Deux semaines à Flouzeland

9 août 2005

 

20 mars 2013. Huit ans ont passé.

Il est vrai que je ne renierai rien de ce que j'ai écrit dans cette page, en 2005. Nous avions été invité, mon ami Christophe Tardy et moi, à Dubaï, par une espèce de fumiste, qui se prétendait ancien de la DGSE et avait convaincu un des membres de la famille régnante ( le Cheik Ahmed Bin Sulayem ) de financer une entreprise, " EXOMOS ", dont le but était de mettre au point et de fabriquer des ... mini sous-marins, pour véhiculer et amuser les émirs.

 

Hervé Jaubert avec à sa droite le Cheik Mohammed

 

Lire, par exemple :

http://www.lefigaro.fr/reportage/20060315.FIG000000014_sous_marins_de_poche_pour_cheikhs_riches.html

En principe ce bonhomme était issu de l'école Navale. Mais j'imagine qu'il avait dû sécher les cours d'hydrodynamique. Comme disait Christophe, en voyant ses sous-marins : "En moins hydrodynamique, je ne vois qu'un piano à queue".

On a nagé dans l'absurde pendant deux semaines. Quelle avait été notre motivation, en venant là-bas ? Les sous-marins ? Pas vraiment. Mais les émirs avaient de l'argent, beaucoup d'argent, et si nous avions pu rencontrer l'un d'eux, c'eût été pour lui dire " Voudriez-vous être le premier pays au monde capable de fonctionner entièrement à l'énergie solaire ? ". Malheureusement, l'occasion de nous en a pas été donnée et il ne nous restait plus qu'à tuer le temps, en attendant notre vol de retour, deux semaines plus tard.

C'était il y a huit ans.

L'Emirat, fonctionnant avec la société française Total, a mis en service la plus puissante centrale " solaire thermique" du monde : 100 MW. On en parlera plus loin.

Quand nous étions arrivés à Dubaï, en 2005, notre "chef d'entreprise", Hervé Jaubert, pour ne pas le nommer, avait fait venir d'un pays de l'Est un engin ULM à effet de sol, équivalent à toute petite échelle des Ekranoplanes russes. La vidéo montrait que si l'appareil, un biplace en tandem, n'était piloté que par une seule personne, d'un poids modéré, l'appareil pouvait s'élever à plusieurs mètres au dessus du sol, en croisant à bonne vitesse. Et avec ces moignons d'aile, le pilotage d'un tel appareil, croisant à près de 100 km/h, ne devait pas être aisé et a priori sacrément dangereux. Ma réaction d'ancien élève de Supaéro et de pilote d'ULM avait été de lui dire immédiatement :

- Si vous voulez tuer un émir, ou fils d'émir par semaine, succès assuré !

Il avait rangé dans ses tiroirs ce projet de mini Ekranoplane pour émirs.

Jaubert avait visiblement été impressionné par la séquence où on voyait James Bond, dans le film "Opération Tonnerre" évoluer à grande vitesse au milieu "des méchants" ( "bad guys" ) en ayant sur le dos une bouteille de plongée, surmontée d'un propulseur avec une hélice carrénée entraînée par un moteur électrique. Ce qu'il faut préciser c'est que Sean Connery (ou sa doublure) était en fait discrètement tiré par un câble, à vitesse modérée, le tout étant accéléré à la projection.

S'inspirant donc de cette séquence, Jaubert avait fait réaliser un équipement dorsal carréné, du plus bel effet, intégrant une bouteille de plongée, plus un système de propulsion. Hélas la force appliquée se trouvait désaxée de plus de 10 cm par rapport au "centre de traînée" du plongeur, en gros de l'axe de son corps. Lors des essais, du fait de cet incontrôlable couple pîqueur, son kamikaze plongeur d'essai se retrouva immédiatement le nez planté dans la vase du fond. Je suggérais à Jaubert de modifier la géométrie de cet équipement. Hélas, soixante dix exemplaires étaient déjà sortis d'un moule. Là encore, sur le plan engineering, c'était indémerdable.

Dans le hall d'entrée se trouvait deux maquettes d'un "yacht submersible". Le premier était une version civile. Imaginez un yacht de bonne taille, mesurant vingt cinq mètres de long, avec bastingage, cabine, couchettes, WC, plage arrière, poste de pilotage. Son émir lui ayant demandé "un yacht capable de plonger", Jaubert avait immédiatement conçu ce truc surréaliste. Juste à côté trônait, dans ce hall d'accueil, "la version militaire" de l'appareil, de couleur kaki.

Christophe et moi nous mimes au travail, en essayant de réduire un peu le " Cx ", la traînée d'une telle monstruosité. J'avais imaginé par exemple que le bastingage avant pourrait se rabattre vers l'avant, pour ne plus faire obstacle à l'écoulement liquide. Mais Jaubert nous arrêta net. Le bateau était ... presque fini. Effectivement, à quelques mètres du bureau où nous nous étions installés, dans un grand hall voisin, des ouvriers s'affairaient à finir le ponçage de sa coque. On ne pouvait plus toucher à rien.

Un ou deux ans plus tard un type qui avait travaillé dans l'industrie sous-marine m'appela au téléphone. Jaubert voulait s'assurer ses services. Je lui conseillais vivement de faire inscrire sur son contrat que ses frais de transport, d'hébergement et de location de voiture ne seraient pas déductibles de l'envelope correspondant à son contrat. Et bien lui en prit de prendre cette précaution.

Il passa quelques mois à Dubaï. Quand il arriva, le yacht submersible, terminé, avait été mis à l'eau. Mais comme personne n'avait fait de calcul sur le poids des batteries, il penchait, comme le Pitalug cher à Marcel Pagnol. Jaubert en fit enlever quelques une, jusqu'à ce que le fier navire retrouve un minimum d'horizontalité.

Les essais de submersion se révélèrent décevants. Avec une traînée aussi monstrueuse et une motorisation électrique avec des moteurs de machines à coudre, le monstre ne bougeait carrément pas. C'est alors que Jaubert, baratineur infatigable, dit à son émir, un peu désappointé :

- En fait, je ne vous avais pas tout dit : c'est un projet militaire. Le bateau navigue. Et s'il y a quelque menace, il plonge et attend, tapi sur le fond.

Là, les frères de l'émir se mirent de la partie et piquèrent une grosse colère en voyant tout l'argent qui avait été dépensé dans cette entreprise Exomos, qui comptait 140 employés, principalement des Indiens (les articles parlent d'un détournement de trois millions et demi de dollars). Ils exigèrent que Jaubert les rembourse et lui confisquèrent son passeport. Jaubert, qui m'avait contacté en me demandant de pouvoir utiliser les dessins que j'avais faits là-bas, pour un ouvrage qu'il était en train d'écrire (ce que je lui ai refusé) me dit " j'ai retrouvé mes réflexes d'agent secret. J'ai commencé par faire partir ma femme et mon fils aux USA. Puis j'ai fait acheter un voilier par des amis à moi, que j'ai rejoints, une nuit, avec un Zodiac. Et c'est avec ce voilier que j'ai pu rallier la côte des Etats-Unis". C'était en 2009. Voir, pour la suite, cet article de 2010 dans l'Express. Réalité, bluff, effet d'annonce. Je ne sais. Un autre écho, qui date de ce jour, mercredi 30 mars 2013 :

http://www.loriental.info/economie/649-dubai-world-traque-les-fraudes.html

où on note la phrase :

" Jaubert, c’est ce Français dont il est difficile de savoir s’il s’agit d’un James Bond à la sauce frenchy, d’un arnaqueur, ou d’un mythomane ".

