La construction des Grandes Pyramides



Jean-Pierre Petit, ancien directeur de recherche au Cnrs

Première partie : l'idée-clé : la résistance à la sismicité

 


LES CONSTRUCTIONS ÉGYPTIENNES : CONÇUES POUR RÉSISTER AUX SECOUSSES SISMIQUES

     Ne cherchons pas à savoir exactement quelle est la fonction exactes des ces objets que sont les pyramides égyptiennes, en particulier des plus imposantes, celles de l'Ancien Empire. Ce sont des vestiges archéologiques étonnamment bien conservés, depuis des millénaires. Ils ont résisté non seulement aux dégradations qui sont le fait des hommes mais aussi aux séismes qui sévissent en Égypte. Les ondes sismiques s'expriment dans différentes directions ( verticales, longitudinales ) et selon différentes fréquences. Nous nous en faisons une idée intuitive erronée en les imaginant comme des secousses de longue période, propre à faire basculer des objets massifs. Cette action ne constitue qu'une des facettes de l'activité sismique. Les ondes de plus courtes fréquences sont toutes aussi dommageables. Elles se propagent à travers les matériaux solides en concentrant leur énergie dans les endroits les plus divers et les plus imprévisibles par des phénomènes de résonance. C'est ainsi qu'on peut interpréter les dégâts qu'ont subit les colosses de Memnon lors du séisme de 27 avant JC. De nombreuses statues d’Égypte présentent des mutilations qui sont également imputables à des séismes. Ci-après les célèbres colosses de Memnon.

 

 

 

Les colosses de Memnon, également ravagés par un séisme en 27 avant JC. Hauteur : 18 mètres.

 

     La sismicité représente un des phénomènes naturels les plus impressionnants, auquel rien ne semble devoir résister. Le puissant Ramses II ( 1290-1224 ) avait cru pouvoir bâtir un temple qui défierait le temps en faisant creuser son sanctuaire d'Abou Simbel dans une montagne . La masse gigantesque de cet ensemble semblait pouvoir le protéger des secousses les plus puissantes. Quand le phénomène entra en action la montagne se mit à vibrer. Un des collosses, de 20 mètres de haut, fut cisaillé net tandis qu'à l'intérieure une statue osiriaque était elle aussi endommagée. Des fragments se détachèrent de manière ... imprévisible. Ces dommages furent constatés par un fonctionnaire, dépêché sur les lieux, qui rédigea un rapport qu'on put retrouver.

 

 

 

le pilier osiriaque put être réparé tant bien que mal, mais colosse brisé resta sur place.

 

 

     Voici une photo de l'ensemble, que j'ai prise personnellement

 

On distingue les dégâts sur la jambe droite d'un des colosses, ayant fait l'objet d'une réparation.

 

     Ces colosses, découverts par l'aventurier italien Belzoni étaient partiellement ensablés. Les dégâts qu'on peut observer ne sont pas dûs à des destructions opérées par les Chrétiens Coptes et les Musulmans, qui ont martelé de nombreuses statues, pour obéir aux injonctions de leurs dieux, qui interdisaient la représentation de figures humaines. On voit que les ondes des séismes peuvent endommager n'importe quelle partie d'un édifice où elles concentrent leur énergie par résonance. Cela peut détruire un colosse, un pilier osiriaque, la jambe d'une statue, mais aussi une corniche, un bout d'oreille.

     A propos de cet interdit des représentations anthropomorphes il est un fait que les Égyptiens ont pratiqué de tous temps la magie. On trouve dans les sites des poupées de cire ( qu'on trouve également en Afrique, truffées de clous ). L'idole est un objet magique, à la fois objet d'adoration et de haine. Pour l’égyptien la statue du dieu "contient le dieu". Cette fusion entre la statue et le dieu est opérée par les prêtre à travers le rituel " de l'ouverture de la bouche ". Cette croyance s'est perpétuée de nos jours, dans de nombreuses religions. De nos jours les idoles modernes sont " consacrées" , bénies. Le pape actuel est allé jusqu'à bénir ... les automobiles d'un club de collectionneurs. Ceux qui en doutent n'ont qu'à penser à la statue de Saint Pierre, dans la basilique de Rome. Le fidèles touchent un de ses orteils, rituellement, depuis des siècles. C'en est au point que le bronze a été usé par ce simple contact sur plus d'un centimètre d'épaisseur.

