L'incroyable avance des avionneurs Nazis

29 mai 2006

En 1918 l'Allemagne est vaincue. Elle se voit interdire de posséder une aviation militaire et les futurs pilotes de chasse de l'Axe seront formés sur planeurs ( Les Grunau, les Meise ).

J'ai décidément fait beaucoup de chose dans ma vie ( et je compte bien en faire encore ). Il se trouve que pendant mon service militaire comme sous-lieutenant, en 1961 j'ai été chef de la section militaire de vol à voile de Fribourg, où la France avait une base. J'ai donc volé sur des Grunau et des Meise. Je ne me rappelle plus lequel avait une flèche inversée, pour réduire les "effets inverses"; bien connus des vélivoles. On décolait en "treuillé arrière" avec des pentes de montée telles qu'on se serait crus dans une navette spatiale, au décollage. Il fallait faire des "tests de comportement en cas de rupture de câble". Dans ce cas, quand l'instructeur, en biplace, actionnait le crochet de largage on devait mettre instantanément le manche contre le tableau de bord et on partait dans les bretelles pour de longues secondes d'impesanteur.

A Supaéro j'avais appris à piloter sur un Piper cub jaune, monomoteur, à roulette arrière. Pas de radio. Pas de démarreurs d'hélice. On manoeuvrait les pales à la main. Flop ! flop ! ... après avoir "brassé".

 

Le célèbre " Piper Cub " sur lequel j'ai appris à piloter à Supaéro

 

Au moment du lâché on était livré à soi-même. Mon instructeur était un "Russe blanc " nommé Lucas Dobrovolsky, un vieux bonhomme que tout le monde appelait Louka, c'était plus simple. Dans ce biplace en tandem il nous formait immédiatement au pilotage sans visibilité puisque, occupant la place avant, il s'empressait de déployer un journal en russe et de se plonger dans sa lecture, ce qui fait qu'on ne voyait plus rien devant.

- Mais ! ....
- Ne vous inquiétez pas, je connais la route. Travaillez pied.....

Un jour il m'a dit " bon, vous pouvez y aller ". J'ai donc fait mon premier atterrissage. On câbrait le Piper au point qu'on ne voyait plus rien devant. Il fallait apprécier la hauteur, avec plus ou moins de bonheur, en regardant sur le côté. En se posant on avait l'impression de tirer les rènes d'un petit cheval.

Après quelques tours de piste Louka m'a dit :

- Je vais lâcher aussi votre collègue Durand ( comme moi étudiant à Supaéro ). Restez le plus loin possible l'un de l'autre.

Nous enchaînames donc sagement les tours de piste, les décollages, les atterrisages, sur ce terrain de Guyancourt, près de Paris. Je ne perdais pas de vue le petit Piper jaune de Durand en m'arrangeant pour garder vis-à-vis de lui une distance se chiffrant en kilomètres. Tout d'un coup, au bout d'une demi-heure, je vois son Piper me foncer dessus, gaz à fond. Je me dis :

- Durand est soudain devenu fou !

Pilote complètement débutant, je me suis alors retrouvé impliqué dans un dogfight terrifiant. Virages serrés, style guerre de 14-18, oeil rivé au rétroviseur.

- Qu'est-ce qu'il fout dans ma queue cet imbécile !?!

Je ne sais pas combien de temps ce jeu a duré. Dès que j'ai pu j'ai plongé vers l'entrée de piste et je me suis posé. Le Piper de mon " adversaire " est alors venu se ranger contre le mien. Louka en est sorti, agitant les bras.

- Qu'est-ce qui vous prend !? Je venais voir comment vous voliez !
- Je croyais que c'était Durand....
- Ah... alors c'est pas mal....

En planeur j'avais été lâché, en France, sur un monoplace Javelot, au fuselage encore entoilé. Avant, j'avais volé sur des C-800 biplaces et surtout sur des C 25 S. On voit ce genre de planeur quand de Funès s'évade à la fin dans " la Grande Vadrouille " ( décidément, tout ce que j'ai utilisé se trouve dans les musées, en attendant que j'y prenne place moi-même, empaillé.... ).