Peut-être un mélange des trois ( ce qui doit parfois être le cas au sein de cette DGSE). Mais, s'agissant d'Hervé Jaubert, quelque soit l'angle sous lequel on aborde le personnage, un qualificatif semble convenir à ce spécialite de la nage entre deux eaux. Il est avant tout

Totalement insubmersible

Ce qui est intéressant, aujourd'hui, ça n'est pas le rappel de cette histoire aussi rocambolesque que lamentable, ni celui des gâchis indéniables dont l'émirat s'est fait une spécialité. La nouvelle du jour, c'est la mise en service de la plus puissante centrale solaire thermique du monde : 100 MW.

 

http://www.20minutes.fr/planete/1119949-20130317-emirats-entrent-plain-pied-solaire

Ce chiffre de cent mégawatts est important. Il montre que le solaire peut, non seulement participer à une alimentation de besoins domestiques, mais aussi accéder à une échelle industrielle. C'est un à deux ordres de grandeur au dessus d'installations solaires photovoltaïques, à rendement limité, et un ordre de grandeur en dessous de puissantes centrales nucléaires. Le solaire thermique, ou photovoltaïque est simplement une question d'investissements

Cette installation représente 7 % des besoins en énergie électrique des Emirats Arabes Unis. Mais, renseignement pris, cette centrale ne fonctionne pas 100 % au solaire. C'est un mix centrale solaire, centrale thermique. Les hautes tours, visibles sur la photo, sont des échangeurs, associés à des brûleurs à gaz. Les Emirats sont riches en pétrole, mais aussi en gaz. Celui-ci assure donc ici la production nocturne d'électricité et régule le niveau de la production. Il aurait été bon que l'annonce de l'agence de presse le mentionne. Le mot " à concentration " évoquait la concentration de cette énergie dans un système de stockage, sous, dans de vastes citernes de sel (nitrates de sodium et de potassiun), et je m'y suis laissé prendre. En fait des reportages indiquent seulement qu'une meilleure concentration est obtenue en utilisant des miroirs paraboliques et non cylindriques, ce qui reste trivial. Au foyer circule une huile synthétique portée à 400°.

Les Emirats travaillent aussi sur un autre projet futuriste, la construction de la ville de Masdar qui devrait être achevée en 2020, où le but visé est de pouvoir s'affranchir du recours au pétrole, en fonctionnant totalement à l'énergie solaire. Le problème est alors inverse de celui des contrées du nord. Les habitations de Masdar doivent réussir à lutter contre la chaleur, la température pouvant dépasser 50° dans ce désert. Aux Emirats on dépense de l'énergie, non pour se chauffer, mais pour réfrigérer les habitations et locaux de tous ordres.

Une faible partie de Masdar a été réalisé, couplée à une unité de production d'énergie solaire par procédé photovoltaïque, de 10 MW. Les unités d'habitation ne consomment que 60 % de cette électricité, le reste étant redirigé vers Abu Dabi, proche, via le réseau. Le reportage indique que les panneaux doivent être nettoyés de la poussière toutes les deux semaines, pour ne pas perdre de leur efficacité.

Masdar possède un système de transport individuel par voiturettes électriques, sans chauffeur, qui sont guidées par une installation située au sous-sol (des aimants ) et reviennent, leur tâche effectuée, se recharger automatiquement sur des bornes alimentées par des capteurs photovoltaïques.

Il est dommage que le projet Sham 1 n'ai pas visé d'emblée une centrale 100 % solaire, avec un système de stockage dans des sels, comme cela a été réalisé en Espagne.

L'extension de tels projets n'est qu'une question d'investissements. Oui, se passer du pétrole. S'affranchir du danger mortifère du nucléaire coûterait de l'argent, avec un volume d'investissements approchant les dépenses faites lors d'une guerre. Mais notre survie est à ce prix. Dans les reportages, on brandit sans cesse des comparaisons basées sur le coût du kilowatt heure. Mais on oublie d'évoquer le coût santé. En optant pour le nucléaires, et en se polarisant sur ce coût, on fait l'impasse sur le fait :

- Qu'on ne sait pas gérer, contrairement à ce que pense Paul Henri Rebut ( "les déchets, ça se gère " ), les déchets radioactifs produits par les centrales.

- On ne sait pas démanteler celles-ci

- Les cuves et diverses installations soumises au bombardement neutronique ont des durées de vie limitées, du fait que celui-ci les fragilise, par transmutation des atomes en hélium (ce qui revient à créer des fissures dans la maille cristalline, l'hélium ne pouvant se lier à aucun autre atome ). Quand ces cuves (pressurisées) ont atteint leur durée de vie, on ne sait ... qu'en faire.

- Enfin le risque d'accident majeur est inévitable, inéluctable, et ce qui émergera d'un accident d'un surgénérateur fonctionnant au plutonium sera beaucoup plus dommageable que ceux issus de générateurs fonctionnant à l'uranium, ou au Mox.

- Ajoutons que la " filière thorium " est une foutaise de plus. Seule la recherche d'une fusion aneutronique Bore Hydrogène ferait du nucléaire pourrait constituer une filière d'avenir, propre, inépuisable et sans danger. Mais pour cela, il faudrait ... de l'imagination. Quand on est dirigés par des cons, ils ne faut espérer que des conneries.

Revenant sur Sham 1 on aimerait avoir des détails, c'est l'efficacité du système de nettoyage des miroirs. C'est le problème essentiel qui plombe le déploiement du solaire thermique dans des régions désertiques, où l'eau est rare, trop précieuse pour être consommée pour les taches de nettoyage. On voit sur le cliché suivant l'installation en batteries des miroirs réfléchissants, focalisant l'énergie solaire sur leur tube-foyer :

 

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Une batterie de miroirs de l'installation Sham 1, à Abu Dabi

 

De tels miroirs doivent être fréquemment nettoyés sinon le dépôt de sable ou de poussière à leur surface nuit à leur pouvoir réfléchissant. Voici une des unités de nettoyage mises en oeuvre à Abu Dabi. Il s'agit d'un camion citerne qui porte deux bras robotisés, munis chacun de quatre brosses rotatives. .

 

 

Les brosses rotatives se mettent en place. Les miroirs se sont mis en position verticale.

 

L'une des brosses rotatives en action. On distingue, au dessus, une pipe d'injection d'eau.

 

L'installation est implantée dans une région très sèche, où on aura une forte évaporation de l'eau. On sait par ailleurs d'où vient cette eau, nécessairement douce. Il n'y en a pas aux Emirats Arabes Unis. Toute l'eau douce consommée provient de la désalinisation de l'eau de mer. Près de Dubaï on voit l'immense centrale thermique, fonctionnant au fuel, qui produit non seulement l'électricité domestique, mais aussi cette eau douce, que les émirati consomment sans compter, puisque leurs axes routiers sont bordés de plages de verdure, sous lesquelles circulent des canalisations enterrées.