     La fonction magique des statues et bas-reliefs explique l'extraordinaire rigidité des modèles, au fil de millénaires. Tous les temples égyptiens portent sur leurs pylônes la même scène où on voit pharaon tenant par leur chevelure ses deux ennemis traditionnels : le Sémite du nord et le Nubien du sud. Dans son autre main il brandit une matraque avec laquelle il s'apprête à les tuer. Cette scène a valeur de protection de l’Égypte. Pour que cette magie fonctionne il est indispensable qu'elle soit reproduite suivant des canons bien précis. Dans cette tâche l'artiste a ainsi peu de latitude.

     On trouve une gestuelle symbolique à caractère magique dans la statuaire et les bas-reliefs égyptiens. Dans certains sarcophages l'artiste a peint en face des pieds de la momie des représentations des ennemis Nubien et Sémite, que le pharaon pourra ainsi continuer d'écraser, même dans l'au-delà.

     Les historiens ont relativement peu étudié cette composante magique des religions anciennes, peut-être parce qu'elle les amènerait sans doute à devoir se pencher sur les aspects magiques des religions contemporaines. Du temps de l'Ancienne Égypte, comme du temps des Babyloniens et des Cananéens les actions magiques  faisaient partie du quotidien. Si les Égyptiens avaient une pharmacopée très avancée, il doublaient ces traitements par des rituels de guérison très complexes. Le versant obscur du médicament est le poison, qui fut aussi largement utilisé. De même, l'envoûtement rituel, où on ne cherche pas à guérir mais à rendre malade, à tuer, faisait partie du quotidien de l'Egypte.

     Quand les religions monothéistes apparurent, elle représentèrent entre autre une violente réaction contre ces activités humaines. On peut ainsi expliquer cette obsession de toute éradication de représentations humaines, pouvant être utilisées potentiellement dans des activité de magie noire. Selon le récit biblique la conquête de la "Terre Promise", habitée par les Cananéens, les Jébuzites, etc aurait été extrêmement violente, ces peuples étant " voués à l'interdit ". Ainsi fut détruite la ville de Jéricho. Vouer une ville à l'interdit, dans ces temps anciens c'était tuer hommes, femmes, enfants et même animaux, détruire la ville de fond en comble. Les Hébreux "traitèrent" ainsi nombre de villes du pays que leur dieu leur avait données. Mais à cette époque régnait cette forme de violence, partout. Les Assyriens étendaient les peaux des ennemis écorchés à vif sur les muraille des cités qu'ils investissaient. Plus tard les prêtres Aztèques se revêtaient de peaux de jeunes filles écorchées, selon un rituel de régénération printannière.

     Des fouilles archéologiques révélèrent que les couples Canaéens immolaient rituellement leur premier-né, dont le corps était enseveli sur le seuil de la porte de leur demeure. Il était ainsi " offert aux dieux ". Le thème du sacrifice d'Abraham peut être compris, symboliquement, comme le passage du sacrifice humain au sacrifice animal, qui deviendra une véritable industrie au sein du peuple Hébreu.

    Les histoires des religions abondent d'exemples de sacrifices humains. Toujours dans le bassin Méditerranéen on pensera à la description des sacrifices d'enfants, massifs, en vogue à Carthage, décrit par Flaubert avec une précision romanesque, qui fut confirmée par l'archéologie.

     Bien que nous n'en ayons pas conscience, nos guerres modernes ont une valeur sacrificielle, suicidaire ( outre qu'elles sont une source de fabuleux profits pour des minorités, dans chaque camp ). Il est étonnant que près d'un siècle après la première guerre mondiale des historiens ( hors série 582 du Figaro paru durant l'été 2006 ) chantent l'héroïsme dans les deux camps, alors que ce conflit de 14-18 ne fut qu'une boucherie immonde, dénuée de la moindre justification historique. En conclusion de ce dossier les auteurs s'interrogent pour savoir de qui, entre Pétain, Joffre et Foch fut "le véritable héros de Verdun ", des gens qui, retranchés dans leurs états-majors envoyèrent des millions d'hommes se faire tuer dans des conditions atroces, après avoir été acheminé vers leurs tranchées par " la voie sacrée ". Ce qui est extraordinaire c'est l'épisode de Fachoda, 18 septembre 1898 ( cherchez sur wikipedia ), où les Français envoyèrent aux confins de l'Egypte une mission militaire dirigée par le capitaine Marchand afin d'occuper un point-clé du dispositif de main-mise coloniale opérée par l'Angleterre à cette époque dans cette région de l'Afrique. Les Français, déchirés à l'époque par des scandales politiques et financiers, cédèrent aux pression diplomatiques des Anglais. Mais, comme le notait à l'époque un diplomate français en poste à Londres " la population Anglaise est dans sa majorité prête à accepter l'idée d'une guerre avec la France ". Je trouve qu'un auteur de science fiction devrait écrire une "histoire parallèle" décrivant le déclenchement d'une guerre entre la France et l'Angleterre, avec toutes les suites qui en découleraient. Une première guerre mondiale bis qui aurait très bien pu se dérouler, toute aussi absurde que la "vraie".

