprendre qu'à ce stade de l'opération il était préférable de s'effacer.
- Monseigneur, cet appareil est le vôtre.
- J'entends bien.
Le prince s'installa aux commandes.
- Dites-leur de descendre. Que seul l'équipage de la compagnie reste à bord.
Le petit groupe de la société Airbus Industrie gagna la passerelle. L'hôtesse condamna la porte d'un geste sec. Un manutentionnaire effaça le couloir de communication télescopique.
Le prince lança les quatre moteurs au ralenti, puis, libérant les freins de parking, fit rouler le magnifique oiseau de métal vers l'aire d'essai de moteurs. L'immense oiseau de métal s'ébranla majestueusement. Son pilote éprouva un frisson de plaisir à manipuler un tel coursier avec un simple joystick.
- C'est exactement comme sur le simulateur de vol de mon fils !
Ce nouvel Airbus 340-600, flambant neuf, le plus grand avion pour passagers jamais construit, avait été extrait de son hangar de Toulouse, sans avoit fait la moindre heure de vol. L'ambiance, dans la cabine, était détendue. Le copilote avait récupéré le manuel d'instruction, qu'il avait commencé à feuilleter distraitement. Le prince, quant à lui, tendit la main. Le stewart en chef ouvrit un attaché case en marocain, qu'il avait apporté avec lui et en sortir un Coran, luxueusement décoré, qu'il plaça dans sa main. Le prince posa ostensiblement le précieux livre dans le casier où le personnel de cabine était censé placer les document de bord.
- Allah va guider nos gestes. Voyons maintenant ce que ce cheval des roumis a dans le ventre.
Et, sans attendre, il bascula vers l'avant les quatre manettes des gaz, poussant les moteurs à fond. Un signal d'alarme rententit immédiatement. L'ordinateur de bord avait immédiatement réagi. En configuration " décollage " l'appareil trouvait incongru de voir ses moteurs poussés à fond, alors que les freins étaient serrés et que les volets n'étaient pas configurés correctement.
Le prince s'énerva :
- Ahmed, coupe moi cette merde qui me casse les oreilles !
Personne, à bord, n'avait lu une ligne du manuel de cette nouvelle génération d'appareil dont le pilotage était assité par ordinateur.
Sur le tableau de bord, des boutons rouges clignotaient. L'un d'eux signalait que le Ground Proximity Sensor était " on ". C'est un dispositif qui, à l'aide d'un petit altimètre radar situé sous le fuselage, permet au calculateur de bord d'être informé sur l'altitude à laquelle évioluait l'appareil, spécialement quand celle-ci est faible. Ahmed manoeuvra un certain nombre de boutons, dont celui-là. Privé de cette information, l'Airbus pensa immédiatement qu'il était en l'air, train sorti, en phase d'atterrissage. Dans ces conditions, si les freins sont serrés, au moment où l'appareil touche le sol, les pneus peuvent éclater.
L'ordinateur pensa que le pilote, en approche, avait oublié de déverrouiller les freins et, soucieux de la sécurité de tous, le fit aussitôt pour lui. L'appareil, vide, ne contenant qu'un minimum de carburant bondit comme une fusée. Le prince, aux commandes, écrasa les pédales de freins. Mais ceux-ci, passés sous le contrôle du cerveau électronique de la machine, ne réagirent pas. Tout se joua en un nombre infime de secondes. Personne n'eut le réflexe de ramener en arrière les quatre manettes de gaz. Le mur anti-jet en béton arriva vers l'appareil à toute vitesse. Il y eu un bruit épouvantable. On assista au premier crash, dans l'histoire de l'aviation d'un appareil, aux commandes de pilotes arabes, au salaire annuel de trois cent mille dollars, qui au passage avait coûté à la compagne la bagatelle de cent millions de dollars, cent milliards de centimes, sans que celui-ci ait jamais quitté le sol,
Nouvelle inspirée par des faits parfaitement réels
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