La question capitale est "quelle est la fraction de l'énergie électrique produite, qui doit être utilisée pour désaliniser l'eau de mer et assurer le nettoyage des miroirs ? ". Si cette question est résolue, alors les possibilités du solaire thermique deviennent infinies, non seulement dans des régions côtières, avec une possibilité d'exporter l'énergie électrique produite à l'aide de lignes acheminant du courant continu en haute tension ( de 400.000 à 800.000 volts ) mais selon une formule de solaire sur barges ( solution évoquée dans Nexus en 2012 ). Des barges qui pourraient être installées en face des côtes du midi de la France. Une solution préférable à celle du projet DESERTEC, trop aléatoire sur le plan politique.

On remarquera au passage qu'il existe un pays qui dispose d'un énorme potentiel au plan solaire, à proximité d'une énorme ressource en eu douce. C'est l'Egypte, qui se résume à la vallée du Nil. La production d'électricité par voie solaire déchargerait la tâche du barrage d'Assouan, dont on connaît maintenant les effets pervers au plans environnemental : cessation de l'apport de limon, réduction de la surface du delta.

Si on intègre la gestion de la désalinisation de l'eau de mer, ce sont toutes les côtes des pays du bassin méditerrannéen qui pourraient être équipées. Ces étendues océaniques se situent à des latitudes où l'insolation est importante. Au lieu de produire directement de l'électricité, ces pays producteurs d'énergie pourraient l'utiliser à produire de l'hydrogène, par électrolyse, lequel pourrait à son tour être acheminé par voie maritime, sous forme comprimée, vers des pays consommateurs, utilisant ce combustible 100 % propre, puisque ne produisant que de la ... vapeur d'eau.

Il y a un détail amusant, dans cette affaire de stockage d'énergie sous forme d'hydrogène comprimé. Cette compression s'effectue nécessairement au pris d'un échauffement, avec dissippation des calories à l'aide d'un radiateur. Cette énergie se trouve alors stockée ... dans la nature. A l'inverse, quand on utilise cet hydrogène comprimé il faut, pour le brûler, le détendre. Cette détente le refroidit. On élèvera sa température à l'aide d'un échangeur, prélevant les calories dans l'atmosphère. Et, modulo quelques pertes, on retrouve celles qu'on avait dissipées sur le site de production et de stockage sous forme comprimée. Ainsi, quand le navire emporte cet hydrogène comprimé, il est discrètement accompagné par les calories qui avaient été stockées ... dans l'air ambiant.

Je vais avoir 76 ans. Il ne faudra pas compter sur moi pour mener un combat pour le développement de telles formules ( et de bien d'autres ). Je me suis par ailleurs lassé de l'ostracisme dont je suis l'objet depuis trois décennies, qui ne s'est nullement affaibli, et qui s'appuie sur des raisons qui n'ont rien à voir avec mes compétences scientifiques et techniques.

Mais je me devais de signaler cette avancée.

D'autres avancées en matière d'exploitation de l'énergie solaire pourraient être faites, en utilisant des surfaces considérables, auxquelles personne ne pense : en couvrant simplement les axes routiers et les voie ferrées. Pour cela, il faudrait un gouvernement qui ait de l'imagination, ce qui n'est ni le cas de celui qui a actuellement en charge le destin du pays France, ni de ceux qui suivront.

Le lobby nucléaire se moque éperduement des conséquences de ses choix, au plan de la santé publique et des risques. Comme disait Einstein à propos des militaires : pour de tels gens, un cerveau n'est nullement nécessaire. Un cervelet suffit largement. Leur seule réaction, de type reptilien, se situe dès que ces gens percoivent le bruit d'un froissement des billets.

J'ai déjà dit et écrit à quel point les décisions imbéciles du gouvernement Hollande, en matière de nucléaire, m'avaient consterné. A quel point tout cela avait montré que les efforts que j'avais déployés en deux années avaient été complètement vains. Je n'insisterai pas plus sur ce point.

N'espérez point que des scientifiques, entre au du Cnrs, prennent le moindre risque pour dénoncer l'aberration des projets français ( ITER, Mégajoule, le surgénérateur à neutrons rapides Astrid, refroidi au sodium ). A l'inverse, par exemple, le bulletin de la Société Française de Physique a ouvert ses colonnes à Jacquinot, retraité, fondateur de l'IRFM (Institut de Recherche sur la Fusion Magnétique). La voie est libre, maintenant. Personne ne le contredira. L'académicien Guy Laval, 77 ans, auteur de cette phrase remarquable "attendons les premiers résultats d'ITER pour nous prononcer", ne mettra pas en révision le rapport de 2007 qu'il a supervisé, à l'académie des Science, concernant la possible exploitation de la fusion pour produire de l'énergie.

 

Est-ce la peine de mentionner que le système de réfrigération de la piscine proche du réacteur numéro quatre, de Fukushima, vient tout récemment de connaître une panne de 28 heures, suite à une panne d'alimentation électrique. Est-ce la peine de mentionner qu'Areva a repris ses exportations de MOX en direction du Japon, où le nouveau gouvernement, orienté à droite, procède à la réouverture progressive de toutes les centrales ?

Est-ce la peine de mentionner qu'au Japon de récentes manifestations ont mobilisé " de milliers de personnes ", autrement dit, rien, à l'échelle d'une telle population.

Ah, j'oubliais. Le Conseil Régional de la Région PACA vient d'accueillir en son sein un ancien directeur de musée, retraité, qui verra ainsi sa retraite s'accroître des 2400 euros liés à cette charge. Il a adhéré au parti Europe Ecologie les Verts. Je ne peux m'empêcher de citer une de ses idées, s'agissant d'une tentative de s'opposer à la gabegie d'ITER. Je vous raconte cela, parce j'ai rarement vu plus con dans toute mon existence. Voici ce que j'ai entendu de la bouche de cet olibrius :

- Il se trouve que ma belle-fille est liée à la fille de Thrieweiller. Ainsi, par son entremise, on pourrait avoir une entrevue avec la compagne de Hollande. On lui expliquerait ITER et elle pourrait ensuite répercuter cela auprès de celui-ci, sur l'oreiller ( au-then-ti-que ! ).

Nulle doute que le Conseil Régional PACA doit se féliciter de s'êtret assuré le concours d'une recrue dotée d'une telle capacité imaginative.

La Revue Nexus restera la seule à avoir évoqué, quand son numéro de janvier-février 2013 le fiasco complet du NIF, grand frère du Mégajoule que l'on achèvera, imperturbablement, près de Bordeaux, et qui repésentera un gâchis complet de 6,6 milliards d'euros.

N'espérez pas non plus, au plan de la recherche, qu'on s'intéresse à une fusion impulsionnelle (Z-machine ou MagLif) et à la faisabilité d'une fusion aneutronique. Sur ce plan, pas de chance, Malcom Haines, qui avait été le premier à comprendre pourquoi ça marchait si bien, a été emporté par son cancer des os en janvier 2013.

