Un hoax très bien monté

17 juin 2010

 

hoax economiste chinois

http://www.youtube.com/watch?v=DMKb9A6Kouk

 

J'interviens parce que ce hoax continue son chemin. Très bien monté, d'ailleurs. Beaucoup s'y sont laissés prendre. Pas moi : ma femme est chinoise. En fait ces deux hommes parlent de différentes choses, dont l'exposition universelle de Nankin. Le hoax est bien monté, exploitant chaque expression de cet "économiste chinois", personnage qui est en fait en train de parler de choses qui n'ont rien à voir avec le texte en sous-titre.

Ce qui est intéressant c'est que ce hoaxer a voulu faire passer dans ce " message". On y présente les Français comme intéressés par le foot, les loisirs. Ce ne sont que des paresseux qui ne comprennent pas qu'avant tout un faut travailler. Ils empruntent plus qu'ils ne gagnent et on leur prête beaucoup trop. Ils ont ( en particulier les fonctionnaires français ) des acquis sociaux démesurés, auxquels ils s'accrochent. Et le comble est que l'Etat français saigne à blanc " ceux qui créent des richesses ".

Quel contre-commentaire faire sur ce discours ?

Il y a des phrases qui sont parfaitement exactes, même si le personnage interviewé ne les prononce pas. On lui fait par exemple dire :

- Tandis que leur niveau de vie s'abaisse, le nôtre s'élève.

- Dans une ou deux générations, nous aurons rattrapé les Européens, et nous les aurons même dépassés. Ils seront devenus " nos pauvres " et nous leur enverrons des sacs de riz.

Entre des pays " émergeant" comme la Chine, l'Inde et les pays Occidentaux, un phénomène de vases communiquant est en train d'opérer, particulièrement vis à vis de la Chine, qui n'est pas comme l'Inde handicapée par ses pesanteurs religieuses et culturelles. Les délocalisations sévissent partout et s'accélèrent. La Chine est devenue " l'atelier du monde ".

Il y a six ou sept ans je connaissais un chef d'entreprise qui fabriquait des présentoirs en tous genres. Son entreprise avait jusqu'ici convenablement marché. Un jour je le rencontre et il me dit :

- Je dois veiller à la bonne marche et à la santé de mon entreprise, anticiper sur la situation à venir. Je reviens de Tchécoslovaquie. Nos présentoirs seront désormais fabriqués là-bas.

Aujourd'hui, si une entreprise veut se créer et fabriquer quelque chose, il ne viendra pas à l'idée de ses responsables de faire fabriquer cela en France, mais dans un pays de l'Est, en Inde ou en Chine.

 

délocalisation

 

Un dessin humoristique datant de 2005

 

Il arrive qu'en France on ait affaire à une entreprise existant depuis des générations, employant du personnel compétent. J'entends " une entreprise qui fabrique réellement quelque chose ", avec des machines, des ouvriers, des techniciens soit soudain rachetée, sa direction étant confiée entre les mains d'un dynamique pdg, plus "moderne". Celui-ci s'empresse de " dégraisser ", négocie le départ en pré-retraite d'un personnel âgé mais ... compétent, expérimenté, du genre 50-55 ans. Il allège la charge salariale en embauchant " des petits jeunes ", moins coûteux en salaires, qui recherchent un emploi, mais sans expérience. Le résultat peut être catastrophique, au point de lasser le nationalisme du client qui pensera que "faire fabriquer français" est décidément trop problématique...

Le " vase communiquant " continue de fonctionner.

La naissance de l'agressivité chinoise en matière industrielle et commerciale est à porter au crédit de Deng Xiaoping, mort à 92 ans.

 

Denxiaoping

Deng Xiaoping en 1962

 

Peu importe que le chat soit noir ou blanc. S'il attrape la souris, c'est un bon chat ( Deng Xiaoping, 1962 )

 

Il y a un dénominateur commun chez tous nos hommes politiques, qu'ils soient de droite ou " de gauche " ....

