La construction des Grandes Pyramides

Jean-Pierre Petit, ancien directeur de recherche au Cnrs

Cinquième partie : Quelques remarques avant le gros morceau

 

 

      La sixième partie sera consacrée à une théorie de l'édification des Grandes Pyramides. Avant d'attaquer ce sujet, revenons sur quelques points.

Vous avez sans doute vu pas mal de dessins, de schémas décrivant "le système de décharge" qui surplombe la pyramide de Kheops. Revenons d'abord sur le plan général.

 



La pyramide de Kheops, disposition générale.

 

      Je voudrais simplement faire une remarque qui est liée à la longévité et à l'état de sante d'un pharaon. Dans cet ensemble funéraire nous distinguons trois structures. Il y a d'abord, en bas, creusée dans le roc une salle souterraine qui semble inachevée. Elle ne peut qu'avoir été creusée la première. On peut la considérer comme la tombe de première urgence du roi Khéops. Quand son état de santé a semblé suffisamment affirmé, on a pu entreprendre la construction d'une seconde tombe, improprement appelée "tombe de la reine". Celle-ci possède des amorces de canaux de section rectangulaire dont personne n'a jusqu'à présent percé la signification. Il pourrait effectivement tout simplement s'agir de canaux d'aération, destinés à être fermés après l'achèvement de l'ouvrage. On peut aussi se dire que ces structures avaient aussi une signification symbolique. Mais, dans le cas des degrés "lesquels sont destinés à permettre à l'âme du pharaon de gagner le ciel " on a vu que des structures parfaitement fonctionnelles pouvaient possèder en parallèle une forte connotation symbolique. L'un n'exclut pas l'autre. Je dirais même qu'il me semble que dans l’Égypte Ancienne les deux vont de pair et que la pensée scientifique vit en symbiose avec la perception symbolique et religieuse du monde.

      Ce qui est intéressant c'est que les deux canaux partant de la seconde tombe s'arrêtent brusquement et ne débouchent nulle part.

      Voici mon interprétation personnelle. Quand l'aménagement de cette seconde tombe fut assez avancé l'état de santé, l'espérance de vie du pharaon semblèrent assez bons pour que soit lancée la troisième tranche des travaux, celle qui conduisit à la pyramide telle que nous la connaissons. La partie se jouerait alors en trois temps.

 


     

 

 

Deuxième stade : On commence l'édification d'une tombe dans la salle sépulcrale serait "la chambre de la reine"


 

     On arrive au stade de construction correspondant à la figure ci-après. La santé du pharaon paraît suffisamment bonne pour qu'on laisse en plan cette "tombe provisoire n°2" et qu'on passe au projet final. Prévoyants, les architectes ont prévu le pilier destiné à soutenir la chambre sépulcrale du projet n°3, correspondant au projet final.

 

A ce stade on laisse tomber le projet de tombe dont le plafond, constitué par des voussoirs, qui deviendra la "chambre de la reine"

 


     On reprend alors le projet général :

 

 

Le projet général, en indiquant ce qui a été construit au stade 2

 

     Comme on le verra plus loin, la pyramide est construite par couches horizontales successives. Tout doit donc être prévu et aménagé au fur et à mesure. On reprend donc le projet en élevant une nouvelle structure.

     On est obligé de repartir au niveau du sol. Ci-après, après mis en place de quelques couches de pierres :


 


Là, on atteint le niveau de la première construction au moment de l'arrêt des travux :

 

:

 

 
  
Tiens, tout d'un coup quelque chose me saute aux yeux :

 

 

     Les angles les "canaux d'aération" des deux chambres sépulcrales et l'angle de descente dans la première tombe sont voisins. Je dirais même plus : ils démarrent tous les trois de la même manière, en commençant par une partie horizontale. Ceux du côté nord ( à droite ) pointent vers la même direction du ciel. Cela ne peut pas être dû au hasard. Le canal de descente vers la tombe souterraine ne peut être qualifié de "canal d'aération". Visiblement, quand Khéops fait préparer sa tombe, une chose lui paraît essentielle : posséder un axe de visée vers quelque point du ciel. Dans les trois projet on a ce canal.