     Avant que les Australiens n'interdisent les affrontements tribaux dans la vallée du Waagi, les Papous y menaient des guerres de manière chronique. Celles-ci se poursuivirent jusque dans les années soixante-soixante dix. Il existe des cassettes vidéo se référant à une enquête menée sur le terrain par Conally et Anderson, auteurs de cet ouvrage fantastique qu'est "Premier contact". Pour lutter contre ces guerres tribales les Australiens refusaient tout simplement de fournir des soins médicaux aux blessés par flèches.

     Valons-nous mieux que ces Papous, émergeant de notre préhistoire ? Actuellement on a l'impression que les hommes souhaitent "une bonne guerre" dans tous les coins du monde, expression d'un paléo-encéphale resté très actif. Et pour ce faire tous les moyens sont bons, y compris la " guerre sainte " dans les différents camps.

     Fermant cette parenthèse il est tout à fait possible que la chute du nez du Sphinx de Giza puisse correspondre à un phénomène sismique. Notons au passage que la tête du sphinx de Giza est relativement petite par rapport au corps. On pourrait même dire anormalement petite, vis à vis des canons en usage pour ce genre de représentation alliant la personnalité du pharaon et la puissance du lion.

Le Sphinx de Giza, vu de profil

 

     Ce rapport dimension de la tête sur dimension du corps ne câdre pas avec les images de sphinx qu'on trouve au pied de la statue sur la stèle posée par le pharaon Toutmosis IV, qui découvrit l'immense statue ensablée, laquelle "lui aurait parlé au cours d'un songe". Ci-après la stèle en question :

 

La stèle implantée par le pharaon Toutmosis IV entre les pattes du sphinx.

 

et, image suivante, un gros plan :

 

L'un des deux sphinx, sculptés sur la stèle apposée par le pharaon Toutmosis IV

 

     Le texte de cette stèle :

 

 


Un jour il advint que le fils royal Thoutmosis, qui allait se promener à l'heure de midi, se reposa à l'ombre de ce grand dieu ; la torpeur du sommeil le saisit, au moment où le soleil était à son zénith. Il s'aperçut alors que la Majesté de ce dieu auguste lui parlait, de sa bouche même, comme un père parle à son fils, disant : regarde-moi, contemple-moi, ô mon fils Thoutmosis ; je suis ton père, Horakhety-Khepri-Râ-Atoum ; je te donnerai la royauté sur terre, à la tête des vivants, tu porteras la couronne blanche et la couronne rouge sur le trône de Geb, le prince (des dieux). La terre t'appartiendra en sa longueur et sa largeur, et tout ce qu'illumine l’œil brillant du maître de l'Univers. (...) Voilà que maintenant le sable du désert me tourmente, le sable au-dessus duquel j'étais autrefois ; aussi hâte-toi vers moi, afin que tu puisses accomplir tout ce que je désire".

 

 

     En comparant les deux :

     

Le sphinx de la stèle de Toutmosis IV et son "modèle"

 

     Il est tout à fait possible que la tête du sphinx ait été endommagée par un séisme et ait été par la suite retaillée. Selon Georges Goyon cette statue du sphinx aurait été taillée sur ce qu'on appelle une "laisse de carrier", c'est à dire dans une région où le calcaire aurait été de trop mauvais état pour faire l'objet d'une exploitation en carrière. Le corps du sphinx fait clairement apparaître la structure en strates du calcaire du plateau de Giza, un matériau à cet endroit assez médiocre, si on exepte la tête. Un pharaon ( on parle de Kephren ) aurait alors dit :

     - Le calcaire est de trop mauvaise qualité pour être exploité, si on excepte la partie supérieure. Pourquoi ne pas faire un sphinx à mon effigie ?