 

Malcom Haines, décédé en janvier 2013

 

Son explication des fortes températures obtenues en 2005 à Sandia ( plus de deux milliards de degrés ), basée sur une processus d'échange entre le gaz d'électrons et le gaz d'ions, par turbulence MHD a mis six années à s'imposer, au colloque de Biarritz, où je l'avais rejoint pour le soutenir, le cas échéant.

S'imposer, ça dépend chez qui. Les Français restent complètement hors jeu. A Polytechnique ou au CEA on doit encore s'accrocher à cette idée de "points chauds". C'est curieux comme des idées réellement neuves et fécondes (qui débouchent, de manière concrète et mesurée, sur le domaine, totalement neuf, de plasmas hyper-chauds, où on parlera un jour en dizaine de milliards de degrés) mettent du temps à percer. Il faut dire que la cervelle d'un polytechnicien n'a qu'un faible niveau de perméabilité. Moi j'avais réagi dès la lecture du papier de Malcom, dans Physical Review, en 2006. .

Il est vrai, par ailleurs, que les oreilles sont largement emplie du bruit de fond des générateurs à rendements surnuméraires, des "générateurs de Teslas" et autres bilevesées, tout cela tendant à dicréditer toute percée indéniable, concrète, solide.

Vox clamat in deserto

 

Ici, on revient à mes notes de 2005 :

Quelques notes avant que les souvenirs ne s'envolent.

J'ai passé deux semaine à Dubaï avec mon ami Christophe Tardy, 36 ans, ingénieur. Dubaï n'est pas très loin de Ryad.

 

 

Enfin, pas très loin, s'entend. Là-bas il faisait 48° le jour, avec 100 % d'humidité. Dans ces cas-là on vit dans des bâtiments à air conditionné. Les transports s'effectuent en voiture. Pas question de faire plus de 15 mètres à pied. La nuit, après avoir dégusté l'excellent repas préparé par chef italien, dans un hôtel situé en plein désert, avec ses centaines de chambres agencées autour d'une pièce d'eau de 100 mètres sur 300, on va "prendre le chaud" en allant passer deux heures en plain air, dans un Jacuzzi géant.

 

L'hôtel Courtyard Marriot. A gauche, le restaurant. Devant, la pièce d'eau de cent mètres sur trois cent.
A droite une "reproduction" du clocher de Saint Tropez, et au fond une copie approximative du Pont des Soupirs
de Venise avec canal et pont à la vénitienne. Vue prise du jacuzi de l'hôtel.

 

JPP et Tardy, récupérant dans le Jacuzi de l'hôtel, à la nuit tombée

 

Ci-après, la pièce d'eau autour de laquelle l'hôtel ( au singulier ) est agencé :

 

Le lac artificiel d'eau douce, de 300 mètres sur 100 autour duquel l'hôtel Courtyard est agencé ( je n'ai pas compté les chambres ).

 

Ci-dessous, un des restaurants où nous dînions ( italien ) avec au premier plan la piscine et le jacuzi où nous allions faire trempette à la nuit tombée. On voit qu'autour de l'hôtel c'est le désert complet à perte de vue.

La piscine, le jacuzi et le restaurant italien

 

San Pellegrino on the rock

 

La vie dans les hôtels de luxe n'est d'ailleurs pas sans danger, surtout quand les piscines sont bordées par un "déversoir", au même niveau que le sol.

 

 

En dépit de ce que voudrait suggérer ce croquis, pris sur le vif à l'hôtel, la vie à Dubaï est loin d'être aussi stricte qu'en Arabie Saoudite. Les mini-bars des chambres sont bourrés d'alcool et au centre du restaurant italien, où nous avons mangé les meilleurs gambas de notre vie trônent des empilements de bouteilles des meilleurs crus.

 

Les gambas du chef ( on en a repris trois fois en 15 jours )

 

 

Vu à l'hôtel Courtyard Marriot

 

Le chef de l'Etat, le sheik Mohammed, possède le plus grand yacht du monde, avec sept niveaux et deux ascenseurs, deux pistes pour poser ses hélicopères.

 

Le yacht du chef de l'Etat ( l'avant est vers la gauche )

 

Il se déplace dans un 747 et en possède un autre pour transporter ses chevaux de course. A Dubaï on a construit une piste de ski de 400 mètres de long, avec de la vraie neige. Les montagnes suisses sont peintes sur les murs, en trompe-l'oeil. Il faudrait des pages et des pages pour s'attarder sur toutes les excentricités sponsorisées par ces bédoins devenus multi-milliardaires. .

Avant 1960, sur cette côte, il n'y avait rien. Une crique pour atterrir (vous n'imaginez quand même pas que ceci aurait pu correspondre à l'embouchure d'un fleuve) dans laquelle quelques pêcheurs logeaient leurs barcasses. Derrière, du désert à perte de vue. Devant, le Golfe Persique. Des fonds en pente douce. Eau peu claire à cause de la présence d'algues et de plancton. Aucun poisson de roche. Comme disait un Anglais rencontré à l'hôtel :

C'est perdu au milieu de nulle part...

Dubaï ne correspondait pas à l'arrivée d'une route caravanière. Sans le pétrole le lieu serait resté en l'état. Et puis en 1960 on tombe sur l'or noir et on se met à l'exploiter. En Arabie Saoudite les émirs disent "mon grand-père gardait les chèvres". Ici c'est : "mon père était pêcheur, ou caravanier".

Pas "d'arrière-pays", pas de culture, pas d'histoire, pas de vestiges. Du rien géographique à l'état pur. Mais, tout d'un coup, une masse de pétrodollars qui déboulent. Au lieu de se contenter de claquer ceux-ci à Deauville ou à Cannes ( mais ils le font aussi ) les émirs décident de créer une ville, un pays de toutes pièces. Or dans ces " Emirats Arabes Unis ", qui s'appelaient jadis " la côte des pirates " il n'y a strictement rien. Pas un arbre. Dubaï décide alors de "jouer la carte du tourisme de luxe". Vous avez du en entendre parler, les émirs ont fait construire des îles artificielles en forme de palmiers. La première, dont les villas seront habitables d'ici un an en contient un millier je crois. Il a fallu amener de la terre, quelque chose pour stabiliser tout cela. Puis des conduites, un système complet d'épuration, tout. Nous avons visité "le plus grand chantier du monde".

 

Côte des Emirats. Palm Jumeirah

 

Ceci représente la côte, à 20 km à l'ouest de la ville de Dubaï. Dans les Emirats, tout vient du pétrole, à commencer par l'électricité, produite par une centrale thermique située en bordure de ville, à l'ouest. L'eau douce est obtenue en dessalant l'eau de mer. En faisant circuler cette eau dans des tuyaux enfouis sous de la terre, apportée pour la circonstance, on arrive à faire pousser du gazon, comme dans la célèbre chanson des frères Jacques ( " mais son rêve, c'était d'voir pousser l'gazon..." ). En bas de l'image on distingue le Golf Club où Tardy et moi prenions nos repas de midi, évidemment dans des cages vitrées avec air conditionné. Le vert signale la présence de gazon. Il y a même des palmiers, qui ont la tête dans de l'air à la température de ce qui sort d'un séchoir à cheveux, et les pieds dans l'eau. Le bord de mer et doublé par une autoroute bordée de gazon, avec le même fonctionnement. Tout ce qui pousse est alimenté en eau issue du dessalement, arrivant par dessous. La circulation sur cette autoroute, où les accidents sont quotidiens, est très dangereuse, les émirs considérant que le code de la route "concerne les pauvres", de même que la voie de circulation droite. On double aussi bien par la droite que par la gauche. Nous avons pu rester en vie grâce à la remarquable faculté d'adaptation et d'anticipation de Christophe Tardy, qui fut mon chauffeur pendant ces deux semaines.