A vue de nez l'angle fait dans les 27°

     De toute façon ces angles ont été mesurés depuis longtemps. Je lis que la galerie d'accès pointe vers l'étoile alpha draconis et un des "canaux de ventilation" vers les Pléïades.

     Donc les canaux étroits ménagés au cours de la construction ne sont pas des canaux d'aération. Ce sont des "rampes de lancement" pour permettre à l'âme du pharaon de rejoindre le ciel, pour le moins. En tout cas, soudain, le caractère symbolique semble l'emporter sur la simple fonctionnaité. On marquera dans ce qui suivra la pente de la galerie d'accès des différentes pyramides.

     La construction va se poursuivre, toujours par couches.On va poursuivre, entre autre, le montage du pilier en haut duquel reposera la nouvelle salle sépulcrale. Tout doit être prévu à chaque stade. Cette technique ne laisse aucune place à l'improvisation. Personnellement je ne crois pas à une thèse selon laquelle les architectes auraient changé d'avis au cours des travaux. L'étapes suivante montre la pyramide au moment où les éléments de la Grande Galerie ont été mis en place. Le couloirs avec les herses a également été assemblé. On a mis en place les blocs-bouchons destinés à condamner l'accès. La pose des dalles du plafond du sépulcre a été achevée.

 

 

La salle séculcrale n°2 ( définitive ) repose sur son pilier

 

     La construction se poursuit, toujours couche après couche.

 

 

Ici le niveau où se trouvent achevés les canaux partant de la chambre sépulcrale est atteint

 

 

 

Le corps de la pyramide est achevé. Il reste à adapter son revêtement

 

 

Le revêtement est adapté. Plus qu'à condamner les lieux

 

 

Le corps de Khéops est en place dans son sarcophage. La salle sépulcrale est remplie. Les herses sont descendues
L'entrée de la salle sépulcrale, au fond de la grande galerie a été camouflée. Les bouchons de granit obstruent l'entrée
La revêtement de calcaire est partout reconstitué. Pharaon pense pouvoir dormir tranquille

 


     On voit que tous les éléments constituant la pyramide doivent être amenés les uns après les autres, dans l'ordre, selon un schéma préétabli de manière extrêmement stricte et immuable. Aucune improvisation n'est possible. Avant de développer une théorie évoquant la façon de monter tous les blocs, jetons un oeil au "système de décharge" qui se trouve au dessus de la salle où repose le corps de pharaon.

     Les gens qui se lancèrent dans une exploration des alentours de la salle sépulcrale de la pyramide de Khéops, dans l'espoir de découvrir enfin "le" trésor découvrirent au dessus de celle-ci une cavité :

 

 

Espace séparant deux éléments du "système de décharge du sépulcre de la pyramide de Khéops

 

     En fait il s'agissait d'une suite de plafonds séparés par un vide ayant une épaisseur de l'ordre du mètre. Voici l'allure schématique de l'ensemble, tel que l'a dessiné Georges Goyon dans son ouvrage :

 

Système de décharge de la pyramide de Khéops à cinq éléments, surmonté par des voussoirs

 


     Dans son ouvrage "Pyramides", Silotti fournit un schéma quelque peu différent :

 

 


     Voici la dernière cavité, surmontée par de monstrueux voussoirs.

 

 

La dernière chambre du système de décharge, surmontée par de puissants voussoirs

 

     Ci-après, les graffitis, probablement l'ouvrage de carriers, trouvés dans ces chambres et qui indiquent que le véritable nom de Khéops ( nom que lui avaient donné les Grecs ) était Koufou.

 



Les graffitis trouvés dans les vides de la structure de décharge. Source : livre de Silotti

 

     La chambre supérieure, surmontée par des voussoirs a été comme on peut le voir découverte en 1837. Dans son dessin Georges Goyon a évoqué le fait que la partie supportant tout le poids de la pyramide puisse être constituée non par une couche de voussoirs, mais par plusieurs, comme c'est en particulier le cas pour la pyramide de Téti, située près du complexe de Sakkarah.