     Les sésismes agissent sur les constructions mégalithiques dans leurs entrailles les plus intimes. Ici nous avons un chambranle de porte, photographié à l'intérieur de la pyramide d'Ounas. En dépit de ses dimensions impressionnaires : deux mètres de haut sur quatre de large et un mètre d'épaisseur, ce linteau fut fendu et un fragment se détacha.

 

Pyramide d'Ounas : linteau fendu

 

     Cette disposition des blocs peut être décrite comme celle "du linteau massif". Quelle que soit l'épaisseur et la hauteur de celui-ci elle s'avère inefficace vis à vis de sollicitation sismiques.

 

 

Technique du linteau massif

 

     De tels exemples abondent dans les tombes pharaoniques.

     La pyramide d'Ounas est de dimensions relativement modestes et sa salle sépulcrale se situe en dessous du niveau du sol. Bien qu'elle ait été ainsi partiellement creusée à même le roc on voit que cela ne l'a pas empêché de souffrir du malaxage et des vibrations puissantes qui accompagnèrent le séisme qui ont entraîné la fissuration du linteau de la porte.

 

 

Pyramides avec chambres sépulcrales dotées de plafonds en voussoirs.

 

     Par contre on peut voir que les dalles du plafond n'ont pas souffert, qui forme un toît qu'on appelle voussoir. Ce système est utilisé pour encaisser la pression formidable qu'exerce toute la masse de la pyramide. Le voussoir encaisse cette force de compression et la répercute sur ses appuis latéraux. C'est une excellente façon de résister à la fois à la pression et aux effets des séismes. L'entrée de la pyramide de Khéops est équipée d'une structure en voussoir extrêmement impressionnante qui n'a subi aucun dommage lié à un séisme.

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Entrée de la pyramide de Khéops, surmontée d'immenses voussoirs.

 

     Cela voudrait-il dire simplement que la pyramide de Kheops n'aurait pas subi l'attaque de séismes ? Non. La salle sépulcrale possède un plafond plat constitué par des dalles d'au moins sept mètres de longueur, dont la largeur et l'épaisseur sont de l'ordre du mètre. Plusieurs de ces dalles sont fendues sur toute leur largeur. Pourtant celles-ci ne se sont pas effondrées. On expliquera plus loin pourquoi.

     On ne connaît pas d'exemple où des toitures de ce type, pourtant formidablement chargées, aient été endommagées par des séismes. C'est la structure anti-sismique par excellence. Une voûte n'est pas, par contre, une structure anti-sismique. Les Egyptiens de l'Ancien Empire connaissait fort bien les techniques permettant de construire des salles voûtées. On en trouve de très bien conservées dans les magasins de ramasseum de Ramses II . Ces voûtes-là sont en brique crue. On en trouve d'autres exemple dans des portes qui trônent à proximité de l'entrée du sanctuaire de la reine Hatshepsout. Mais on ne trouvera pas de voûte en pierre. Il semble que les Egyptiens aient parfaitement compris qu'à long terme une voûte en pierre ne tiendrait pas le coup. Des constructions en briques crues, même si elles se sont conservées jusqu'à nos jours ne pouvaient que se réferer à des structures susceptibles d'être détruites, comme des greniers ou des portes.

     Nous avons dit plus loin qu'un séisme se traduisait par un ensemble de vibrations parcourant la terre et les édifices, y compris les plus massifs d'entre eux. Il n'existe aucun barrage possible à ces ondes basses fréquences, comparables à des infrasons. Ramses II avait cru bon, à Abou Simbel, de se creuser un véritable bunker. Mais dans les faits toute cette masse fut parcourue par ces trains d'onde destructeurs. Ainsi, si on ne peut pas s'opposer à la propagation de ces ondes, alors il faut assurer la dissipation de l'énergie. La solution consiste à ménager des jeux entre des blocs. C'est la raison pour laquelle les constructions de l'Ancien Empire sont construites sans liant. Lorsqu'une pyramide de la taille de celle de Khéops subit l'agression d'un ou plusieurs séismes, et ce fut le cas puisque les blocs du plafond de la chambre sépulcrales ont été retrouvés fendus, toute l'énergie se trouve dissipée par des glissements des blocs les uns par rapport aux autres. ceux-ci sont agencés de manière irrégulière, de manière à éviter la propagation de toute onde de glissement. Les images ci-après sont extraites de l'ouvrage de feu Georges Goyon.