 

rien à signaler bis

 

c'est qu'il ne parlent pas, ou très rarement, de la façon dont la Chine est en train de peser sur la géopolitique mondiale, ce que ce hoax tente d'évoquer de façon caricaturale. Cette pression est tout à fait réelle. Vous n'avez qu'à voir les croissance exponentielle des produits " made un China ", partout.

Mao Tse doung était un littéraire de formation, qui n'avait aucune notion de technique.

 

mao

Mao ( en Chinois on prononce " Mô " )

 

On lui doit de fantastiques catastrophes, comme celle d'imaginer développer une sidérurgie dans les campagnes. Mao a poursuivi un mouvement, initié au début du siècle, visant à tirer la Chine de son arriération. Il a poursuivi, intensifié des mesures déjà i,itiées par ses prédécesseurs en interdisant le bandage des pieds, qui correspondait, en Chine, entre autre, à un vieux fantasme sexuel, les gravures érotiques montrant toujours des courtisanes ainsi équipées de cet attribut puissamment excitant pour les habitués des maisons closes de haut rang. C'était aussi le symbole de l'aliénation de la femme chinoise.

Mais je ne vais pas m'étendre plus avant sur cette période de l'histoire.

Il y a eu " choc des cultures ", même s'il convient d'être prudent dans le contenue de ce mot. On peut peut être parler de " choc des modes de vie à une époque donnée ". Je suis en train de préparer un dossier sur l'histoire du Japon qui, avec " l'ère Meiji " est passé en quelques décennies du Moyen-Age au monde moderne de l'époque ( XIX° siècle ). Les Japonais ont fait d'ailleurs beaucoup mieux, et je raconterai tout cela. Sous l'impulsion de leur Empereur, sorte de " Pierre le Grand " asiatique, et d'un groupe qu'on pourrait qualifier de " militaro-industriel " (pendant Japonais du lobby militaro-industriel qui servit de tremplin à Hitler ), ils se sont dotés de tous les éléments de fonctionnement des occidentaux, sur tous les plans. Ils se sont créé une armée moderne, une police, une administration, un service d'éducation, de santé, des usines, des arsenaux, etc.

Ce faisant, ils ont choisi d'emblée la modernité, passant d'un bond fantastique des jonques aux cuirassés fortement armés, avec lesquels ils écrasèrent la faible flotte chinoise puis, en 1905 la flotte de ... L'Empire russe, à la stupéfaction générale.

Je raconterai tout cela en détail et c'est passionnant. Le créateur de la marine de guerre fut un français, un polytechnicien qui, en séjournant seulement quatre années dans le pays, le dota d'une machine de guerre navale ultra-moderne. Visionnaire, il avait compris d'emblée que la marine de guerre devait être :

- Tout métal

- Fortement blindée

- Constituée de grandes unités

- Dotées de canons dont le calibre dépasse celui des unités terrestres, portant à grande distance (calibre des canons du Yamato : 460 mm, jamais égalé au monde ).

- Rapide, très rapide.

 

yamato

Le plus grand croiseur du Monde, le Yamato, lancé en 1941, 245 mètres à la flottaison, 2450 hommes d'équipage

 

Ainsi conçue, cette flotte, conçue par un Français, pouvait faire jeu égal avec les flottes les plus modernes du monde, et en tout cas écraser sans coup férir les flottes chinoises et russes.

J'évoque ces aspects pour suggérer le passage très rapide du Japon, sous l'impulsion d'une oligarchie visionnaire, d'un état d'arriération médiéval au modernisme le plus stupéfiant.

Ceci nécessite des capacités d'adaptation hors du commun, qui furent possible au Japon, au XIX° siècle du fait d'un fort taux d'alphabétisation. On connaît les suite de ce " bon en avant japonais ", brutalement expansionniste.

En 1972 Deng Tiaoping comprend que pour faire progresser la Chine sur tous les plans, économique, industriel, stratégique, scientifique, le pays ne peut continuer à vivre replié sur lui-même, accroché à des conceptions marxistes inefficaces, celles de Mao, le Grand Timonier.