Le Javelot était plus nerveux, plus fin que cette grosse vache de C800, biplace côte-à-côte. Arrivé à bonne hauteur le Stampe de remorquage, un biplan entoilé gris, fit des battements d'aile, m'indiquant que je devais actionner le levier de largage du câble, ce que je fis. C'est alors que je m'aperçus qu'avant de décoller je n'avais pas réglé la position de l'axe du palonnier. Celui-ci était trop près et mes genoux heurtaient le tableau de bord. Tous les pilotes n'ont pas la même longueur de jambes. Le précédent occupant de cette machine devait avoir les pattes plus longues que les miennes. J'envoyais donc la main pour actionner le crochet d'attache de l'axe et essayer de positionner celui-ci un poil plus loin, pour avoir mes aises.

Mais le crochet m'échappa des mains et le palonnier alla se loger tout à l'avant, en butée. J'essayais d'attrapper ce fichu crochet en me penchant. Mais, ce faisant je pesais sur le manche et me retrouvais en pîqué. Je songeais un moment à démonter aussi le manche à balai mais finis par me dire que si cette fois je perdais tout moyen de piloter ce planeur cette histoire allait mal se terminer.

Une chose était claire : je n'avais plus de palonnier, seulement le manche. J'avertis le sol par radio. Ce palonnier était loin devant mes pieds, hors d'atteinte, et de toute façon en butée contre l'avant du planeur.

Panique en bas.

- Ne t'affolle pas, petit, ne t'affolle pas ! ....

Voler uniquement en ligne droite n'est pas ce qu'il y a de plus commode pour se poser, surtout sur un site comme la Montagne Noire, dans les Pyrénnées. Mais je me suis rappelé de mes cours. Les longues ailes des planeurs lui confèrent des "effets inverses" accusés. Par exemple, quand on met du manche à gauche, on accroît la traînée de l'aile droite en diminuant celle de l'aile gauche. Le planeur tend donc à tourner à droite et il faut contrer au pied, c'est bien connu. Quand on n'a pas de palonnier on peut utiliser ça pour tourner, avec un peu de patience. Je vois déjà des vélivoles qui vont essayer. Heureusement, c'est sans danger. J'ai donc fait un 360° en pompant de mon mieux sur le manche. Je me suis même retrouvé bien face piste et tout s'est bien passé.

Quand j'ai fait mon premier saut en parachute, en commandé, c'était pas mal non plus. J'ai quitté l'aile du bimoteur entoilé anglais " Dragon " ( voir toujours les films de de Funès ) en sautant face queue, "bien cambré", jambes jointes, en ramenant les mains sur le parachute de secours ventral ( les matériels et les techniques étaient différentes à l'époque ). Aujourd'hui c'est :

 

JPP en parachute, 1995

 

Normalement la poignée d'ouverture du dorsal aurait du être bien à sa place, sur ma clavicule droite. Mais là, rien....

J'esquisse les gestes d'un gars qui cherche ses clés. Evidemment je décambre mon corps et je me retrouve face au ciel. Les secondes passent. En bas, on panique sacrément. L'instructeur sèrre les dents, l'oeil rivé à ses jumelles binoculaires.

- Qu'est-ce qu'il fout, nom de dieu ! Il marchait si bien lors de ses "poignées-témoin" ( des sauts où on répère les geste, montrant qu'on garde son sang froid )

Avant d'actionner le parachute de secours, j'essaye de réfléchir. Je me dis "cette poignée doit bien être quelque part". Effectivement, en envoyant les mains derrière je découvre la gaine du câble qui bat au vent. Je réussi à attrapper cette fichue poignée et je l'actionne. Je vois le parachute filer entre mes deux jambes, évidemment écartées et je fais une jolie galipette à l'ouverture.

C'étaient des parachutes de l'armée, assez vieux. La poignée était cousue sur la bretelle et le fil avait lâché, c'est tout.