 

 

Coupe de la pyramide de Téti, extraite de l'ouvrage de Siliotti
en rouge la direction indiquée par la rampe d'accès

 

     La hauteur initiale de la pyramide était de 55 mètres. De toute évidence les anciens Egyptiens avaient d'étonnantes connaissances en matière de résistance des matériaux. En effet le plafond à voussoirs a été dimensionné en conséquence. Il ne se serait pas agi en la matière de faire une erreur, faute de voir la masse de pierre écraser le sanctuaire.

     En fait, donc, on ne connait pas vraiment la façon dont les monolithes de 60-70 tonnes sont agencés dans ce système de décharge. Ce qu'on sait c'est ce que les pierres du plafond ne sont poliess que sur leurs faces inférieures, et nous avons vu comment ceci pouvait être obtenu par simple abrasion ( comme on surface les pierres lithographiques). En revanche une chose est sûre : plusieurs dalles du plafond sont fendues sur toute leur largeur. Je l'ai bien vérifié lors de mon avant-dernier voyage et en principe je dois avoir quelques photos des lieux. Une conclusion : si ces dalles si massives se sont fendues, ça n'est as à cause de la chaleur. On pense aussitôt à l'effet d'un séisme, phénomène que les Egyptiens connaissaient visiblement très bien (....) alors que les égyptologues ne se sont guère intéressés à cet aspect des choses. Mais comment, sans ces conditions ces dalles ne sont-elles pas tombées, écrasant sous leur poids le sarcophage de granit de Khéops ?

     Je pense que c'est parce que ces dalles sont "pincées" comme ci-après :

 

Schéma du système de décharge que je suggère

 


     Le poids colossal des pierres qui se situent au dessus de la salle sépulcrale appuie sur la structure en voussoirs, que j'ai figurée double mais qui, comme suggéré par Goyon pourrait être triple, voire comporter un nombre plus grand encore d'éléments ( voir le caractère quasiment monstrueux de la structure en voussoirs de l'entrée de la pyramide ). Ces voussoirs répercutent les efforts à la fois sur le système de décharge situé en dessous et latéralement. En dessous, les cinq éléments successifs du système de décharge pourraient être pris en étau, s'ils sont suffisamment encastrés dans la structure ( ce qui pourrait être vérifié in situ par sondage ). Ainsi, même fissurés il leur serait impossible de tomber. Un système démontrant la parfaite connaissance qu'avaient les Egyptiens de la violence des phénomènes sismiques survenant dans leur région.

     Les pharaons avaient donc tout prévu pour que leurs dépouilles mortelles soient bien à l'abri de tout ce qui pourrait survenir de fâcheux. Ils avaient tout prévu, sauf que leurs sépulcres puissent être violés de manière relativement rapide par les descendants de ceux-là même qui avaient conçu les systèmes sophistiqués destinés à les protéger.

     Avant de passer à la présentation d'une méthode de construction, qui exige de trouver comment les charges furent élevées et comment elles furent repérées et positionnées avec une précision inférieure au centimètres, montrons quelques photos assez étranges, que nous tenterons d'éclairer par la suite.

     Certains égyptologues s'interrogent encore sur la forme de la Grande Galerie, qui mène à la chambre sépulcrale. Elle mesure huit mètres de hauteur. Les blocs sont ajustés de manière incroyable, sur toutes leurs faces, avec une précision du dixième de millimètre. J'ai pu le vérifier de mes yeux. On ne pourrait même pas glisser une lame de rasoir.

 



La Grande Galerie ( source : livre de Silotti )


     C'est une structure typique "en encorbellement", qui rejoint la structure des chambres sépulcrales des pyramides de Snéfrou, à Dashour. Ci-après celle de Meidoum :

 



Chambre sépulcrale à encorbellements ( Meidoum )

 

     Dans la Grande Galerie on distingue les deux rampes métalliques qui ont été installées pour permettre aux visiteurs de s'accrocher le long de cette galerie en forte pente. En fait; la fonction de cette galerie était de servir de rail à un train de blocs de granit qui pendant toute la construction et jusqu'à achèvement de la pyramide reposent sur ces deux glissières. Ceux-ci étaient bloqués par des madriers se logeant dans des trous rectangulaires ( l'un est indiqué par la flèche blanche ). Au moment où les prêtres condamnaient le sanctuaire le système de blocage était retiré. Ce train de blocs-bouchons descendaient alors pour aller obturer totalement la galerie d'accès. J'avoue que je n'ai pas bien compris quel était le destin de ceux qui déclenchaient cette manoeuvre. Etaient-ils destinés à rester emprisonnés dans la pyramide ? Avaient-ils un moyen de s'échapper ?