Comme la Chine, le Japon est relativement pauvre en ressources naturelles, en particulier énergétiques. Son développement, son hégémonie dans l'immense Asie impliquait que le pays se dote d'armes modernes. Le but de la Chine n'est pas d'envahir les pays voisins, si on excepte le Tibet. Mais sur ce point les relations entre ces deux régions du monde représentent une longue histoire, que beaucoup de gens ignorent, préférant porter toute leur attention sur la destruction des monastères et la mise au pas brutale de la caste monacale.

La Chine a une revanche à prendre sur le monde occidental. Ces gens n'ont pas oublié les deux guerres de l'opium. Les lecteurs ont certainement en tête l'image de Chinois complètement dans les vapes, allongés sur des nappes, dans des fumeries.

 

fumerie opium

Fumerie d'opium à Shangaï

 

Ce qu'ils ignorent peut être c'est que cet opium, fabriqué en Inde au profit des Britanniques fut introduit par ceux-ci dans le pays. La Chine de l'époque ( dynastie Qing ) voulut s'opposer à cette pénétration de ce produit délétère sur son territoire. Les Occidentaux (l'Angleterre d'abord, à laquelle se joignit la France, la Russie et les Etats-Unis) répliquèrent militairement en contraignant les Chinois à accepter cette importation fort lucrative.

La Géopolitique n'est pas un terrain de jeu, c'est un champ de bataille, siège de toutes les compétitions. Si le Japon du XIX° siècle décide d'entrer dans la modernité technologique, c'est pour éviter ce que les Occidentaux sont déjà en train d'installer dans tout l'orient (les Français au Vietnam, les Européens en Chine avec les guerres de l'Opium, plus les visées russes vers le Pacifique, etc ). Ces Japonais se disent :

- Si nous restons dans notre Moyen-Age, avec nos province-propriétés terriennes, gérées par des deimos, défendues par plus d'un million de samouraï, constitués en armées privées, nous allons nous faire laminer par les occidentaux et devenir, comme le Vietnam, une colonie, que se partageront les différents pays. Ils nous faut donc acquérir les équipements et les armes du monde moderne, très vite. C'est une question de survie du pays.

Pendant ce temps la Corée n'a plus de direction politique, la Chine se débat dans des convulsions révolutionnaires embryonnaires, en ayant à sa tête une impératrice issue d'un autre âge, qui vit dans la Cité Interdite, entourée d'eunuques.

 

imperatrice cixi

Chine : l'impératrice Cixi en 1902, se regardant dans sa glace

 

Le mental de Mao est resté bloqué dans les années 1917 et suivantes, au temps des Kolkhozes, de l'agriculture collectiviste et des plans quinquennaux. Deng Tsiaoping conçoit alors un autre mode de développement, sans précédent historique. Il décide de conserver la férule de l'appareil politique chinois, du parti, la puissance de son armée populaire, tout en hébergeant au sein de cette Chine " communiste " des unités économiques, des unités de production construites à l'image des structures occidentales, en appliquant ce qu'on pourrait appeler un libéralisme contrôlé. D'où sa célèbre phrase, qui résume tout :

Peu importe que le chat doit noir ou blanc. S'il attrape la souris, c'est un bon chat

En transposant, on pourrait écrire :

Peu importe le système politico-économique qui gère le pays, du moment qu'il nous permet de nous développer

En Chine règne une corruption millénaire, toujours présente aujourd'hui. Les masses paysannes misérables convergent vers les centres urbains et les mégapoles industrielles pour fournir la force de frappe chinoise : une main-d'oeuvre à très bas salaire. On pourrait dire " nourrie-logée " mais on pourrait ajouter " bénéficiant d'une assistance médicale fournie par l'entreprise ". Ces masses de travailleurs sont utilisées, mais le niveau d'utilisation de cette force de travail ne descend pas au niveau de dégradation inhumaine où on avait abaissé le prolétariat européen au début du siècle, avec des conditions de vie insalubres, le travail des enfants dans les mines, etc. Mais pour ces gens, le fait d'avoir un toit et le ventre plein est déjà inespéré.

Ceci étant, si on enlevait un travailleur européen et qu'on le " transforme en prolétaire chinois " supporterait-il d'être logé dans des dortoirs, de manger dans des cantines, et de n'avoir que quelques mètres à faire pour aller prendre sa place dans quelques unité de production, revêtu d'un uniforme ?