Les souvenirs remontent, remontent. Quand je vois des gamins qui font de la vitesse sur route et risquent leur vie ou, pire, jouent les Grands Bleus en apnée je me dis "ils devraient faire de la chute libre. C'est bien encadré, sans danger et, franchement, ça décoiffe plus que la moto". J'ai vécu dans ce sport des histoires dignes du Baron de Muchaüsen. Un jour je dégringole dans une chute de 20 secondes. Toujours en " T ", bras tendus et cambré, une position qui a été abandonnée depuis longtemps. Mais à l'époque les débutants devaient prendre cette position. On comptait dans sa tête. J'étais assez régulier.

- 17 .... 18 ... 19 ... 20

Je ramène les deux bras bien symétriquement. L'horizon monte. Mon corps s'incline vers le bas pour que le souffle chope bien l'extracteur de mon dorsal. Je dire sur la poignée et .... rien !

Coincée !

Dans ces cas là on déploie une force herculéenne. On doit être capable d'arracher une poignée de porte. La poignée vient et ...... je me retrouve allongé dans l'herbe, avec des copains qui me donnent des gifles. J'avais toujours la poignée à la main. Tout s'était bien passé.

Vous savez peut-être que le K.O. des boxeurs s'obtient avec un crochet à la pointe du menton. La syncope se produit parce que la tête tourne très vite et que le cerveau ne suit pas. C'est comme ça qu'on arrive à mettre "knock out" de véritables hercules avec un coup bien placé mais relativement peu puissant.

Croyez-moi si vous le voulez ou non. Je suis le seul type qui, à ma connaissance ait réussi à se mettre lui-même Knock-out avec son propre poing.

Il y a un peu moins de dix ans j'allais retrouver mon ami Alain Dreyer dans son aéroclub. Il était là avec quelques "vieilles tiges", aux cheveux blancs ou légèrement grisonnants, comme moi. Il y avait un type assez maîgre, qui avait été pilote dans des meetings, sur des avions de collection. Il faisait très jeune. Soudain il me dit :

- Vous n'êtes pas le Jean-Pierre Petit qui faisait du parachutisme à la bas de Bourget du Lac en 1961 ?
- Oui, tout à fait. J'étais officier à l'époque, à la base aérienne.
- Alors j'étais ton largueur sur Dragon !
- Fichtre, je te reconnais très bien.
- Tu te souviens de ce type qui avait paniqué et qui était parti sur l'aile ?

Effectivement, ce jour-là le moniteur avait quatre gars à larguer, en ouverture automatique. Dans ce cas-là le moniteur doit accrocher les sangles reliant l'avion au parachute ( les " SOA" ou sangles d'ouverture automatique ) à un câble qui court au plafond de la carlingue. Les types se mettent en position. Il faut franchir la porte du Dragon et passer sur l'aile. On attrape le montant métallique qui lie les deux ailes de ce biplan entoilé, qui largue à 70 km/h. Il faut se mettre debout sur l'aile, sur une partie renforcée, les fesses dans le souffle de l'hélice du moteur babord. Puis, en se dressant, on saute, face queue, toujours en cambrant du mieux qu'on peut.

Ce jour-là un des élèves panique complètement. Face au vide il reste comme un idiot, fasciné. On efface la " DZ ", la dropping zone, ou zone de largage. Le moniteur se met à hurler :

- Qu'est-ce que tu fous, merde ! Tu sautes ou tu rentres, mais fais quelque chose !

Le gars nous regarde, dans un état second, mais ne bouge pas. Il fallait qu'il rentre dans la cabine. Si ce débutant était largué en dehors de la zone il risquait d'atterrir sur toit de maison, de se blesser, ou dans le lac du Bourget et de s'y noyer ( ça s'était déjà produit ). Voyant cela, le moniteur essaye de l'attraper, envoie la main dehors pour lui choper le bras. Mais le type prend peur et, s'agrippant aux haubans se déplace vers ... l'extrêmité de l'aile.