     De nos jour il existe un boyau qui permet le passage d'un homme, visible dans ce schéma 3d de la structure interne de la pyramide.

 

Structure interne de la pyramide de Khéops ( schématique )

 

     Apparemment il n'y a pas trente six solutions. On ne peut pas mettre en place un système de protection aussi sophistiqué, où un train de blocs de granit descend s'encastrer sur des dizaines de mètres dans la galerie d'accès, pour ménager ensuite, comme certains le pensent une "galerie de visite", qu'on pourrait ensuite emprunter pour vérifier de temps à autre "que tout va bien". Cette galerie a été creusée par des pilleurs de tombes à une date inconnue. Pour forer à travers une telle masse une galerie aussi longue il leur fallait connaître parfaitement la disposition de la grande galerie pour tomber pile sur leur but et ne pas aller se perdre dans cette masse immense. Par la suite, si la tombe a été pillée et si la chambre sépulcrale contenait des trésors, tout aurait alors été redescendu par ce même boyau, en pièces détachées. Au passage les voleurs ont contourné les herses de granit en forant une autre galerie, preuve supplémentaire qu'ils connaissaient parfaitement les lieux. Au huitième siècle un sultan arabe, espérant trouver un trésor s'attaqua à cette grande pyramide. Pour se simplifier la vie il fit forer un tunnel à proximité de l'entrée dont on voit ici l'entrée.On peut supposer qu'avant d'entreprendre ce travail il avait envoyé ses gens repérer les lieux par ce mince boyau, et que ceux-ci étaient alors arrivés à la fois dans la "chambre de la reine" et dans la Grande Galerie.

 

Pyramide de Khéops. La galerie qu'empruntent les visiteurs, creusée par les Arabes

 

     Comme on ne voit pas comment ceux qui libéraient les blocs-bouchons auraient pu sortir il faut supposer, comme ces blocs ont été libérés et sont venus s'encastrer dans la galerie d'accès qu'ils ont payé ce geste de leur vie. A moins, ce qui n'a a priori rien d'impossible, que les ingénieurs aient prévu soit un système de déclenchement temporisé, soit un système ralentisseur, lors de la descente du train de blocs-bouchons. Il suffit par exemple que chaque bloc soit maintenu par une traverse de bois. Quand on enlève la première, le premier bloc prend sa course. Il heurte alors le second, entraînant dans ce choc le bris de la traverse qui le maintenait. Etc. Un tel système, qui peut être testé sur un modèle-réduit avant construction, ou sur le modèle à l'échelle 1/1 en se contentant d'assembler au sol les éléments concernés permettrait aux ouvriers de quitter la grande galerie avant que le train de blocs bouchons ne les empêchent d'emprunter la galerie de sortie. Evidemment, il ne faut pas traîner...

     Le sarcophage de Kheops fut trouvé brisé et vide.

 

Le sarcophage de Kheops

 

     Son verrouillage était assuré par un système auto-bloquant extrêmement astucieux, inspiré par les couvercles de nos antiques plumiers

 

 

Le système de verouillage automatique du sarcophage de Khéops

 

     Ce qui est étrange c'est qu'on ait jamais retrouvé quoi que ce soit, aucune trace évoquant le fait que cette tombe ait jamais été utilisée, alors que le système des blocs-bouchons a été actionné et que le couvercle du sarcophage a été bloqué ( sinon il n'aurait pas été nécessaire de le force pour inspecter son contenu ). Quand on mesure l'exiguïté de l'accès par le boyau qui, en principe était le seul accès jusqu'à ce ce que le sultan fasse forer au huitième siècle le couloir par lequel pénètrent actuellement les visiteurs on se demande, si la salle sépulcrale avait été emplie d'autant de richesses ( de provisions pour l'au-delà ) que ne l'était la tombe de Toutankhamon comment les voleurs auraient pu faire disparaître toute trace du contenu, jusqu'au dernier fragment de bois !