Ca, c'est pour " le bas de gamme de la société chinoise " qui constitue, numériquement, un part importante de sa population. Cela fonctionne parce que le pouvoir a autorisé la naissance d'une oligarchie qui, elle, s'emplit bruyamment les poches. Parmi les plus riches se trouvent les propriétaires-exploitants de mines de charbon. La Chine a " défonctionnarisé" et dénationalisé son système de production. Avant Deng, les Mines étaient propriétés de l'Etat. Maintenant tout ce qui pouvait l'être ( sauf au premier chef l'industrie des armements ) a été privatisé. Quand il s'agit d'avoir une forte production, rien ne fonctionne mieux qu'un bon système capitaliste, avec des salaires bas, des acquis sociaux inexistants, l'absence de retraites, etc. Les mines chinoises sont des goulags. Les conditions de travail sont connues pour être les plus dures qui soient. L'attention est concentrée sur la production, pas sur la sécurité.

Chaque année des accidents se produisent dans des mines chinoises. Par contre, chaque année, quand les fabricants d'automobiles Occidentaux viennent présenter leurs nouveaux modèles, il y a toujours une voiture hyper-luxueuse et hyper-chère, immédiatement achetée, quel que soit son prix, par un propriétaire de mine de charbon.

Les capitalistes du monde entier sont exempts d'états d'âme. Les capitalistes chinois également, mais ceux-là aiment faire étalage de leur opulence.

Le pouvoir tolère cette structure, tout en gardant un contrôle de fer sur l'ensemble. C'est :

- Enrichissez-vous, mais ne vous avisez pas de confondre cet enrichissement avec le début de la détention d'un pouvoir.

En Occident, les hommes politiques sont des marionnettes entre les mains des puissances d'argent. En Chine le pouvoir politique reste entre les mains du Parti. Sa police et son armée sont là pour lui permettre d'exercer un contrôle de fer sur tout ce qui bouge et " ne va pas dans la bonne direction ".

Tout ce que compromet, peu ou prou, cette marche en avant est intempestif. La manifestation de Tien Amen, par exemple. On sait maintenant que c'est Deng lui-même qui donna l'ordre d'une répression immédiate. Une répression brutale. En Chine les baïonnettes remplacent les lances à eau et les balles en acoutchouc. Un mai 68, en Chine ? Désolés, on n'a pas de temps à perdre à ces vétilles. Dispersez vous. Circulez, il n'y a rien à voir.

On a voulu voir dans les morts de Tien Amen un acte féroce, cruel. Les photos satellites montrant les corps ont été truquées. Ca ne veut pas dire qu'il n'y ait pas eu de victimes mais, paradoxalement, beaucoup de tués furent des gens qui furent la cible des militaires chinois, lorsque ceux-ci convergèrent vers la place, à toute allure. Les ordres avaient été donnés : le gouvernement va vider la place de ses manifestants. Riverains, restez chez vous et fermez vos volets. Cet ordre s'adressait aux habitants dont les fenêtres donnaient sur la grande avenue conduisant à la place. Les soldats arrivèrent et tirèrent sur toutes les fenêtres ouvertes ! Puis la place fit dégagée, sans grande difficulté. Le nombre de morts est simplement à l'échelle du pays. Chez nous, en France, un manifestation du tourne mal se solde par quelques dizaines de morts. En Chine, comptez un ou deux ordres de grandeur de plus.

Mais le message fut clairement formulé :

- Le pays est en marche. Le niveau de vie général va s'élever. La machine fonctionnera, à sa manière, que cela vous plaise ou non. Nous voulons une Chine puissante, sur la scène internationale, sur tous les plans. Si vous êtes étudiants, faites donc des études pour avoir une bonne place dans la société et contribuer au développement du pays. Mais si vous espérez devenir des leaders politiques, dans le style des Français de mai 68, Jouer les Cohn Bendit et les Sauvageot, laissez tomber. Vous seriez intempestifs.