La " Palm Jumeirah " est cette première " Marina " assise sur un sol entièrement apporté par des milliers de camions. La largeur du "palmier" doit être de un à deux kilomètres. Celui-ci est entouré d'une bande "corallienne", de même nature, artificielle, où on a ménagé quelques passes. Sur cette bande sont disposées des villas avec appontements. Mais celles-ci qui se construisent sur les palmes n'en ont pas. On y accède par une route située selon l'axe de chaque palme. De chaque côté des chapelets de villas "de luxe", qui ont été mises à prix à un million de dollars l'unité. Les mille premières ont été enlevées en 24 heures. Beaucoup ont été revendues le double quelques mois plus tard. Mais tout cela est en soi un mystère des plus épais. En effet l'image suivante montre les villas, telles qu'elles se présenteront une fois achevées. Une étude plus poussée m'a dissuadé de consacrer à un tel achat le milliard de dollars que j'avais en disponible.

Les villas de Palm Jumeirah

Ce sont des villas avec un étage et une terrasse. Si on excepte celles qui sont en bout de "palme" les autres sont distantes de 5 à 10 mètres. Devant, un bout de terrain, un bassin de quatre mètre sur quatre, un mur et quelques mètres de plage. A cent mètres, une vue imprenable sur "le voisin d'en face". Il s'agit donc des premiers hlm pour riches. Sarcelles sur mer, en quelque sorte.

 

Quelques-unes des 2000 villas en cours de finition, à 2 millions de dollars pièce. Au premier plan, une vasière en cours de formation
Photo : Christophe Tardy

 

 

Avril 2008 : Quatre ans après

Cette marina coûtera, lit-on dans le National Geographic Magazine la bagatelle de 14 milliards de dollars. Sa construction avait débuté en 2001 et elle devrait être achevée en 2013.

 

La Palmeira en 2008

C'est censé être un lieu de résidence pour nantis. Comme vous pouvez le voir, les distances entre les maisons sont inférieures à dix mètres. Si votre voisin met sa radio un peu fort : bonjour ! Mais chacun a son " bout de plage privée ", pour pouvoir aller se tremper dans une eau déjà putride (mais même si elle avait le bon ton d'être propre, l'eau dans cette région est trouble, à cause du plancton. On n'y voit pas à cinq mètres. Question envahissement de cette vasière par les algues, des articles de presse on confirmé ce que j'avais pu constater de visu en 2005. Personne n'a envisagé de système pour faire circuler l'eau !

Mais peut être, dans un monde où le désordre, l'insécurité risquent de faire tache d'huile, ce genre de camp de concentration pour milliardaires sera-t-il recherché. Avec une flotille de vedettes fortement armées, patrouillant dans cesse dans les canaux et tout autour de la marina ?

 

 

Rien n'a été prévu pour que l'eau circule dans ces canaux se terminant par des cul-de-sac. L'eau de mer y stagnera donc, à moins qu'on la fasse circuler avec des turbines. Des ingénieurs étudient des systèmes permettant de remonter le sable des plages, au fur et à mesure que celui-ci s'éboulera dans le canal. En visitant les lieux j'ai pu, en me déchaussant et en remontant mes bas de pantalons constater que le fond sableux était déjà couvert d'un tissu d'éponges de couleur marron, se détachant par plaques. Ce n'est donc pas l'eau des Caraïbes. En mer ouverte la visibilité est de dix mètres et il n'y a rien à voir que du sable. Pour résoudre le problème et développer le sport subaquatique le chef de l'Etat, le Sheik Mohamed jettera à l'eau chaque matin un lingot d'or d'un kilo. Cela fait 365 kilos d'or par an. Ce lingot ne s'enfoncera pas trop profond. En effet la couche de sable n'est que de 30 cm. En dessous, une roche plus dure.

La photo qui est plus haut, en incrustation, montre une des réalisations de Dubaï, peuplé de gratte-ciels. Des dizaines, comprenant jusqu'à 70 étages, sont en construction et des dizaines de milliers de gens y travaillent de jour comme de nuit. On pose un chiotte ou un robinet de douche toutes les cinq secondes. Les émirs ont lancé la construction du plus grand gratte-ciel du monde : 710 mètres :

 

" Burg Dubaï " : le plus haut bulding du monde : 710 mètres. En construction

 

Ce bâtiment risque d'ailleurs de poser des problèmes de visibilité, le temps étant en général couvert à Dubaï, de jour comme de nuit ( nous n'avons jamais vu les étoiles en août ) à cause d'une brume de mer.

 

Revenant à la marina " Palm ", voici une photo prise par satellite, signalée par un lecteur.

 

Vue prise par un satellite

 

Il se confirme que leur méga-marina est bien visible depuis l'espace :

 

Emirats vus de l'espace

Les émirats arabes unis, vu de l'espace. En bordure de mer on voir cette marina en forme de palme.

 

En zoomant

En zoomant sur l'image

A propos de photos prises par satellite, voilà ce qu'on trouve couramment sur Internet :

Photo prise par satellite

On devine la présence de piétons, dont on voit les ombres. Quand nous étions à Dubaï nous avons rencontré un type qui nous a dit que les Américains avaient reconnu ses traits lorsqu'il était dans le parking de son entreprise, en examinant une photo prise par satellite. Cela représente simplement une résolution supérieure. Avec la technique actuelle, la seule façon de passer réellement inaperçu est de se promener avec son parapluie.

Mais revenons à Dubaï où il n'y a ni impôt sur le revenu, ni impôt sur les bénéfices des sociétés, ni charges sociales. Les hôpitaux sont gratuits. Les gens qui travaillent sont soit des maîtres d'oeuvre payés à prix d'or, soit des Indiens ou des asiatiques payés au lance-pierre. On paye un ouvrier 200 dollars par mois et un "ingénieur indien" 2000 dollars. Ces gens ne s'en plaignent pas car ils peuvent ainsi faire vivre de nombreux compatriotes, à distance, et gagnent de toute façon cinq à dix fois ce qu'ils gagneraient dans leur propre pays. Les "immigrés haut-de-gamme", Européens ou autres gagnent en deux ou trois ans de quoi payer la villa qu'ils auraient mis 20 ans à acheter à crédit. Les architectes peuvent exprimer leurs fantasmes les plus fous. Palm Jumeirah, visible depuis l'espace, est "le plus grand chantier du monde". Ca n'est d'ailleurs qu'un début. D'autres projets vont voir le jour. Sur la carte ci-dessus vous avez pu voir un ensemble de taches blanches intitulées " The World ", " le Monde ". Il s'agit d'un ensemble d'îles représentant des pays. Chaque chef d'état ou sénateur pourra ainsi s'acheter l'île correspondant à son état. Visible depuis l'espace, bien sûr.