C'est de cet épisode dont se souvenait mon largueur, qui n'arrivait plus à tenir l'avion en ligne.

- Qu'est-ce que vous foutez, nom de Dieu ! On a tous se casser la gueule !

Imaginez un de Havilland Dragon, en virage, avec un type cramponné à un hauban, en bout d'aile.

Surréaliste....

Comme le moniteur avait le corps à moitié sorti de la cabine ( je crois me souvenir que son idée avait été de tenter de tirer sur la SOA du gars pour déclencher l'ouverture de son parachute et l'arracher de l'aile ) la peur de ce type n'a fait que croître. Il a tenté de gagner le bout de l'aile où il estimait se sentir peut être plus en sécurité. La vitesse de largage du Dragon est si faible qu'on peur marcher sur une aile sans être emporté par le vent relatif.

Comme le zinc penchait de plus en plus, heureusement, le gars a glissé et est parti dans le videet on a ainsi évité le départ en vrille.

J'avais soudain devant moi le type qui pilotait l'avion au moment de l'incident.

Il y a une trentaine d'années un type avait construit des autogyres " Bensen " et ouvert une école, près de Marignane. L'nventeur de l'autogyre est un espagnol nommé la Cierva, qui se trouve être un de mes ancètres. On peut voir un Bensen en vol dans un film de James Bond, je ne sais plus lequel.

A Marignane, avant de voler en solo on apprenait sur des monoplaces non-motorisés, qui s'élevaient par temps de Mistral. Ce que vous allez voir sur ce film correspond exactement à ce que nous faisions à cette époque.

http://www.dailymotion.com/relevance/search/soucoupe/video/173465

Cela montre aussi l'incroyable maîtrise des Allemands, à l'époque sous le régime Nazi, en matière d'aéronautique et de machines volantes ( pensez au V1, au V2, au Messerschmidt 262 et aux ailes volantes furtives des frères Horten ). Cet extrait est issu d'un dossier sur l'histoire de l'hélicoptère, diffusé récemmant à la télévision. Là encore, avec un ingénieur nommé Focke ( Les "Focke - Wulf, ça ne vous rappelle rien ?)

 

Focke Wulf 190

 

les Allemands imprimèrent une marque indélébile dans l'histoire de l'hélicoptère avec le célèbre Focke Wulf 61 :

 

Le Focke Wulf 61 allemand birotor, assez maniable pour pouvoir évoluer dans un stade couvert

 

La machine ne fut développée aux USA avec Sikorsky, qu'après la guerre de 39-45, après avoir récupéré des prototypes allemands. Elle joua un rôle pendant la guerre d'Algérie ( avec les gros S-58 où le moteur était dans le nez, sur lesquels j'ai pas mal volé, comme passager ), puis pendant la guerre du Vietnàm, l'hélicoptère prit sa place en tant que nous cheval de bataille d'une "cavalerie aéroportée".

 

Hélicoptère S 58

 

Mais dans le film on voit la pilote personnelle d'Hitler, Hanna Reitsch, aux commandes d'un birotor frappé des croix gammées, assez maniable pour pouvoir évoluer à l'intérieur d'un stade couvert ( Hanna Reitisch fut le pilote personnel de Hitler. Nazie convaincue et fanatique elle fut une des dernières à l'avoir vu vivant en réussissant à se poser près de son bunker de Berlin, dans les derniers moments du III° Reich. C'est la raison pour laquelle on a tant attendu avant d'inclure ces séquences dans l'histoire de l'aviation ).

Si vous voulez en savoir plus sur le vol des avions, composez le :

http://www.savoir-sans-frontieres.com/JPP/telechargeables/Francais/aspirisouffle.htm

A propos, selon mon ami et voisin Jacques, des types de la fédération française de vole à voile auraient aimé éditer la BD " Si on volait " pour permettre aux instructeurs de s'en service pour leurs cours. Qu'ils me contactent. J'échange les droits d'édition de cette BD contre des heures de vol sur planeur.

 


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