La Chine est une immense armée, en marche, une fourmilière, une marabunta. Elle est en train de conquérir " le monde "( le mot " parts des marchés " a maintenant remplacé le mot " territoire " ), silencieusement. Allemands en Japonais se figurèrent un temps qu'ils constituaient les représentants d'une race supérieure. Ils avaient ainsi droit à leur " espace vital ", constitué de vastes territoires où la population autochtone, fait de sous-hommes devait être décimée, éliminée, froidement. Dans la foulée de l'opération Barbarossa les Allemands ne tuèrent pas que des millions de juifs. Ils furent responsables de la mort de 20 millions de Russes.

Ce qu'on ignore c'est que Japon, dans sa guerre expansionniste en Asie causa, de mille manières, la mort de trente millions d'individus, tous pays confondus. A Nankin les japonais massacrèrent 300.000 personnes, dont 200.000 civils, hommes, femmes et enfants, en six semaines.

 

 

massacre enfants Nankin

Enfants chinois massacrés par les Japonais à Nankin

 

L'Allemagne et le Japon devaient tuer des autochtones pour occuper de vastes territoires, parce qu'on ne peut pas envahir un continent quand on a une population qui ne dépasse pas 60 à 70 millions d'habitants.

Est-ce à dire qu'un jour des hordes chinoises déferleront sur le monde, comme dans un film de Jean Yanne et que les Champs Elysées, à Paris, se peupleront de Chinois vêtus de vareuses et de casquettes Mao, arborant l'étoile rouge ?

Non, il y aura un jour .... beaucoup de touristes chinois, vêtus à l'occidentale, nous visitant comme on visite une réserve africaine, avec curiosité. Comme on parcourt des pays " économiquement conquis ". Avec Deng, la Chine a entrepris de partir à la conquête du monde, mais pas sur le terrain géographique. Les cibles, les " souris " dont il parle, que ce grand chat jaune compte attraper, ce sont les marchés.

La Chine change. Mais quelle est l'ampleur de ce changement ?

Il faut d'abord savoir qu'il y a deux Chines : " la Chine du Haut " et la " Chine du bas ". Les échos de la prospérité ne se propagent que de manière assourdie dans les campagnes. La Manne n'est apportée que par les enfants qui sont allés travailler " à la ville " ou dans des combinats industriels. Il existe un écart abyssal entre les fortunes des nouveaux riches chinois et les maigres revenus des paysans. Ceux-ci se nourrissent à la manière des créatures abyssales des grands fonds marins, qui ne peuvent brouter les êtres végétaux, qui n'existent pas passé, cent mètres de profondeur, faute de lumière pour les nourrir. Une foule de créatures constituant une biomasse dont on découvre à peine l'importance se nourrit des miettes qui tombent de la surface.

La Chine émerge de décennies de maoïsme, qui ont laissé des traces profondes, en éradiquant par exemple les croyances religieuses. L'exigence d'une " tenue unisexe ", imposée par Mao, et celle de l'enfant unique, ont eu des répercutions sur le vie sexuelle des Chinois. Alors que le petit père Mao ne se gênait par pour s'envoyer des nanas, la sexualité, le romantisme, l'érotisme, la coquetterie étaient considérés comme des signes de décadence bourgeoise.

La révolution culturelle a aussi beaucoup détruit, prônant un mépris du passé en tant qu'attachement à des valeurs bourgeoises. Il reste des mécanismes familiaux millénaires, une certaine soumission de la progéniture aux parents, jusqu'à un âge tardif. Au plan sexuel et marital, la Chine d'aujourd'hui, c'est la France du XIX° siècle.

Un exemple : une amie de ma femme, 40 ans, habitant Pékin, divorce et vient habiter chez ses parents avec son enfant de huit ans. Un soir elle sort, rentre à minuit. Sur le pas de la porte sa mère l'attend et lui dit :

- C'est à cette heure-ci que tu rentres !

Les parents chinois se considèrent comme chez eux, quand ils débarquent chez leurs enfants. Quand un de leurs enfants part vivre à l'étranger et épouse un étranger, ses parents peuvent débarquer sans crier gare et séjourner des mois, jusqu'à ce qu'excédé, le couple finisse par les flanquer à la porte.