Cette " Palm Jumeirah " n'est d'ailleurs que le " brouillon " de réalisations plus vastes, comme la " Palm Deira ", située à l'est du port de Dubaï :

Le projet de marina " Palm Deira ". Diamètre : huit kilomètres : le Paris intra-muros. Visible depuis l'espace.

Pour finir ce tour, une vue d'une des nombreuses galeries marchandes.

Galerie marchande à Dubaï
( Photo Christophe Tardy )

Sur cette photo vous avez le tout Dubaï. Au premier plan, à droite, la femme complètement voilée ( au restaurant, la femme voilée glisse son hamburger sous son voile, ce qui demande un certain entraînement ). A gauche le tchador noir ( la femme qui engueule le type en blanc ). A droite le tchador "fantaisie" et, juste à côté une autochrone en pantalons, épaules nues. Ca n'a donc rien à voir avec l'Arabie Saoudite. Tous ces gens se croisent sans problèmes. Détail : il ne s'agit pas d'une vue de Dubaï à la nuit tombante. Nous sommes sous air conditionné. Il fait 48 à l'extérieur et le ciel est peint sur le plafond.

A Dubaï, si on est pas complètement mégalomane on joue en dessous du filet. Seuls des rois du pétrole peuvent envisager la construction d'une pyramide d'une taille supérieure à celle de Kheops.

Pour avoir une idée d'ensemble des projets des Emirats. Un méga en pdf.

Plus pharaonique, tu meurs

Le projet " The World " , un semble d'îles artificielles reproduisant la planisphère terrestre, qui sera visible depuis l'espace, va son train :

L'ensemble d'îles constituant le projet " the World", en face de Dubaï

 

Ce projet sera assujetti aux mêmes problèmes. Une eau peu claire, avec une visibilité inférieure à dix mètres, rien qui soit prévu pour que les courants marins perettent à l'eau de mer de circuler dans ces canaux, ni qu'il soit prévu quoi que ce soit pour leur éviter de s'ensabler. Rien à voir, qu'une mer plate et un ciel plombé, avec 48° quatre mois par an, et le voisin d'en face, à cent mètres "dans les parties continentales". Dans une propriété située "sur une côte" on aura un peu plus de champ. Pas grand chose pour se distraire, si ce n'est de se dire qu'on aurait éventuellement pour voisin Michael Jackson ( ici en visite, aux Emirats, peu de temps après son procès ).

 

2005 : Michael Jackson se faisant présenter le projet " The World "

 

Christophe avait une phrase qu'il prononçait deux ou trois fois par jour, qui faisait mouche à chaque fois, résumant la situation à laquelle nous étions confrontés :

- Tout ceci n'est pas raisonnable.....

Je ne connais qu'un seul lieu sur Terre on on ait implanté du " fun " en plein désert, dans lieu correspondant à la phrase anglaise :

Lost, in the middle of no-where...

" Perdu au milieu de nulle part " : C'est Las Vegas. Ca, ça tourne bien. La recette : le jeu, les femmes, l'alcool et la drogue. A Dubaï on est pas trop regardant sur l'interdit coranique de la boisson. En vidant le mini-bar des hôtels on peut se saoûler la gueule en toute discrétion. On peut même se faire monter une bouteille de Bourbon, j'imagine. Il y a des putes asiatiques dans les bars pour Européens, discrètes, mais bien présentes. Jusqu'où cela pourra-t-il aller ?

Dubaï a donc joué à fond la carte d'un tourisme de luxe. On peut évidemment y jouer au golf, faire du cheval, du polo. La restauration est extrêmement soignée. Notre hôtel avait plusieurs restaurant, dont un des meilleurs restaurants italiens que j'aie jamais connu, dirigé par un maître queue florentin, mais où les personnel, cuisines comprises, est entièrement balinais. Visiblement le cuistots balinais ont parfaitement assimilés l'art de la cuisine italienne.

On peut posséder un yacht, certes, mais uniquement pour frimer. Les îles sont plates comme la main. Les bains de mer : pas terribles. L'eau est trouble. Le sheik Mohammed a alors eu une idée : débvelopper le tourisme sous-marin. La société Exomos conçoit donc et fabrique des sous-marins de plaisance, de toutes les tailles ( y compris des " yachts submersibles ", le fin du fin ).

 

 

 

 

Dubaï se développe à la manière des villes de l'ouest américain à l'époque de la ruée vers l'or, avec un " taux de chômage négatif ". Pas de délinquance ni de police apparente. Ca va avec le plein emploi. Tout délinquant serait immédiatement collé dans le premier avion, son permis de travail étant supprimé. La ville va s'étendre vers l'ouest sur des dizaines de kilomètre en bordant un autoroute déjà engorgé, siège d'embouteillages monstres. Si le tourisme nautique se développait au même rythme, le sous-marin pourrait se présenter comme une alternative intéressante, à condition de disposer d'un sonar anti-collision, indispensable vue la visibilité très limitée.

Tourisme sous-marin ? Encore faudrait-il qu'il y ait, sous l'eau, quelque chose à voir. Des spécialistes ont étudié l'implantation de diatomées susceptibles de manger les algues qui flottent dans le golfe. D'autres prévoient de recréer des fonds sous-marins à la matière d'un Disneyland subaquatique. Ici, les Caraïbes, là, la mer de Corail. Mais les poissons accepteront-ils de loger dans les habitations prévues à leur intention ? Et de quoi se nourriront-ils ?

De nouveaux problèmes sur lesquels plancheront d'autres spécialistes.

On l'a compris : cette côte des Emirats est un monde totalement artificiel, plaqué sur du sable à coup de milliards de pétrodollars. Là-bas les problèmes du reste du monde ne parviennent que de manière assourdie, étouffée. Le mot "croissance" n'a pas de sens. Quand le prix du baril augmente la rente pétrolière suit le mouvement. On ne cherche même pas d'investissements rentables. On construit, c'est tout. Dans Dubaï même on trouve des lotissements composés de centaines de villas de luxe qui restent inoccupés. Les logement ne sont ni à vendre, ni à louer. Qui habitera ces milliers de logements qui correspondent à la construction de toutes ces tours, qui se poursuit à une cadence impressionnante, presque ... démentielle pour nos yeux d'occidentaux. Nous n'en savons rien. Les émirs espèrent que ce tourisme de luxe pourra prendre un jour le relais et constituer l'épine dorsale d'une économie lorsque le pétrole viendra à manquer. Mais gagneront-ils leur pari ? Les eaux du Golfe Persique accepteront-elles de ressembler à celles des Bahamas ? Rien ne me semble moins sûr.

A Dubaï les arpens de désert sont bon marché et s'étendent .. à l'infini. Les entreprises qui s'y installent n'attendent même pas que le permis de construire leur soit délivré. Qui pourrait-on gêner dans un coin pareil ? On peut importer de la main-d'oeuvre à bon marché, d'Inde ou d'Indonésie, voire de Chine. Une main d'oeuvre docile parce que "relativement bien payée" en regard des standards de leurs pays d'origine. Pas de charges sociales, pas d'impôts sur les sociétés, pas d'instabilité politique. Il suffit de concéder des parts de l'entreprise aux émirs en place ( 5 % de la population ).