     A propos des fragments de bois j'ai lu ( je crois que c'était dans la salle sépulcrale de la pyramide Rouge, ou bien de la rhomboïdale que "les voleurs avaient brûlé les restes de mobilier funéraire". Cela semble indiquer que dans la tombe on aurait trouvé des restes de bois brûlé et des traces de fûmée sur les murs. Pourquoi brûler des restes de bois, sans valeur, dans la tombe ? On peut hasarder des tas d'explications, y compris de l'ordre d'une superstition.

     Il existe une autre explication. On sait que les tombeaux ont été violés à une date très reculées ( voir en fin de page des informations supplémentaires extraites d'un ouvrage Allemand récent, écrit par 33 égyptologues allemands et américains ). Que cette violation de sépulture soit considérée comme un sacrilège passible de lourdes peines au temps de l'Egypte pharaonique, ça se comprend. Voler devient alors un exploit. Mais après ?

     Après, ces sanctuaires profanés deviennent des monuments dénués de toute signification pour les bédoins, ouverts à tous les vents. Or vous imaginez, dans ces régions, le prix du bois. D'abord pour faire des meubles et des ustensiles. A partir du moment où se risquer dans une tombe ne présente plus un risque considérable tout ce qui était utilisable a été récupéré, ou ... brûlé, si ces panneaux de bois avaient été brisés. Tout, bois ou pièce de métal, clou. Qu'est-ce que vous faites quand vous êtes bédoin et que vous décidez d'effectuer un voyage sur le chemin duquel se trouvent une tombe ? Vous emmener votre bois avec vous ou est-ce que vous ne prévoyez pas d'aller faire le point, en vous éclairant à l'aide d'une chandelle, dans ces tombes, si riche en bois bien sec ?

     Le nettoyage des tombes pourrait être lié à 20 siècles de corvées de bois.

     Ceci vaut pour la pyramide de Kheops, dont l'accès est toujours resté problématique, jusqu'à ce que le Calife ne décide de percer une galerie. Mais après, pendant tous ces siècles qui ont suivi, qui a surveillé l'entrée d'un monument "impie", où il n'y avait rien de spécialement intéressant ? Ne pas oubliefr qu'en Egypte le bois est rare, y compris pour ... faire sa cuisine.

     Prenez pas exemple les pyramides de Dashour, vidées de leurs trésoirs depuis la nuit des temps. Aujourd'hui des grilles empêchent les touristes d'y pénétrer à keur guise. Mais avant ? C'était ouvert à tout le monde. Mettez vous à la place du bédoin qui voyage et qui, le soir, veut se faire du feu. Il doit emmener son bois sur son chameau. A moins qu'il ne fasse halte près de ces étranges bâtiments, à l'intérieur desquels se trouve du bois qui brûle si bien. Et cela pendant vingt siècles.

     J'ai lu à propos de la pyramide de Mykérinos que les premiers européens qui y étaient descendus avaient trouvé une momie qui, après, avait disparu.

     Revenons à la pyramide de Khéops. Celui-ci aurait-il poussé le vice jusqu'à attirer les pilleurs vers une "fausse tombe", en cachant ailleurs sa propre dépouille. Ca n'est pas impossible, quand on considère par exemple l'ingéniosité du système d'auto-verrouillage du sarcophage. Il faut ajouter que pour qui ne connaissait pas les plans exacts de la pyramide, en se frayant un passage en contournant les blocs-bouchons les voleurs, pouvaient atterrir dans "la chambre de la Reine", vide, ou emplie de leurres et croire qu'il s'agissait là de la vraie tombe. Y aurait-il une autre salle, secrète, à l'intérieur de la pyramide, qui abriterait la momie de Khéops ? Certains le pensent. Nous développerons plus loin une hypothèse quant à sa possible localisation. Une tombe qui n'aurait pas nécessité d'aménagements sophistiqués et dont la "porte" se serait "refermée tout naturellement" et à laquelle, si ce dernier sanctuaire existe, on pourrait avoir accès sans même avoir à creuse la pierre.