Cette exigence est vécue comme un retour d'un comportement parental qui est celui de ... l'enfant roi. Qui dit enfant roi, dit refus des valeurs familiales. La seule pression qui exercée concerne la réussite sociale future. Donc une pression scolaire, comme au Japon.

Dans ce contexte, la nouvelle société chinoise évolue. Vers quoi ? On ne le sait pas. Un retour vers la culture ancestrale (qui a pu être conservée intacte au Japon) est impossible. Celle-ci n'est plus que ruines, après des décennies de maoïsme. Les miroirs aux alouettes occidentaux fascinent les Chinois, qui font ... n'importe quoi. Dans un pays où on a pour tradition d'étaler ses richesses, on s'offre des grosses cylindrées, des vêtements de prix. Les femmes des nouveaux riches chinois ont recours à la chirurgie esthétique et en font profiter leurs enfants "pour leur donner une meilleure chance dans l'existence ". Les jeunes se gavent de jeux vidéos. Tout cela est assez incompréhensible, pour les Chinois eux-mêmes.

Là où la vidéo dit vrai c'est quand on entend :

- La Chine monte, l'Occident est sur une pente descendante.

Les raisons invoquées, dont cette " paresse des Français qui ne veulent pas travailler " constituent une description simpliste des choses. Inversons le point de vue. En Chine des " appareils " à l'échelle du pays se mettent en place, le parallèle étant à faire avec le Japon du XIX° siècle. Quand celui-ci s'est doté d'une des marines de guerre les plus modernes du monde, il a aussi formé des ingénieurs du génie maritime Japonais de haut niveau. Idem en aéronautique, etc. C'est la rapidité de cette formation qui est stupéfiante, de cette capacité d'assimiler des sciences et des techniques.

J'ai essayé de voir si la publication de bandes dessinées scientifiques pourrait intéresser les Chinois. La réponse est venue rapidement. Les parents chinois n'inciteront jamais leurs enfants, jeunes ou étudiants, à lire des ouvrages incitant à ce qui pourrait être assimilé à une réflexion sur les sciences. Les enfants, les étudiants, seront gavés de livres d'exercices. Les écoles, les universités chinoises sont des ruches, des usines produisant des diplômés, pas de clubs de loisirs.

Les Chinois sont des commerçants redoutables. Quand une entreprise décide de commercer avec la Chine, il est bon pour elle d'avoir une connaissance approfondie des coutumes, du système, des lois et de la langue.

 

vaseline

Produit d'exportation

 

La Chine n'a pas pour objectif de n'être que " l'atelier du monde ". Ne confondez pas l'Inde et la Chine avec les pays du Maghreb : le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte. La Chine, en tout cas, a changé. Si vous allez à Pékin, vous verrez bien quelques vieux vélos de l'époque de Mao, rouillés, conservés comme des antiquités. Mais ce que vous verrez d'abord, ce sont de puissantes voitures. Leur nombre a cru à tel point que la municipalité de Pékin a promulgué un décrêt n'autorisant la circulation des véhicules privés, pairs ou impairs... qu'un jour sur deux !

La Chine, du fait de ses excédents financiers considérable, peut s'équiper dans tous les domaines avec du matériel dernier cri. On y forme, à vitesse grand V, une fourmilière d'ingénieurs et de techniciens dans toutes les disciplines. Dans le champ " bureau d'étude, conception, développement ", elle compte bien faire jeu égal avec les plus grands et même devenir le leader en la matière ( comme le firent les Japonais au XIX° siècle ).

Il faut être un homme d'une rare stupidité, comme Cohn Bendit, pour dire :

- Nous leur vendront des Airbus....

Un ingénieur chinois qui entendrait cela serait plié en deux de rire. Et cela pour deux raisons. La première est que dans le parc des Airbus vendus à la Chine par la France, un manque à l'appel, ne figure sur aucun plan de vol. Il s'est ... volatilisé. En fait il a été démonté jusqu'au dernier boulon pour être examiné. C'est ... de bonne guerre ( économique).