Mais une chose est sûre : si le pétrole cessait de couler, la centrale thermique ne produirait plus d'électricité. Les ascenseurs des hyper-buildings et les systèmes à air conditionné s'arrêteraient, de même que les chaînes de production. Dubaï ressemblerait vite à ces villes mortes comme on en trouve au Far West ou au centre de l'Amazonie, à Manaos, la ville où les rois du caoutchouc avait fait construire une opéra où Sarah Bernard, sur la fin de sa vie, vint se produire. Christophe Tardy pense que les émirs devraient investir dans les ... énergies renouvelables, dans le solaire, l'éolien, et devenir des leaders dans ces domaines, puisqu'ils en ont les moyens. A Dubaï souffle un vent de mer assez régulier. Les émirs pourraient construire "les plus grandes éoliennes du monde" ( ne serait-ce que pour faire circuler l'eau de mer dans leurs bayous artificiels. Côté solaire, voir le dossier sur le couplage miroir solaire - générateurs Stirling, testé avec succès à Sandia, Nouveau Mexique. S'ils veulent laisser un nom dans l'histoire, au lieu de s'imposer dans le tourisme de luxe, les émirs devraient développer ce type d'appareils, en dotant tous les pays du tiers monde de génératrices électriques très simple et de faible entretien. Ils pourraient aussi être leurs premiers clients en truffant leur désert de génératrices de ce genre, jusqu'à ce qu'ils deviennent auto-suffisants en énergie. Chez eux, ça n'est pas la place qui manque. Ce qui serait amusant, ça serait de créer une usine automatisée fabriquant des génératrices solaires, servie par des robots allant eux-mêmes les installer, jusqu'à ce qu'il arrivent en ... Arabie Saoudite. Il y a de la marge.

Moi, si j'étais émir .....


5 septembre 2005 : L'origine des Emirats Arabes Unis

Cette histoire est dédiée à mon amie Noémie, 11 ans.


On sait que les Emirats Arabes Unis nagent sur un océan de pétrodollars et que la découverte de cette manne, au début des années soixante, est relativement récente. Ce qu'on ne connait pas, c'est ce qui préluda à cette découverte.

Il était une fois un sultan nommé Suleiman Ben Daoud, qui vivait dans la petite crique de Dubaï, écrasée par le soleil, avec même pas un palmier pour se mettre à l'ombre. Il avait trois femmes et deux chameaux. Mais sa vie était si dure que souvent il aurait préféré que ça soit l'inverse : avoir deux femmes et trois chameaux. Devant lui s'étendait le Golfe Persique. Son beau-frère Rachid avait des barques avec lesquelles il essayait d'attraper les quelques rares poissons qui traînaient par là. En fait, les fonds marins, sableux à l'infini étaient si mornes que même les poissons s'y ennuyaient et préfèraient aller se baigner dans l'océan Indien, où il y a des coraux à brouter, même s'ils se faisaient bouffer de temps en temps. Mieux vaut une vie avec une peu de risque qu'une existence aussi morne sans ces fonds de sable où il ne se passe jamais rien.

Les seuls habitants de ces eaux étaient des créatures planctoniques. Mais, le plancton, vous savez, ça ne réfléchit pas trop. Ces créatures grosses comme la moitié d'un grain de sable étaient là parce qu'il y avait de l'eau de mer, c'est tout. Elles auraient pu aussi bien être ailleurs. Rachid ne pouvait rien faire de ces bestioles microscopiques qui passaient aisément au travers de ses filets. Les seuls habitants de ces eaux troubles étaient des requins baleines qui atteignaient souvent des tailles considérable et étaient capables de faire des trous dans les filets sans même s'en apercevoir. Rachid passait donc son temps à les réparer. Quant à Suleiman Ben Daoud, avec ses deux chameaux, il s'intitulait " Entreprise de Transport du Golfe ". Mais les clients étaient rares, vu qu'il n'y avait rien à transporter et que derrière, c'était le désert à perte de vue. Transporter quoi, et où ? Là était le problème.

Il y a des déserts qui ont du charme. Mais celui-là, zéro. Plat comme la main. Le sable n'était même pas de bonne qualité. Un jour Suleiman Ben Daoud se tourna vers le ciel et, s'adressant à son créateur, lui dit :

- Oh, Allah tout puissant, le miséricordieux. Pourquoi nous as-tu fait naître dans ce coin pourri, où il n'y a rien, que du sable ? Avons-nous pêché contre toi pour mériter un sort aussi ingrat ?

Une voix puissante se fit entendre, de derrière les nuages.

- Oh, incroyant et ingrat que tu es. Je vous ai mis tes frères et toi sur la terre la plus riche qu'on puisse imaginer, et toi tu ne vois rien, comme un gros imbécile.

Interloqué, Suleiman Ben Daoud jeta un regard circulaire en se demandant s'il y avait quelque chose qui lui aurait échappé. Il opéra un 360° en règle, mais ne vit rien que du sable et un ciel plombé.

La voix poursuivit :

- Puisque tu es trop bête pour trouver, va dans la poche gauche de la selle de ton deuxième chameau. Tu y trouveras la lampe.

Suleiman Ben Daoud jeta sa face contre terre pendant un bon moment. Puis, comme la voix s'était tue il alla vers son deuxième chameau et sortit la lampe qu'il avait achetée bien des années auparavant à un marchand ambulant et qu'il trimballait depuis des années et des années, dans la poche gauche de sa selle.

- Ce sont des légendes, se dit-il en hochant la tête. Ces trucs ne marchent que dans les contes des Mille et Une Nuits.

Mais, à tout hasard il passa le tissu de sa longue manche sur le cuivre de celle-ci. Un génie immense sortit de l'onde. Il était haut comme trente six derricks et noir comme du brut à 70 dollars le baril. Il s'adressa au Bédoin :

- Oh, Suleiman Ben Daoud, maître de la lampe, que veux-tu ? Parle. Tes souhaits seront exaucés.

Après avoir tremblé de tous ses membres, Suleiman se resaisit. Il demanda d'abord à ses deux femmes d'arrêter de hurler car, dans ces cas là ça n'arrange rien et ne fait qu'empirer les choses. Il se redressa et dit au génie de la lampe.

- Je voudrais être très riche, aussi riche que le roi Fahd, le Saoudien.

Il en sera fait selon ta volonté, répondit le génie. Aussitôt des tas de géologues occidentaux débarquèrent et trouvèrent du pétrole en deux temps et trois mouvements. Puis ils demandèrent à Suleiman :

- Qui est le propriétaire de ce bled pourri ?

- Euh, c'est moi, répondit Suleiman Ben Daoud.

- Bon, dit un des occidentaux, tu signes là et tu te prends un compte dans la première banque venue.

Et ils repartirent aussi vite qu'ils étaient venus. Suleiman se tourna vers l'endroit où le génie couleur de pétrole était apparu, mais celui-ci avait aussi disparu et il se demanda s'il n'avait pas rêvé.