 

 

 

Absence de régularité des jointoiements en tant que méthode de résistance aux séismes.

 

     Cette irrégularité se retrouve même dans les surface de jonction latérales.

 

Absence de régularité des jointoiements en tant que méthode de résistance aux séismes.

 

     Il n'est pas sûr que, de nos jours, les égyptologues aient réellement compris la fonctionnalité de ces irrégularités puisque, quand ils effectuent des travaux de restauration ils assemblent les blocs régulièrement ce qui, vis à vis de la technique architecturale égyptienne, entièrement axée sur la résistance aux séismes est un non-sens. Exemple : la tentative de restauration des pattes du grand Sphinx de Giza.

 

 

Tentative de restauration des pattes du Sphinx de Giza. Notez la régularité des joints.

 

     De telles erreurs dans les restaurations sont très fréquentes sur le sites égyptiens. Cette approche nous permet de comprendre l'idée sous-jacente qui préside à la construction des sépultures égyptiennes : le souhait de les voir perdurer, résister aux séismes. On trouve ces mêmes irrégularités dans les constructions grecques. Ci-après, à Delphes :

 

Mur à Delphes, agencement irrégulier des pierres

 

ainsi que dans beaucoup de régions d'autres régions du monde.Ci-après la Grande Muraille de Saqsayhuaman, qui se situe près de Cusco.

 

La Grande Muraille de Saqsayhuaman, près de Cusco.

 

     Même type de structure au Pérou où cette irrégularité dans les surface de jonction s'opposent à la propagation de dislocations.

 

Mur dans une construction cyclopéenne péruvienne

 


     Un lecteur, monsieur Guillaume Foliard m'a envoyé cette photo qu'il me dit avoir pris lui-même il y a neuf dans dans l'île de Paques dans un endroit situé, écrit-il " au milieu de nulle part ". Il donne les dimensions : deux mètres de haut et entre 5 à 10 mètres de long, selon ses souvenirs. Au premier plan se trouverai un Moaï.

 

Photographie envoyée par Guillaume Foliard ( © ) , qui me dit l'avoir prise il y a 9 ans dans l'île de Pâques.

     Un de mes amis archéologue, qui a travaillé en Amérique du Sud me dit que les archéologues ayant travaillé sur les différents sites n'ont jamais songé que l'irrégularité des joints entre pierres, de même que le "fruit" des murs ( leur inclinaison vers l'intérieur ) puisse correspondre à des mesures antisismiques.

  

 

" Pic de la pierre solaire ", selon les archéologue. Je dis :
peut-être embase anti-sismique d'une construction ayant disparu.

 

Aménagement d'une embase anti-sismique au Pérou : " Le trône de l'Inca"

 

     Je pencherais plutôt pour des assises, des ancrages de constructions dont les pierres auraient été récupérées, analogues aux terrasses en escalier ménagées sur l'assise rocheuse des pyramides, jouant le rôle de "pion de centrage" pour éviter que le bâtiment n'aille se balader en cas de séisme.

     Nous avons cité plus haut l'exemple d'un sépulcre mal construit, avec un linteau posé simplement sur l'ouverture, en espérant, naïvement, que sa masse imposante lui permettra de résister. On trouve dans d'autres tombes ( dans la pyramide Rouge de Snéfrou ) des "linteaux fendus" qui ne peuvent plus l'être ... puisqu'ils le sont déjà.

 

Photo ou dessin d'un système de "linteau fendu"

 

     Dans de nombreuses tombes les couloirs de communication ont une de leurs parois verticale qui se confond avec un des murs, toujours pour accroître la résistance de l'ensemble aux secousses sismiques. Ce qui est curieux c'est que dans des pyramides construites à des époques voisines la solution du "linteau fendu" sait été parfois mise en œuvre, parfois non. La photo ci-après a été prise au coeur de la pyramide Rouge, construite par le père de Khéops, le pharaon Snefrou. Ici l'architecte ( ou le chef de chantier ) a cru qu'en disposant sa galerie tout contre une puissante paroi ceci suffirait à assurer la solidité de son plafond. Mais voici le résultat :

 

Rupture d'un chambranle massif, au coeur de la pyramide rouge de Snefrou, dû à un séisme

 

     En règle générale on pourrait dire que ces agencements ( voussoirs, linteaux fendus, empilement de blocs sans liant sont l'illustration du principe :

 

Ce qui est déjà fendu ne se fendra plus.