     Les blocs de la Grande Galerie, qui ont une hauteur d'un mètre et pèsent chacun dans les vingt tonnes sont décalés, à chaque encorbellement de 8 centimètres. Ceci peut sembler être une façon primitive de négocier une voûte, mais c'est antisismique en diable. Les Egyptiens ont toujours connu la voûte classique mais se garder bien d'employer cette technique pour des constructions qui étaient conçues pour défier le temps, et qui auraient été mise à bas au premier séisme venu. Ci-après (livre de Silotti) les plafonds voûtés des magasins du Ramasseum

 



Plafonds voûtés des magasins su Ramasseum ( en brique crue )

 

     On trouve sur le site de Giseh d'étranges pierres triangulaires, en très grand nombre, qui ne peuvent avoir aucune fonctionnalité tant au plan structural que pour constituer un revêtement, car elles dégringoleraient à la première secousse.

 

Pierres triangulaires, sagement rangées au pied des pyramides de Giseh

 

 

Dimensions de ces pierres, typiquement : de 60 à 90 cm pour les côtés adjacents à l'angle droit

 

 

Encore ces pierres triangulaires. Il y en a partout.

 

     Voici maintenant une photographie montrant la partie sommitale de la pyramide de Khéops : une pierre carrée prise entre quatre pierres disposées selon une spirale.

 


Partie sommitale de la pyramide de Khéops

 

     Autre constatation : les chambres sépulcrales de la pyramide de Khéops ne sont pas situées au dessus de l'axe de la pyramide.

 

Localisation des salles sépulcrales de la pyramide de Khéops par rapport à l'axe de la pyramide ( source : livre de G.Goyon )

 


Même chose pour la pyramide de Kephren :

 

Vue en plan et élévation de la pyramide de Kephren
Source de l'image : ouvrage d'A.Siliotti

 

     L'axe tombe également à côté de la chambre, assez haute, dont le plafond à voussoir émerge hors de la surface du sol. On retrouve le schéma évoqué plus haut : la chambre "d'urgence" en e.

Passons à la pyramide de Mykérinos. Cette fois on trouve une chambre disposée pile sur l'axe.

 

Pyramide de Mykérinos, vue en plan

 

     Il est facile de voir où je veux en venir. Les constructeurs auraient-ils eu besoin de conserver un puits central pour effectuer une visée avec un fil à plomb, d'un repère situé au sol. Cela collerait avec le désaxement des chambres pour les deux dernières pyramides. Pour celle-là c'est différent : les chambres funéraires sont toutes souterraines.


Pyramide de Mykérinos : élévation

 

     En e c'est la chambre sépulcrale primitive. Les égyptologue pensent à " une extension de la pyramide vers le nord " (vers la droite dans la figure). Non. On a simplement décidé de passer de cette tombe n°1 à une tombe plus complexe, surmontée par une pyramide. Il a été trouvé plus simple de créer les salles sépulcrales supplémentaires au voisinage de la salle primitive. On a cependant créé un autre accès à cet ensemble et l'ancienne galerie s'est trouvée déboucher dans la masse. Quant à ces accès en pente, il semble qu'ils apparaîssent comme une nécessité d'ordre religieu. Le fait de pointer vers le ciel ( même fonction pour les "canaux d'aération" ? )

     Coup d'oeil à la Rouge de Snefrou et à ses chambres internes. Sources : livre de Siliotti.

 



 

     La disposition des chambres en deux niveau ( très différents. Il faut sacrément grimper, sur une échelle, pour atteindre la troisième ) évoque comme pour Khéops une construction en deux temps ( sinon pourquoi ces deux niveaux ? ).