Les choses se passèrent très vite. Les occidentaux firent des trous partout et de chaque trou sortait de l'or noir par milliers de barils. Suleiman avait pris un compte et son avoir se mit à grimper ... à grimper, à une vitesse vertigineuse. Et à chaque fois que le prix du pétrole augmentait il gagnait encore plus d'argent. Il se demanda ce qu'il pourrait faire de tout ce blé. Il commença par s'acheter des babouches en or, mais finit par les quitter parce qu'elles lui faisaient plus mal aux pieds qu'autre chose.

Maintenant les années ont passé. Suleiman est devenu très riche et très vieux. Il a gardé la lampe, mais elle a refusé de marcher une deuxième fois, même en l'astiquant jusqu'à ce qu'elle brille de mille feux.

Suleiman Ben Daoud avait une une nombreuse descendance. Mais ses fils et les fils de ses fils s'ennuyaient. Chacun avait un yacht, mais il n'y avait pas grand chose à voir dans le Golfe, et pratiquement rien à pêcher. Des ingénieurs océanologues essayèrent de construire des fonds sous-marins artificiels et d'y mettre des poissons tropicaux. Mais ceux-ci ne s'y laissèrent pas prendre et, ni une ni deux, préférèrent gagner l'océan Indien, à l'est, une fois passé le détroit d'Ormuz.

Depuis, Suleiman Ben Daoud se rend sur la plage chaque jour. Face à la mer il sort la lampe qu'il trimballe toujours avec lui de son manteau et la frotte la lampe, en disant :

- Dis-moi, génie de mes fesses. Tu as fait jaillir du pétrole partout, ici et maintenant il a plein de galeries marchandes avec air conditionné et une piste de ski où mes fils peuvent aller se casser la figure sur de la vraie poudreuse sans avoir besoin d'aller à Megêve. Mais l'eau de la mer est toujours aussi trouble et ennuyeuse. On n'y voit pas à dix mètres à cause de ce fichu plancton et les requins baleines, quand ils s'égarent dans le port abîment nos yachts tous neufs. Est-ce que tu ne pourrais pas m'arranger ça ?

Rien ne se passe et Suleiman Ben Daoud regarde sa lampe tristement, en hochant la tête.

Mais, comme on dit, dans la vie, rien n'est parfait.

Vous pensez que je vous raconte des histoires à dormir debout. Vous avez tort. Les émirs ont frappé monnaie. Pour que cela reste dans le souvenir ils ont gravé une reproduction de la lampe de Sumeiman Ben Daoud sur le verso. Regardez :

Le temps passe et dans quelques décennies les gens des émirats, trop occupés à jouer au golf ou à faire du ski, ne se souviendront même plus de cette histoire.

23 septembre 2005

Dubaï, l'envers du décor

J'ai regardé hier sur France 2 une émission montrant les dessous de la ville de Dubaï ( dont Christophe et moi n'avions vu en juillet que le dessus, donc ). l'impression est ... effrayante. Je demande aux lecteurs qui auraient enregistré cette émission de se manifester, et à ceux qui seraient capables de réaliser un transcodage en DivX ou en avi de faire de même. Ca me permettra de récupérer des images par copie d'écran et de monter un dossier qui fasse suite à celui intitulé " Deux semaines à Flouzeland ".

Nous avons passé deux semaines à Dubaï, à la demande d'une société qui nous a payé le voyage, le vivre et le couvert. Nous avons travaillé non-stop pendant 14 jours, sans être rétribués, pour essayer d'avancer un projet. Si le dossier donne une impression de vacances, ça a loin d'avoir été le cas pour nous. Cette affaire aura-t-elle des suites ? On verra. Comme on dit "affaire en cours".

Ce que nous pouvons dire c'est que nous avons cotoyé pendant deux semaines une centaine d'employés indiens qui ne se tuaient pas à la tâche. Les salaires s'échelonnaient de la façon suivante : 200 dollars par mois pour le manoeuvre, 1000 dollars pour l'ingénieur. Ceci étant, les techniciens et les ingénieurs indiens que nous avons cotoyés étaient loin de correspondre aux norme de pays comme la France. Pas d'initiative, peu de réelles compétences. Nonchalance généralisée. Sur ces cent salariés, une grande partie, recrutée par un Indien appartenant à la direction, décédé par la suite d'un infarctus, représentait surtout une administration assz lourde. Ceci étant, tous les gens avaient des conditions de travail très bonnes, l'air conditionné ( alors qu'il faisait 48° dehors ). Les ouvriers étaient transportés dans des bus également dotés de l'air conditionné. Le travail s'arrêtait à 17 heures et les employés avaient un jour de repos hebdomadaire, le vendredi. Je n'ai pas visité leurs logements mais, si ça ne devait pas être le grand luxe, je les imaginais dans ce qu'on pourrait qualifier de logements décents. Comme il me fut dit dès mon arrivée :

- Ces salaires peuvent sembler bas, mais ils sont très supérieurs à ceux que ces gens trouveraient dans leur propre pays. Ces gens viennent donc ici pour gagner de l'argent et en envoyer une bonne partie à leur famille.

Ce que nous avons pu voir dans le documentaire tourné par France 2 n'a rien à voir, et je souhaiterais pouvoir donner écho à ce son de cloche sur mon site. C'est de l'esclavagisme caractérisé. Ce que nous avons vu nous a extrêmement choqué du point de vue des conditions de travail, horaires, couverture santé, conditions d'hébergement de travailleurs du bâtiment, chargés de construire les très nombreux gratte-ciels que l'ont voit pousser là-bas comme des champignons. Une image assez proche de l'esclavagisme aux Antilles au 18° siècle. C'est d'autant plus choquant que les émirati, surfant sur des flots de pétrodollars ont largement les moyens d'offrir des salaires convenables et de bonnes conditions de travail et d'hébergement à leurs travailleurs immigrés. Certaines images évoquent les univers concentrationnaires, où les travailleurs de ces camps de concentration étaient dirigés par des kapos. Car, apparemment les émirati ne font rien d'autre qu'encaisser les bénéfices et prendre les décisions. Ils laissent à des gens qui sont eux-mêmes des immigrés le soin d'organiser le travail et de le gérer, de gérer ce "cheptel humain". Ainsi des Indiens exploitent-ils durement d'autres Indiens, des Asiatiques exploitent-ils d'autres asiatiques, sans le moindre scrupule.

Interrogé, un Français chargé à Dubaï de contribuer à l'amélioration de l'image des Emirats à l'étranger, répond :

- Ah, ici, c'est le libéralisme poussé à l'extrême. Quand on travaille à Dubaï, on n'est pas à la Sécurité Sociale.....

C'est ce qui semble, effectivement.

J'ai déjà écrit le commentaire en revisionnant l'émission. J'attends de pouvoir capturer des images pour mettre en ligne.

 


26 septembre 2005 : L'émission est visible sur :

http://info.france2.fr/emissions/13478000-fr.php

Cliquer sur le lien "dans les soutes de l'eldorado" pour lancer la vidéo (33 mn environ).

J'ai la vidéo. Je vais piquer des images et mettre en ligne une illustration de ce document de France 2


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