Copié ? Non. Les gens qui s'imagineraient que l'idée maîtresse des Chinois est de recopier les produits occidentaux seraient aussi naïfs que ceux qui, dans l'après guerre, évoquaient " ces montres japonaises qui n'étaient que de la camelote " mais qui quelques années plus tard virent leurs deux roues " Motobécane " disparaître devant les performance des motos japonaises, ou leurs vieux transistors déclassés par l'électronique japonaise.

La fourmilière Chinoise s'organise, à des échelle que nul occidental ne pourrait imaginer. Des entreprises créent des bâtiments ( on devrait plutôt les comparer à des ruches ) où dans des étages successifs on trouve, comme dans des rayons de miel, l'étage formation, l'étage recherche fondamentale, l'étage recherche appliquée, l'étage développement et l'étage commercialisation, gestion de la production.

Il y a une tradition millénaire en Chine : celle de l'excellence. De tous temps des gens issus de couches populaires modestes pouvaient accéder à des hautes fonctions en acquérant connaissances et compétences, en allant jusqu'à devenir conseillers de l'Empereur. On Occident les rejetons de riches familles, ou les représentant de l'X ou de l'ENA, qui ne constituent pas les représentants les plus intelligents de notre société, continuent de gérer les affaires du pays. On pourrait même dire que dans notre pays, en matière de réussite administrative ou politique, la compétence serait plutôt un handicap.

A un époque où notre jeunesse se démoralise, la jeunesse chinoise est tendue vers un espoir de réussite, entraînant une élévation du niveau de vie et de leur condition sociale. Tous les jeunes pensent que, dans cet assaut tous azimuts qui se prépare, ils pourront avoir leur chance, saisir une opportunité. En Chine il existe de nombreuses réussites, spectaculaires, qui transforment des jeunes issus de milieux modestes en milliardaires, en un nombre d'années étonnement bref, phénomène qui n'existe pas en France.

Deng Tsiaoping a défini cette orientation vers l'excellence, insisté pour l'importance vitale de cette stratégie. A l'époque de la révolution russe, un mineur nommé Stakhanov se fit connaître en trayant à lui seul des quantités record de charbon, tout cela " dans l'intérêt de la révolution bolchévique ". D'où l'expression " stakhanoviste ".

La Chine se peuple de stakhanovistes de l'intellect, de la science, de la technique et du commerce, ce qui est d'autant plus puissant dans la mesure où le bénéfice retiré ne se traduit pas par une médaille de " héros de la Chine populaire " ou par un photo à l'entrée d'une usine ou d'une université. Une réussite sociale qui n'exclut pas les pots-de-vin, sur lesquels on fermera les yeux " dans la mesure où le chat attrape la souris".

Deng Tisaoping, c'est le Machiavel de l'économie et du commerce, des " marchés ".

Les Chinois ont supplanté les Français en Afrique, prenant en charge de nombreuses réalisations. La "Chinafrique", remplace la " Françafrique" (qui est aussi la "France-à-Fric"). Au lieu de "faire suer systématiquement le burnous", d'exploiter une main d'oeuvre locale, peu portée vers la technique, difficile, sinon impossible à former, souvent dilettante et peu fiable, elle est en mesure d'amener ses propres ouvriers et techniciens qui, ceux-là, ne rechignent pas au travail, s'adaptent au climat. Tout simplement parce que ce qu'ils gagneront là-bas, loin de leur pays d'origine, constituera un bon pécule, au retour. En échange de la construction d'infrastructures durables, les Chinois obtiennent de dirigeants africains des concessions minières, des accès à des sources d'énergie, qui leur font tant défaut. Ces marchés sont vite enlevés, car les Chinois connaissent parfaitement les rouages des négociations à l'africaine, la corruption étant aussi un "produit made in China ". Ils ont aussi pour attitude de ne pas s'ingérer dans la politique du pays qui les héberge. Ils n'exportent aucune idéologie, ne véhiculent aucun message, ne prônent aucun système politique, n'amènent pas avec eux des missionnaires. Pragmatiques avant tout ils bossent, passent des accords, point.