     Hypothèse :

     Snéfrou commence par lancer un projet de pyramide à deux chambres. Dans la 2° son sarcophage, dans la première le mobilier funéraire. La pyramide est plus petite. L'ouverture est sur le côté, en hauteur, pour que la galerie ( dont on remarquera au passage qu'elle a la même allure que les "galeries d'aération" de Khéops ) pointe "vers le bon endroit du ciel". C'est la rampe de lancement pour le Ba du Pharaon, à l'assaut des étoiles, avec la bonne pente.

 

 


     Mais, arrivé à ce stade de la construction il estime qu'un trois pièces, c'est mieux. Ses architectes démarrent donc une troisième chambre, la d, dont la base se situe au niveau où on décide de ce changement de plan.

     Il faut quand même rester compatoible avec le système (hypothétique) de repérage de cette pyramide : le puits central, ménagé selon l'axe. Snefrou décide donc de passer à un projet plus ambitieux, mais en conservant ce même système de repérage des positions.

     Comme il serait impossible de creuser une tombe souterraine pour conserver le bon angle de la "rampe de lancement du bâ" il se contente de prolonger celle qui existe déjà, ce qui fait que l'entrée de la pyramide, qui fait plus de 100 mètres de hauteur ( 220 mètres de côté, ce qui en fait la 3° en dimensions, après celles de Khéops et de Kephren ) se situera à une hauteur autour de trente mètres.


     Passons à la rhomboïdale :

Pyramide rhomboïdale. Disposition des chambres sépulcrales ( source : livre de Siliotti )


     Là, il existe une chambre souterraine, vraisemblablement la plus ancienne, disposée à une profondeur suffisante pour avoir "le bon angle d'éjection de l'âme du pharaon". Sur la vue en plan il semble bien qu'encore une fois l'axe de la pyramide ne passe pas au milieu d'une chambre funéraire.

 

Meïdoum. Emplacement de la chambre sépulcrale. Source : livre de Siliotti

 

     Si on se fie aux plans reproduits par Siliotti dans son livre, l'axe de la pyramide ne passe encore une fois pas au travers de la chambre sépulcrale, ni d'un couloir, ce qui milite en faveur de l'existence d'un puits central, comblé en fin de travaux, destinés à fournir un repérage centimétrique de l'axe à l'aide d'un simple fil à plomb.

     Enfin, pour clore ce chapitre, un étrange assemblage de moellons, sur le flanc de la pyramide de Képhren, à cinq ou six mètres de hauteur, dont je n'ai pu connaître l'âge et qui évoque une entrée latérale occultée, laquelle permettrait par exemple d'amener de l'aur frais à l'ouvrier qui, en bas du puits vertical disposé selon l'axe vérifie que le fil à plomba manoeuvré par l'archirecte, x dizaines de mètres plus haut tombe bien"pile sur la croix".

 

 

    

 

     L'année suivante j'ai pu photographie un assemblage identique sur le flanc de la pyramide de Khéops, à une hauteur similaire : à quelques mètres du sol.

 


     Quand on visite les tombes pharaoniques ont est tenté de se dire " mais où est passé le contenu ? "

     Il y a plusieurs réponses possibles. Certaines tombes ont été trouvées inviolées, comme celle de Toutankhamon, auquel cas le contenu est au Musée du Caire.

     Il arrive que des sépultures soient retrouvées intactes, comme celle princesses It et Khnoumi, à l'ouest de la "pyramide blance" d'Amenemhat II. Même destin.

     Mais quel a été le devenir des fabuleux contenus des tombes de Seti premier, Ramsès II ,Touthmisis III etc ?

     On sait qu'en 1881 la confession d'un vieux pilleur de tombes, Ahmed Abd el-Rassoul a permis de conduire le préposé du service des antiquités de l'époque vers un puits vertical, suivi d'un couloir de 70 mètres donnant accès à une chambre. Là celui-ci trouva quarante cercueils contenant des momies ainsi que quelques accessoires funérarires, dont ces oushebtis, poupées qui sont censées représenter des serviteurs, destinés à aider le pharaon dans l'au-delà. Des objets d'une valeur très moyenne. Nombre de momies avaient été réemaillotées dans des bandelettes, après avoir été dépouillées de leurs précieuses amulettes, qui normalement auraient du consteller leur corps. Maspéro, directeur du service, était absent lors de cette découverte. Quand il revint il émit une thèse qui fit autorité pendant des décennies. Selon lui les membres du clergé de la XXI° dynastie avaient voulu sauver les restes de ces personnages illustres d'une complète dégradation, après que leurs tombes eussent été visitées par des pillards.