 

     C'est le cas des pyramides qu'on peut considérer comme "infiniment fissurées".

     Toute l’Égypte est emplie de signes qui nous montrent que les Égyptiens de l'Ancien Empire connaissaient fort bien la fréquence et l'ampleur des séismes ravageant périodiquement leur région et avaient imaginé des modes de constructions anti-sismiques.

     On sait que le sommet des pyramides étaient surmontés par des "pyramidions". On en a d'ailleurs retrouvé d'intacts. Fait significatif : ceux-ci n'ont pas une base plane mais sont dessinés de manière à pouvoir se loger dans une cuvette à bords carrés. Dans la pyramide, le pyramidion est le seul bloc qui ne soit pas coincé entre celui qui se trouve au dessus et celui qui se trouve au dessous. Il fallait donc imaginer un système qui lui permette de rester en place en cas de forte secousse.

 

 

Le pyramidion anti-sismique

 

 

Le pyramidion de granit noir de la pyramide d'Amenemhat III, dite "la pyramide noire"
Dimensions : bas : 1,87
x 1,87 mètres. Hauteur : 1,31 m. . Source : l'ouvrage allemand.

 

     La pyramide noire est à Dashour, et est située à quelques kilomètres de la pyramide Rouge et de la Rhomboïdale. Postérieure, elle date de la XII° dynastie ( environ 1840 av JC). Elle a été construite en brique crue et était à l'origine recouverte par un revêtement, qui a disparu.

 

La "pyramide noire". Dashour, vers 1840 av JC

 

 

     Les pyramides sont constituées par des lits de blocs. Dans certaines pyramides, comme la rhomboïdale on décèle une inclinaison qui évoque le fait que l'ensemble de la surface de contact entre lits de blocs pourrait présenter une concavité dirigée vers le haut, ce qu'avait déjà noté G. Goyon dans son livre.

 

 

Inclinaison des pierres du revêtement de la pyramide rhomboïdale. A l'arrière-plan, la pyramide rouge de Snefrou

 

     Mais une telle inclinaison reste exceptionnelle.

     Toujours au rayon sismologie nous remarquerons que, par exemple, le site de Giza est lui-même anti-sismique. En effet le sol est constitué parune alternance de couches de calcaires et d'argile, l'ensemble évoquant  un "mille-feuille". On fait par expérience  que ce type de terrain amortir très bien les ondes longitudinales. En Amérique du Sud, une partie de la ville de &&&, qui était construite sur un sol homogène fut totalement ravagée alors de les bâtiments trônant sur une autre partie, en "mille feuille", restèrent debout. On ne peut pas exclure que le site de Giza ait été choisi pour ses excellentes qualités, vis à vis d'une résistance à la sismicité.

     Les Grandes Pyramides, comme celle de Khéops ont fait l'objet de sondages, lorsque les Arabes entreprirent d'y pénétrer pour rechercher le trésor qu'ils croyaient que celles-ci recélaient. A cette occasion il s'avéra que la pyramide reposait non sur du terrain plat mais sur un mamelon calcaire, haut de quelques mètres, qui avait été retaillé en marches d'escaliers.

 

Les grandes pyramides : ancrées au sol par une structure en marches d'escaliers, véritable "pion de centrage".

     On retrouve ( ligne rouges ) les couches d'agile, alternant avec les filons calcaires, donnant à ce soubassement un caractère antisismique. On notera que les épaisseurs de ces couches (qui ne sont pas à l'échelle) ne sont pas égales. Ceci fera l'objet, plus loin, d'un autre commentaire. On trouvera, plus loin ( "système de décharge" situé au dessus de la salle sépulcrale de la pyramide de Khéops ), d'autres indications démontrant les extraordinaires connaissances que les Égyptiens de l'Ancien Empire avaient des phénomènes sismiques et de la façon d'y palier.

 

 

Photo montrant la stratification de la couche calcaire sur le plateau de Giseh
( qui est également visible au niveau de la tête, où la pierre est de meilleure qualité )

        


 

 

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