Cette politique libérale ne perd pas de vue le souhait d'une montée en puissance de la Chine sur le plan militaire. Là aussi les réalisations sont à la pointe des technologie. Confers l'entrée rapide de la Chine dans le club nucléaire et dans celui des colonisateurs de l'espace. Ils ont montré qu'ils disposaient d'armes antisatellites efficaces. Les premières fusées américaines avaient des portées de l'ordre de trois à cinq mille kilomètres parce que c'était suffisant, à partir des bases de l'OTAN, encerclant toute l'URSS, pour atteindre n'importe quelle cible stratégique russe. Les Russes se dotèrent de fusées offrant d'emblée une portée de 8000 kilomètres (les fameuses Semiorka conçues par l'ingénieur Korolev), ce qui leur permit ... accessoirement, d'être les premiers à prendre pied dans l'espace circumterrestre. Mais il faut aussi ajouter que depuis la Russie, pour atteindre les cibles américaines il fallait des portées de cet ordre.

Les fusées chinoises ont une portée de 12.000 kilomètres. Soit disant pour ... aller dans la Lune.

Qui croira cette fable ?

Les Chinois sont discrets par essence.

Je n'ai rien à dire, rien à proposer. Je m'étonne que nos hommes politiques, de droite ou " de gauche " se montrent si peu diserts, de même que nos économistes et nos journalistes sur cet " atelier du monde " qui s'est constitué, et pourra un jour devenir un " Empire du milieu ", mais un milieu économique, stratégique, financier. Vous connaissez la célèbre phrase, reprise par Perrefitte :

Le jour où la Chine s'éveillera, la Terre tremblera

La Chine est en train de s'éveiller, ou plutôt de se ... réveiller, car elle a un passé scientifique et technique millénaire riche, et elle le fait rapidement, comme le fit jadis le Japon, qui n'avait pas cette tradition technico-scientifique. Par activité scientifique, il faut entendre en priorité celle qui est tendue vers les applications technologiques ( il n'y a pas encore de prix Nobel Chinois ).

En Occident, on palabre, on spécule, on pantalonne, on blingue-blingue, on essaye de vacciner pour permettre à une industrie pharmaceutique de faire des profits, on récessionne, on confond économie et finance. On n'en finit plus de démolir l'outil éducation-recherche au fil de réformes conçues par des incompétents, on saigne les salariés et les PME.

Au passage, j'aurais bien voulu donner des des liens actifs vers des vidéos intéressantes. Notre Président-Visionnaire, auteur de cette célèbre phrase " je vais nettoyer les banlieues au Karsher " a créé une situation de pourrissement, des lieux de non-droit, ce qui éclatait dans les témoignages des policiers français de 2010, présentées dans cette vido d'Arte, qui n'est hélas plus disponible. C'est dommage. C'est un document que tous les Français devraient pouvoir consulter :

http://videos.arte.tv/fr/videos/flics_le_grand_malaise-3247444.html

Vous connaissez le proverbe :

- Qui sème le vent, récolte la tempête

 

C'est exactement ce qui est en train de se passer, sous l'égide d'un ancien ministre de l'intérieur qui pense que pour bien gérer une police, il faut qu'elle puisse rapporter quotidiennement en contraventions ce qu'elle coûte à l'Etat. Les policiers sont donc " tenus avant toute chose de faire du chiffre ", ce qui, aux yeux de leur hiérarchie est infiniment plus important que de courir après les malfaiteurs, ou de faire de la prévention.

Sarkozy organise le gâchis et avant d'être un petit bonhomme complexé et ambitieux, doté du sens de la répartie, c'est surtout un imbécile. Mais, comble de malchance, les autres ne valent guère mieux. Si les Français remplacent Sarkozy par Strauss Kahn, ou par Ségolène Royal, ou par ... (la liste est longue) cela sera le remplacement d'un cheval boiteux par un cheval borgne.

Il est fort dommage que cet autre document, également diffusé sur Arte, sur la police allemande, ne soit plus non plus disponible :

http://videos.arte.tv/fr/videos/allemagne_au_bonheur_des_flics-3253538.htmlhttp://videos.arte.tv/fr/videos/allemagne_au_bonheur_des_flics-3253538.html

 

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