     Ces pillages ont eu lieu, certes. On possède des procès verbaux datant de 1110 av JC contenant les aveux de voleurs. Le papyrus Mayer B ( Liverpool ) fournit une liste détaillée d'objets en précisant que les cinq voleurs s'étaient partagés près de cinquante kilos de métal.

     Mais aujourd'hui des archéologues pensent que l'essentiel du pillage des trésors n'aurait pas été imputable à des voleurs mais au clergé ! Au cours du règne de Ramsès XI il y eut tant de troubles en Egypte que les prêtres d'Amon finirent pas récupérer le pouvoir dans la région de Thèbes, donc dans toute la région de la vallée des rois et des reines. Dans l'ouvrage allemand déjà cité Matthias Seidel, du Hildesheim Pelizaeus Museum écrit que les prêtres devaient mener une lutte incessante contre les troupes du vice-roi de Koush et que, pour ce faire, on procéda au pillage complet des tombes les plus riches. Ces pays de Koush représente le sud de l'Egypte, à l'orée de la Nubie. A certaines périodes le pouvoir passa entre les mains de ces pharaons du sud, négroïdes. Pour financer de tels conflits il fallait ... de l'or, le nerf de la guerre. Face à l'urgence, à la nécessité de payer des mercenaires et de financer une industrie de guerre à la hauteur des enjeux les prêtres du nord n'hésitèrent pas à dépouiller les anciens pharaons de leurs trésors. Seidel estime que ce pillage fut organisé et que rares furent les tombes contenant des trésors qui échappèrent à cette "taxation" à cette époque. Au lieu de mettre pieusement à l'abri ces reliques de leurs rois les prêtres les collèrent dans une "fosse commune", avec un matériel rituel minimal, le kit de survie post mortem. .

     Imaginez Ramsès II parachuté dans l'au-delà, sans ses précieuses viscères, perdues en route, avec une tente de camping, un couteau de scout, une lampe torche et une boussole.



Galerie d'accès, canal de ventilation ou ... système de pointage ?

Ci-après j'ai regroupé toutes les vues en coupe que j'ai pu trouver.



     Ces angles sont approximatifs, schématiques. il conviendrait de faire l'objet de mesures plus précises. Dans un même livre on peut trouver deux vues en coupe où les angles des escaliers d'accès sont différents. On peut évidemment dire qu'un escalier, c'est un escalier, et qu'il est normal de retrouver des pentes voisines. Certes. Mais quand on s'est déjà enfoncé dans ces étroits couloirs qui plongent au cœur des pyralides, comme la Rhomboïdale ou la Rouge, on imagine des Égyptiens On pourrait penser que cette disposition, qui souvent amène l'entrée de la pyramide en pleine paroi ( Meïdoum, la Rouge ) permet de mieux cacher l'accès. Mais ça n'est pas le cas pour d'autres pyramides, comme pratiquement la rhomboïdale et Képhren. Aux variations d'angles près il semble que dans le cas de ces treize pyramides l'escalier d'accès, qui s'ouvre toujours au nord, désigne une région du ciel.

     De nombreux ésotéristes ont cherché à dégager moult significations de l'étude numérologique de la pyramide de Khéops. Il est possible que ceci ait rendu les égyptologiques allergiques aux études comparatives de mesures qui pouvaient être effectuées sur les différentes pyramides, de peur de susciter de nouvelles flambées de ce qu'ils considéraient comme de la non-science. Il en est de même pour la réputation exécrable du nombre d'or. Dans cette attitude il faut lire l'aversion des scientifiques pour tout ce qui pourrait apporter de l'eau au moulin du "divin".

 

 


 

 

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